Prévu à 7 h 05, reporté au moins à 4 reprises, le départ eut lieu finalement vers 15h 30, heure locale. Entre les deux horaires une longue et éprouvante attente (plus de 10 heures), des interrogations, des hurlements, des pleurs et de la colère. Les passagers du vol 8J2518 se sont vus infliger dès 7h du matin un silence méprisant : aucune information ou annonce ne leur a été fournie, aucun agent de la compagnie n'a jugé utile de venir à leur rencontre et aucun des numéros mentionnés sur les documents de la compagnie n'a fonctionné. Le plus étonnant c'est qu'aucun responsable de la compagnie n'a jugé utile de répondre aux appels de l'officier de police qui a bien voulu l'alerter à la demande des passagers. Ce n'est que vers 12 h 30 qu'un(e) jeune agent Jet4you s'est présenté « courageusement » devant les passagers pour leur annoncer un possible départ vers 13h30. Débités, fatigués et de plus en plus méfiants, les passagers ont décidé, après de nombreuses heures d'attente et d'infructueuses tentatives pour alerter les autorités de l'aéroport et les représentants de la compagnie sur leur sort, de manifester leur colère (sifflets et cris) et en occupant les Portes d'embarquement et les couloirs mitoyens. La colère des passagers est montée de plusieurs crans lorsqu'ils se sont aperçus que les quelques informations qui leurs arrivaient n'étaient que des manœuvres de diversion employées par des agents leur indiquant des heures « fictives », de départ et les orientant vers des Portes (15, 22, 24) d'embarquement closes, dans le seul but de les éloigner des zones d'embarquement des autres compagnies. Ce stratagème a atteint ses limites lorsque l'horaire de 13 h 30 annoncé par l'agent Jet4you s'est révélé à son tour un simple leurre. Cet enchainement de manœuvres et de fausses annonces a fini par écœurer et entamer la patience des passagers. Une dame malade s'est évanouie, des jeunes étudiants ont juré de ne plus mettre les pieds dans « un Jet4you », les plus fatigués – ceux qui observaient le jeune de Ramadan – ont trouvé dans les quelques sièges libres un maigre soulagement. Et ce ne sont pas les quelques tickets repas – une dizaine au plus- distribués à la hâte qui pouvaient changer l'ambiance de plus en plus pesante. Il va sans dire que le mode de transport Low Cost, qui fait désormais partie du paysage aérien marocain, représente quelques avantages – une plus grande fréquence, des prix bas (pas vraiment en période estivale). Les MRE y trouvent une réelle alternative entre des autocars carcasses ou cercueils roulants et une RAM pratiquant des prix inabordables. Mais, le Low Cost ne doit pas être une source d'anarchie, de perturbation et d'encombrement de nos aéroports et un motif de mécontentement des passagers. Ses nombreux travers (services minimalistes, retards fréquents, manque d'information et de contact avec la clientèle) sont devenus aujourd'hui une constante avec des conséquences certaines sur la vie des usagers. Les passagers du vol Jet4you 8J2518, qui devaient arriver à Paris-Orly vers 12h05, ont finalement atteint leur destination vers 21 h. Certains ont manqué leurs correspondances (notamment le train) et d'autres n'ont regagné leur lieu de résidence – en région parisienne- qu'autour de minuit. Sur l'« Attestation de retard », qui leur a été remise dans l'avion, figurent deux numéros téléphoniques de la compagnie (0665666777//665777888), mais aucun n'est disponible. Le « Ground Operations Manager » est lui-même inscrit aux abonnés absents. Cet incident n'est pas exceptionnel ou isolé et il ne sera probablement pas le dernier. Nos aéroports nationaux sont devenus coutumiers de ce fait. Les MRE en connaissent un long chapitre et les quelques touristes qui se hasardent à prendre ce type de compagnie s'en détournent très vite. En fin de compte, ce sont l'image et la crédibilité de la compagnie Jet4you qui se trouvent, à cause de ces incidents répétitifs, sévèrement entamées ; ce qui va à l'encontre de l'ambition même de la compagnie et de celle du pays (10 millions de touristes/an). Il est donc temps que les autorités concernées réagissent pour mettre de l'ordre dans ce mode de transport et obliger les compagnies Low Cost à observer et à respecter leur cahier de charge. Dans ce lot de disfonctionnement observé ce 06 août au T2 de l'aéroport de Casa, entre 5h du matin et 15h, il est un élément à souligner : le comportement des policiers, en civil ou en tenue, qui ont su gérer avec courtoisie et professionnalisme cet incident. Ce comportement est en soit un point positif et prometteur (respect de la dignité des citoyens marocains-usagers). Par : Mohammed MRAIZIKA (enseignant -chercheur en Sciences Sociales…)