Les bijoux berbères du Maroc et ceux de Miao de Chine (province de Guizhou) sont des créations artistiques d'une grande valeur esthétique et pécuniaire qui recèlent un message que seuls les avertis peuvent décrypter. Par : Hassan Saoudi Le bijou n'est pas uniquement un ornement pour les femmes mais il constitue plutôt un reflet des civilisations et des cultures passées et présentes. C'est le message que l'exposition "bijoux croisés entre les berbères du Maroc et les Miao de Chine", ouverte récemment à Rabat, veut transmettre. Organisée par l'Association Femme action, cette exposition dont l'ouverture s'est déroulée en présence du président du Conseil consultatif des droits de l'Homme et de l'ambassadeur de la Chine à Rabat, dévoile les points communs entre les cultures marocaine et chinoise à travers les bijoux. Selon Mme Zhor Rachiq, président de cette association, l'exposition ouvre "un véritable dialogue interculturel qui permet d'aller à la rencontre de l'autre, apprécier sa diversité (à) et saisir l'intime unicité d'inspiration chez les artisans d'ici et de là bas". L'exposition, organisée dans la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc jusqu'au début octobre, est un dialogue culturel Orient-Occident qui réduit les distances géographiques en vue de faire connaître les coutumes et les traditions des deux pays et mettre en valeur les talents des deux peuples ainsi que les couleurs et les formes employées au quotidien. Dans une déclaration à la MAP, Mme Amina Cherti, membre de l'Association Femme action a relevé l'existence de similitudes entre les bijoux berbères et de Miao. Outre leur fonction ornementale, la bijouterie consacre l'identité et prouve la place occupée par l'individu au sein de la société, a-t-elle souligné. Les bijoutiers berbères et de Miao adoptent les mêmes techniques de fabrication sauf que l'or est pratiquement absent du bijou traditionnel des Miao qui préfèrent l'éclat de l'argent pur. Les berbères, par contre, recourent fréquemment à l'argent mélangé avec le cuivre blanc et aux verreries, pierres de terre cuite enduites de teintes végétales, des émaux, du corail et de l'ambre pour donner de la consistance à certaines pièces. "Les formes géométriques les plus usuelles sont le carré, le cercle, le triangle, la spirale, les étoiles à six et huit branches", a indiqué Mme Cherti, précisant que l'origine de l'étoile à huit branches remonte à la légende du sceau de Salomon chez les berbères tandis que les Miao soutiennent que chaque sommet de l'étoile représente l'une des huit directions cosmiques. "Ce n'est pas l'aspect esthétique seul qui inspire l'artisan artiste, c'est aussi et surtout la signification symbolique qu'il entend attacher à l'objet qui détermine le plus souvent son choix", a-t-elle souligné. "La croyance est largement partagée par les berbères et les Miao que la matière d'un bijou, sa composition et les motifs décoratifs qui lui sont attribués confèrent forcément au bijou une charge mystique: bonheur, prospérité, longévité, protection contre le mauvais œil et les mauvais esprits et la fécondité ", a dit Mme Cherti. Les Miao, un groupe ethnique minoritaire de Chine, sont installés essentiellement dans les provinces de Guizhou, Hubei, Sichuan, Guangxi et sur l'île de Hainan. Ils ont une longue histoire dans la fabrication des bijoux d'une originalité exceptionnelle et des costumes chatoyants portés lors des fêtes et des cérémonies.