Le Maroc déploie des efforts "colossaux" en matière de valorisation des ressources naturelles des régions du Sud, a affirmé le Haut Commissaire aux Eaux et Forêts et à la Lutte contre la Désertification (HCEFLD), M. Abdeladim Lhafi. Propos recueillis par : Soumia AL ARKOUBI Dans une interview accordée à la MAP, M. Lhafi a mis en exergue les efforts fournis par le HCEFLD à travers son plan décennal 2005-2014 de conservation, de développement et de valorisation des ressources naturelles dans les trois régions du Sud (Laâyoune-Boujdour-Sakia Al Hamra, Guelmim-Smara et Oued Eddahab-Lagouira). Le Haut commissariat, en charge particulièrement de la restauration de l'équilibre des écosystèmes sahariens, intervient pour "aider l'écosystème à se reconstituer", à travers la replantation, la réhabilitation des animaux, la fixation des dunes ou encore la protection des agglomérations urbaines. +RICHESSE DES ECOSYSTEMES SAHARIENS+ Les écosystèmes des provinces du Sud sont riches d'espèces végétales, notamment l'Acacia raddiana, caractérisée par une grande plasticité écologique, et d'un certain nombre d'arbustes et de plantes qui, en dehors des fonctions médicinales et du pâturage, jouent un "rôle majeur dans la fixation des sols", a-t-il indiqué. A part ces espèces végétales, les écosystèmes sahariens disposent d'une faune diversifiée, qu'il s'agisse de mammifères, d'oiseaux ou de reptiles, a-t-il précisé. +LE PROGRAMME DE LUTTE CONTRE L'ENSABLEMENT : UN CHANTIER STRUCTURANT DE SAUVEGARDE DES RESSOURCES NATURELLES+ Le programme de lutte contre l'ensablement, l'un des axes du plan décennal du HCEFLD, a pour objectifs de protéger les infrastructures et de stabiliser les dunes par leur végétalisation. "Nous intervenons dans les zones émettrices de sables qui influent sur l'état des infrastructures", a dit le Haut commissaire aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification. Le plan du HCEFLD consiste à identifier ces zones et à procéder à une fixation mécanique, qui "permet de faire une forme de quadrillage et de constituer des obstacles contre la migration du sable, et à la replantation de certaines espèces pour prendre le relais de cette fixation", a-t-il expliqué. Il a précisé, dans ce cadre, que la fixation se fait principalement avec des boutures de tamaris, une espèce "très adaptée à ce genre d'opérations", soulignant que "des expériences réussies" ont été menées notamment à Fam Louad (dans la zone de Laâyoune). La fixation peut se faire par reboisement, souvent sous forme de ceinture verte, a ajouté M. Lhafi, citant l'exemple de la "belle ceinture" de Dakhla qui joue aussi un rôle de récréation. +LES ESPACES VERTS : RECREATION ET INCITATION A L'EDUCATION ENVIRONNEMENTALE+ La création des espaces verts, un deuxième axe stratégique du plan du HCEFLD, vise la lutte contre l'ensablement, l'embellissement des villes, la récréation et l'adoucissement de l'air au sein des agglomérations. M. Lhafi a cité, dans ce contexte, la réalisation des forêts urbaines et périurbaines qui sont "gérées différemment des forêts normales". Ces forêts répondent à "l'affluence importante des populations surtout lors de la belle saison (printemps) et pendant les weekends", en offrant des infrastructures importantes et des services de qualité (toilettes, poubelle, eau potable, aires de jeux, parking), a-t-il indiqué. Ces forêts constituent également "un espace où se forgent la conscience environnementale et le double engagement du citoyen, celui de l'utilisation de l'espace et de la responsabilité de le préserver", a-t-il ajouté. +LOI SUR LES AIRES PROTEGEES : UN ACQUIS FONDAMENTAL EN MATIERE DE TERMINOLOGIE+ La régénération des espèces autochtones n'est que la reconstitution de l'écosystème saharien équilibré par des espèces adaptées aux conditions climatiques et au stress hydrique. Le Haut commissaire a qualifié la loi sur les aires protégées, qui vient d'être adoptée, d'"acquis fondamental qui nous permet de travailler avec un dispositif moderne au niveau du lexique et de la terminologie", soulignant que ce texte législatif "engage tous les partenaires". Le HCEFLD a élaboré un schéma directeur des aires protégées qui a permis d'identifier techniquement (localisation géographique, fragilité,à) les Sites d'intérêt biologique et écologique (SIBE) couvrant 2,5 millions ha au niveau national. Il a fait état de la présence de 15 SIBE et de 3 parcs nationaux dans les régions du Sud, rappelant, dans ce contexte, l'opération de replantation au parc de Souss Massa Draâ, de certaines espèces "qui avaient pratiquement disparu comme l'addax, l'oryx, la gazelle dama et les autruches à cou rouge". La station d'acclimatation Safia dans la province d'Aousserd (environ 300 km au sud-est de Dakhla) a connu, en juin dernier, le lâcher de ces espèces sahariennes ayant disparu au Maroc. "Ces espèces commencent à se comporter d'une façon adaptée à leur biotope" et "pour la première fois nous venons de mettre en place à Safia les autruches à cou rouge, une espèce disparue dans le monde", a-t-il précisé. "A Mssissi, nous avons prélevé des gazelles et des addax que nous avons relâchés à Errachidia sur une superficie de 15.000 ha et qui se comportent d'une façon adaptée à ces zones", a-t-il ajouté. +LA SENSIBILISATION AU MENU+ En ce qui concerne la sensibilisation des populations à l'importance de leurs ressources naturelles, le responsable a fait état de la conclusion de conventions de partenariat avec les communes et les régions. Il a cité également des conventions signées avec le ministère de l'Education nationale pour "injecter l'élément écologique et environnemental", à travers des programmes de végétalisation et de reboisement réalisés avec les élèves en vue de "familiariser l'enfant depuis son jeune âge à la vie et au respect de la vie". Une convention a été signée aussi avec le ministère de la Jeunesse et des Sports afin d'encadrer les jeunes bénéficiant du programme "Vacances pour tous", dès leur arrivée au camping, leur apprendre "comment se comporter avec la nature et comment respecter leur environnement". Le HCEFLD a édité un guide méthodologique pratique à l'usage des gestionnaires des aires protégées et de leurs partenaires.