Si les 16èmes Championnats du monde juniors de judo (-20 ans), qui se sont déroulés à Agadir (21-24 octobre), ont réussi remarquablement le challenge de placer la Perle du sud du Royaume au centre du judo mondial, ils ont dévoilé, en revanche, une certaine carence technique chez les judokas marocains. (Envoyé Spécial: Rachid Maboudi). En effet, lors de cette compétition, où quatre jours durant, le monde a suivi de près les futurs champions de ce sport, les 29 judokas marocains engagés (15 garçons et 14 filles) n'ont pas pu faire face à leurs adversaires, bien supérieurs techniquement. La leçon principale à tirer de cette expérience est que l'enseignement méthodique du judo, notamment au sein des clubs, est sans nul doute la clé de la performance et de l'excellence sportive. +PRESTATION EN DECA DES ESPERANCES DES JUDOKAS MAROCAINS+ La prestation des nationaux a été très décevante, avec l'absence des 29 nationaux des phases avancées de ce championnat. "On tablait sur une bonne apparition lors de ces championnats, mais nos judokas, peu aguerris aux compétitions internationales, n'ont pas trouvé de solutions pour signer de bonnes performances", a regretté, dans une déclaration à la MAP, le président de la Fédération royale marocaine de judo (FRMJ), M. Touhami Chniouer. Même son de cloche chez le Directeur technique national, M. El Arabi El Jamali, qui attribue cette mauvaise prestation au "manque d'expérience des judokas marocains" "Nos judokas ont croisé le fer avec des adversaires de taille, bien préparés à participer aux grandes manifestations du judo partout dans le monde", a-t-il dit. Cette expérience, aussi douloureuse soit-elle pour les jeunes judokas marocains, peut être bénéfique dans la mesure où elle met le judo national face à face avec ses lacunes et donne aux responsables de ce sport un repère de référence pour les combler. Ainsi, la question qui se pose est : "où en sont les judokas marocains du profil du vrai champion?", a-t-il indiqué. "Un jeune judoka de moins de 20 ans doit avoir au moins 9 ans de pratique en termes de durée et qualité de formation", a relevé le directeur sportif de l'Union africaine de judo, le Libyen Ahmed Nabil Taher Elalem. "Scientifiquement parlant, un judoka désireux d'atteindre un niveau mondial (champion du monde ou olympique) a besoin de 10.000 heures d'entrainement en total, soit 6h par jour", explique M. Elalem, notant qu'"en judo, il est difficile de se maintenir en tête et de garder sa couronne. Les champions changent toujours". Et de s'interroger "comment les judokas marocains engagés dans ces joutes se sont préparés à affronter les représentants d'écoles pionnières du judo mondial?. "A part un stage de 10 jours effectué du 20 au 30 septembre dernier en Algérie, nos judokas n'ont pas bénéficié d'un programme de préparation à la hauteur de ces joutes mondiales, qui nécessitent un entraînement régulier et de haut niveau", confie El Jamali. +LA PREPARATION DE JUDOKAS DE HAUT NIVEAU, UN PRE-REQUIS POUR L'EXCELLENCE + Les judokas doivent être armés en outils et techniques à même de leur permettre de tenir tête à de grosses pointures et résoudre toutes les équations qui se posent au moment du combat. Les judokas japonais, brésiliens ou kazakhs, par exemple, sont certes du même âge que leurs homologues marocains, mais sont déjà chevronnés dans l'art et la pratique et arrivent toujours à trouver des solutions pour vaincre, grâce notamment au grand arsenal technique dont ils disposent. "Au Maroc, il n'existe pas une vraie politique de formation des sportifs de haut niveau ", indique M. Chniouer, ajoutant qu'"avec l'entrée en vigueur effective du programme sport-étude, nous allons sûrement rattraper notre retard dans ce domaine". "Ce programme, poursuit-il, demeure la seule solution à même de nous permettre de former des judokas de niveau international qui peuvent monter sur la plus haute marche du podium". De son côté, le Directeur technique national souligne qu'"il faut élargir la base des pratiquants de cet art martial, faire transmettre ses messages aux jeunes générations et l'inclure dans les écoles, d'autant qu'il est un sport olympique qui pourrait nous offrir plusieurs médailles lors des prochains JO". + LES MONDIAUX D'AGADIR SERONT-ILS LE POINT D'UN BON DEPART ?+ Outre qu'ils contribuent à la promotion de l'image de marque du Maroc sur les plans sportif et touristique, grâce notamment à la retransmission TV, ces Mondiaux, qui ont réuni le nombre record de 596 participants (352 garçons et 244 filles) représentant 78 pays, on constitué un sérieux test pour la capacité du judo marocain, engagé dans le projet plus général de mise à niveau du sport national, à aller loin dans les échéances continentales et internationales et défendre comme il se doit les couleurs nationales. Il s'agit également du défi de promouvoir ce sport parmi les jeunes et élargir sa base de pratiquants, notamment dans les pays émergents. "Pour promouvoir le judo, il est nécessaire de donner l'opportunité aux pays émergents d'organiser de telles compétitions, de manière à ce que les pays où le judo se développe soient de plus en plus nombreux", estime le directeur des projets de la Fédération internationale de judo (IJF), le Français Jean Luc Rouge. Cette politique s'avère nécessaire, surtout que les pays arabes et africains ont montré leur limite dans ce sport. En effet, en plus de l'absence de nombreux pays africains pour des raisons financières, le bloc arabo-africain réuni n'a pu engranger qu'une seule médaille de bronze, par le biais de la championne d'Afrique en titre, l'Algérienne Sonia Assellah, chez les +78 kgà un bilan qui donne à réfléchir.