Les restes mortels des seize victimes des incidents sociaux de 1984, découverts en 2008 dans la caserne de la protection civile de Nador, ont été réinhumés, vendredi, au cimetière de la ville, en présence des familles des victimes. La cérémonie d'inhumation s'est déroulée en présence d'une délégation du Conseil Consultatif pour les Droits de l'Homme (CCDH), conduite par M. Ahmed Herzenni, président du CCDH, du gouverneur de la province de Nador, M. Abdelouafi Laftit, du procureur général du Roi près la Cour d'appel à Nador, des autorités locales et des représentants du ministère des Habous et des affaires islamiques. Après la prière du mort et dans un climat de piété et de recueillement, les familles ont enterré leurs défunts poussant enfin un ouf de soulagement, après 26 ans d'attente, marquées par des efforts soutenus pour que les défunts soient identifiés et inhumés dignement. Dans des déclarations à la presse, des membres des familles des défunts ont souligné la grande portée et la signification du moment, notant qu'elles connaissent aujourd'hui le sort de leurs proches et qu'elles peuvent se recueillir sur leurs tombes. L'initiative du CCDH de réinhumer les restes des victimes des événements douloureux de 1984 relève du devoir humain, moral, social et religieux pour la réhabilitation de ces victimes, a indiqué M. Herzenni dans une déclaration à la presse, ajoutant que les défunts identifiés par le biais de l'analyse génétique reposeront désormais dignement dans des tombes individuelles. " Nous sommes aujourd'hui en train de tourner une des pages des violations des droits de l'homme les plus douloureuses ", a fait savoir M. Herzenni, avant de préciser que le dossier des victimes des événements de 1984 à Nador est " totalement clos " à l'issue d'un processus d'identification des défunts et de réconciliation avec les familles menée selon les normes en vigueur à l'échelle internationale. Les familles sont appelées à oublier ce qui s'est passé et à pardonner tout en se mobilisant pour que de telles violations ne se reproduisent plus, a-t-il relevé. Une cérémonie religieuse a été organisée à cette occasion, au cours de laquelle des cartes de couverture médicale ont été remises aux ayants-droits des victimes. La découverte fortuite des ossements des victimes des événements de 1984 remonte au 28 avril 2008 alors que des ouvriers procédaient à des excavations dans la caserne de la protection civile. Après avoir informé les autorités locales et obtenu l'autorisation du parquet général pour l'exhumation des restes mortels, comme il est d'usage dans ce genre de situation, une délégation du CCDH, conduite par M. Herzenni, comprenant un médecin légiste de l'hôpital Ibn Rochd s'était déplacée à Nador pour superviser l'opération d'exhumation. Cette mission s'inscrit dans le cadre du suivi qu'assure le CCDH dans la mise en oeuvre des recommandations de l'Instance Equité et Réconciliation (IER), notamment celles relatives au parachèvement des recherches sur le sort des personnes portées disparues. Le procureur général du Roi près la Cour d'appel à Nador avait ordonné une enquête à ce sujet avant de décider l'exhumation, sous supervision du CCDH, des restes mortels pour analyses génétiques et identification des victimes. Le parquet général et le CCDH avaient publié des communiqués pour informer l'opinion publique des résultats et des démarches suivies dans ce cadre ainsi que des développements du dossier. Sur la base des résultats préliminaires obtenus, qui ont confirmé le rapport des ossements mis en évidence avec les évènements douloureux de 1984, le CCDH s'était lancé, en coordination avec l'équipe de médecins légistes et le procureur général du Roi, dans les démarches requises pour fixer l'identité des défunts. Le conseil avait, de même, pris contact avec les familles des victimes et les représentants de la société civile pour les informer de ces résultats, au moment où l'équipe des légistes s'affairaient à classifier les ossements selon les techniques scientifiques en vigueur avant l'envoi d'échantillons au laboratoire français de génétiques, le 20 avril 2009. A rappeler que des restes d'êtres humains avaient été découverts fin 2005, dans une caserne des sapeurs pompiers à Casablanca, qui furent exhumés puis réinhumés, sous la supervision du CCDH. Dans un point de presse tenu, jeudi à Rabat, pour la présentation du rapport sur le suivi de la mise en oeuvre des recommandations de l'Instance Equité et Réconciliation (IER), Le CCDH a indiqué avoir procédé à l'exhumation de 182 corps et recouru à l'analyse génétique pour fixer l'identité des victimes et établir la vérité.