Les festivaliers, qui ont fait le déplacement, dimanche soir à Bab Al Makina à Fès, ont vibré avec les percussions et jongleries des Maitres Tambours du Burundi qui ont donné un spectacle haut en mouvement, en rythme et en couleur. Ils étaient une douzaine à avoir investi et animé, plus d'une heure durant, la scène de Bab Al Makina, une des scènes du festival des musiques sacrées du monde, martelant d'énormes tambours avec leurs baguettes et exécutant une chorégraphie des plus rythmées et des plus virevoltantes. Pleins d'énergie, ils se sont succédés dans un mouvement circulaire autour des tambours non sans acrobatie et cadence endiablée. Une transe joyeuse où le corps épouse le rythme enfiévré et les cris donnent le ton à la percussion des tambours qui demeurent pour le groupe des instruments sacrés. Ce mouvement soutenu n'a pas manqué d'entraîner, dans son sillage, les membres de l'ensemble Soufi Mtendi Maulid de Zanzibar, à peine descendus de scène où ils se sont produits, avec plus de calme, en ouverture de cette soirée. Là la chorégraphie rituelle et gestuelle sont plutôt tranquilles et presque statiques hormis ce balancement collectif et uni des 19 membres du groupe, mouvement qui renvoie aux ondulations des vagues. Et c'est de l'océan indien proche du continent africain que nous vient cet ensemble, et particulièrement de l'île de Zanzibar un nom composé du terme "Zenj'' qui veut dire noir et Bah(r) qui désigne la mer. La prestation de cet ensemble, qui appartient à l'une des confréries les plus anciennes du Zanzibar la Tariqa Rifaiya créée par le grand Saint Ahmed Rifai (1118-1181), mêle grâce et sensibilité et reflète cette fusion qui s'est faite à travers le temps entre la tradition musicale africaine et les influences islamiques proches orientales ou asiatiques soient-elles. Cette journée ''Africa Spirit'' avait été lancée l'après midi au Musée Batha ou se sont produits les tanzaniens Shakila et le Rajab Suleiman Trio dans une prestation toute particulière sur l'art du Tarab selon la tradition Swalie. Un spectacle des plus originaux ou le Tarab a été agrémenté par des touches musicales et vocales africaines et asiatiques. Un patchwork poétique et suave de chansons et de rythmes traditionnels qui ne laisse pas indifférent et qui dénote d'une fusion des sens et des rythmes. Le chant mélodieux de Shakila Saidi reste imprégné par l'influence indienne. Les Takassim de Rajab Suleiman sur son Kanoun ne sont pas sans rappeler la musique orientale turque ou égyptienne. Mahmoud Juma, qui caressait sa contrebasse, donnait un peu de swing à ce répertoire alors que Foum Faki a veillé, tout au long de la prestation sur le tempo avec son Dumbak et son Bongo. La chanteuse populaire Najat Atabou s'est distinguée sur la scène Ait Skato, par ses chants rythmés et sa voix venant directement des confins du Moyen Atlas.