La migration et le développement sont des processus interdépendants dans un univers mondialisé et les pays des régions maghrébines et subsahariennes ont tout à gagner en pensant le développement en fonction du facteur migration ou diaspora, ont souligné, jeudi à Oujda, les participants à un colloque international. La migration et le développement ont eu, conjointement ou indépendamment, un rôle décisif pour l'avancement de la civilisation et ont influencé l'évolution des Etats, des sociétés, des économies et des institutions, ont indiqué les intervenants à l'ouverture de ce colloque organisé sur la "Migration et développement maghrébines et subsahariennes" par le Centre de d'études des mouvements migratoires maghrébins (CEMMM), qui relève de l'Université Mohammed Premier (UMP) d'Oujda. Notant que la migration est de plus en plus temporaire et circulaire, le président de l'UMP d'Oujda, M. Mohamed El Farissi, a fait remarquer que les paysages géopolitiques et les économies, de même que "l'économie du savoir" évoluent et "modifient fondamentalement les processus migratoires et la mondialisation en entraînant l'apparition de nouveau modes de pensées et de nouvelles stratégies de développement". Au plan international, a-t-il dit, on insiste désormais moins sur les effets négatifs de la migration et davantage sur son apport potentiel pour rende le développement durable et réduire la pauvreté, notant que les spécialistes insistent de plus en plus sur le fait que les partenaires du développement économique doivent repenser le sens de la migration pour le développement socio-économiques, tant du pays d'origine que du pays d'accueil. Ce colloque, de deux jours qui réunit des spécialistes marocains et étrangers, a ajouté M. El Farissi, constitue une occasion afin de diagnostiquer, reprendre les connaissances établies aujourd'hui sur le lien entre développement et migration, en débattre et proposer les conclusions opérationnelles nécessaires. Rappelant la création en 1994 par l'UMP d'Oujda d'un centre complètement dédié à l'étude des flux migratoires, il a fait savoir que ledit centre a été restructuré en 2005 pour en faire une plateforme de recherche sur le phénomène de l'émigration, dont les missions fondamentales sont "la veille informationnelle pour suivre de près les tendances et les priorités internationales dans ce domaine". De son côté, M. Mohamed Lagssyer, responsable du CEMMM et membre du comité d'organisation de cette rencontre scientifique, a estimé que la volonté de lier les migrations au développement est certainement d'un grand intérêt même si elle ne dispense pas pour autant d'une réflexion sur la nature des politiques de développement, d'immigration et de coopération. Une telle approche liant la problématique des migrations et celle du développement, a-t-il estimé, peut s'appuyer d'abord sur "la revendication des immigrés à être reconnus comme des acteurs de développement", relevant que l'accent peut être mis en outre sur "le développement local, la décentralisation et la montée des pouvoirs locaux, l'intervention des associations des migrants, les pratiques de coopération décentralisée et les pratiques de partenariats de solidarité internationale". Une politique de codéveloppement liée aux flux migratoires pourrait être susceptible de renforcer le développement local à travers la coopération décentralisée, a-t-il dit, faisant savoir que toutes les formes de migrations intra et extracontinentales seront abordées lors ce colloque afin d'avoir une vision globale de leur rapport avec le développement des régions maghrébines et subsahariennes. Pour sa part, M. Taoufiq Boudchiche, directeur du pôle coopération internationale et promotion économique à l'Agence de développement de l'Oriental, a rappelé que près de 30 pc des Marocains résidents à l'étranger sont originaires de la région de l'Oriental. Mettant l'accent sur le volume important des transferts financiers effectués par la diaspora marocaine originaire de cette région, M. Boudchine a souligné le rôle que peuvent jouer les MRE dans le développement local. Les débats et les interventions lors de ce colloque seront articulés autour de cinq axes principaux, à savoir "la relation entre les migrations et le développement des pays du sud de la méditerranée", "la problématique des transferts des revenus et des compétences", "les expériences de développement local", "les aspects historiques et socioculturels liés aux migrations" et "la problématique du genre et des droits des migrants". Le colloque est organisé en partenariat avec la Fondation Hassan II pour les Marocains résidant à l'étranger, l'Agence de développement de l'Oriental et Fondation Friedrich Naumann.