Je viens de prendre connaissance de l'avis émis par le CCDH à la demande de Sa Majesté le Roi au sujet de la création du Conseil Supérieur de la Communauté Marocaine de l''Etranger. Dans son discours prononcé le 6 Novembre 2006, Sa Majesté demandait au CCDH de veiller tout particulièrement à « mener de larges consultations avec toutes les parties concernées en vue d'émettre un avis consultatif concernant la création de ce nouveau Conseil, qui se doit d'allier, dans sa composition, les exigences de compétence, de représentativité, d'efficacité et de crédibilité ». J'ai toujours pensé et je continue à croire que la volonté Royale en la matière est saine et volontariste. Cependant, tout le monde connaît , du moins les observateurs de la question de l'immigration marocaine, l'ampleur du désarroi que le CCDH et son enfant le CCME ont crée au sein de la Communauté Marocaine de l'Etranger. Monsieur Driss EL YAZAMI et son équipe peuvent continuer à avoir l'attitude de l'autruche et répéter que les consultations menées étaient saines, que l'avis émis était juste, que les contestataires sont minoritaires, que son bilan est magnifique.. l Seulement la réalité est autre et les forces vives de l'immigration marocaine ont dit clairement qu'elles ne sont pas disposées à accepter le mensonge et la manipulation, ni le diktat imposé par le CCDH. La lecture du rapport émis par le CCDH appelle de ma part plusieurs remarques . Un rapport d'une vingtaine de pages , c'est la montagne qui accouche d'une souris : Il est consternant de constater la misère intellectuelle d'un rapport qui a demandé une année de gestation..qui a mobilisé plusieurs personnes, présentées comme des ''spécialistes'' de la question, avec des moyens financiers importants et la visite de 20 pays d'accueil et de 38 villes. Il est dit aussi qu'un questionnaire a été adressé à 1136 adresses électroniques de marocains résidents à l'étranger ( adresses fournies par différents organismes dont les ambassades et consulats Marocains, alors que certains membres du CCDH n'ont cessé de diaboliser les amicalistes jugés réactionnaires et trop proches des consulats ) 575 réponses ont été récoltées...!! Le rapport dit que le questionnaire comportait 6 grandes interrogations : (( - D'ordre personnel - durée du séjour à l'étranger-questions diverses-les attentes en matière de projets au Maroc ainsi que les missions du CONSEIL et les qualités que doivent avoir les membres du CONSEIL.)) Je laisse le soin à chacun d'apprécier la précision des questions s'agissant du futur Conseil Supérieur de la Communauté Marocaine de l'Etranger, et notamment l'absence de la question qui fâche : le mode de constitution du conseil, Election ou Désignation !?! Le plus étonnant, c'est le nombre de pages consacrées à la question essentielle de la mission, à savoir la création du CSCME : Une page et beaucoup de mensonges . Une page mes chers amis, a été consacrée à la question du procédé de constitution du futur conseil : ça paraît gros, mais c'est bien la triste réalité de ce rapport, qui a mobilisé des chercheurs-voyageurs, des compétences , des séminaires, un tour du monde et beaucoup d'argent . A la lecture de ce rapport, il semble évident que le choix a été fait bien avant, il n'y a aucune dialectique, aucun brin de la recherche scientifique, même pas la base élémentaire de la méthode classique : de la thèse et de l'anti thèse. Mais des phrases toutes faites, le plus souvent plagiées puisque connues et écrites des centaines de fois. Ce rapport, ne nous apprend rien sur Notre Communauté vivant à l'étranger. Il vise un seul objectif , sans même prendre quelques efforts intellectuels pour le justifier: l'auto-désignation. MENSONGE ET MANIPULATION : Ainsi , on pourrait lire sur le rapport écrit en langue arabe et daté d'Octobre 2007 : ((...à la lumière de tout ce qu'on a pu rassembler, à travers toutes les activités, ainsi que les travaux scientifiques menés, et après les études des expériences internationales dans le domaine de la représentativité des citoyens immigrés, et l'analyse des correspondances reçues et après discussions, le CCDH a préparé et présente à votre Majesté, son avis consultatif . Et il nous paraît que notre proposition au sujet du conseil des marocains de l'étranger est la la plus conforme à la situation actuelle.....Il existe des différends en matière de création du conseil, les avis divergent entre les élections directes et la nomination , en passant par un procédé intermédiaire qui mélange le suffrage universel direct et la nomination, ou bien la composition du conseil par une majorité de représentants des organisations des immigrés marocains. En général, l'expérience internationale fait ressortir plusieurs versions adoptées avec des aspects évolutifs diversifiés. En prenant en compte ces éléments, le CCDH propose une version évolutive du Conseil, qui permettra à ses membres dans sa première composition, d'approfondir la réflexion et de présenter à la fin du premier mandat, tel ou tel mode de composition du conseil..)) . Plus loin on peut lire aussi que le CCDH propose la création d'une commission issue de ses rangs afin de préparer et de présenter la liste des personnes proposées à la nomination au Conseil. Le résultat est connu de tous : les membres du CCDH ayant mené les consultations, ont d'abord été convaincus par eux-mêmes dans un élan d'autosatisfaction, ils ont proposé leurs propres personnes et sont aujourd'hui membres du Conseil. Ce qu'on pourrait retenir en premier lieu, et là c'est le comble du ridicule de ce rapport, c'est que le CCDH et sa commission d'experts au bout d'an de réflexion, de voyages et de rencontres, n'ont pas encore d'idée fixe et arrêtée sur le mode de composition du conseil, et qu'à la remise du rapport ils ne proposent qu'une solution d'une durée de 4 ans, où les membres seront désignés, et pendant laquelle, ces mêmes membres, vont réfléchir à la formule définitive du conseil...qui pourrait éventuellement pérenniser la formule de la désignation et par la même occasion la nomination à vie du bureau du conseil, ce qui signifie également le sacrifice de la question fondamentale de la représentativité des 3 200 000 Marocains vivant à l'étranger, au bénéfice de l'ambition personnelle de quelques individus. - Le CCDH écrit dans son rapport que des consultations ont été menées avec les responsables des principaux partis politiques marocains, dont : Mohamed ABIED secrétaire général de l'union constitutionnelle, Mohamed EL YAZRI premier secrétaire de l'USFP, Abbass EL FASSI secrétaire général de l'ISTIKLAL, Saad Eddine AL OTMANI secrétaire général du PJD, Mly Ismael AL ALAOUI secrétaire général du PPS, Mohand AL ANSAR secrétaire général Alharaka Chaâbia......ainsi que des organisations des droits de l'Homme et des associations féminines. Mais le CCDH, ne dit rien sur le compte rendu de ses consultations importantes. Alors qu'il paraît important de connaître la position des partis politiques marocains au sujet de la question essentielle de la représentativité politique des 3 200 000 MRE. D'une certaine manière ces Partis Politiques expriment la volonté du Peuple Marocain, à travers les Députés élus à l'assemblée Nationale, sont- ils pour la désignation du Conseil comme le laisse entendre le CCDH ?? Je ne le pense pas , à ce titre, un article intéressant de M. EL BEJOUKI paru dans le Journal AL-MASSAE du 30 Juin 2008, sous le titre : '' le Conseil d'AL JALIA..le principe de la désignation et le mensonge de l'unanimité '' . Cet article rapporte des déclarations et des témoignages qui indiquent que les partis politiques , toutes tendances confondues, étaient unanimes à considérer que seule une représentativité issue des urnes peut être proposée aux citoyens marocains de l'étranger. Ainsi des propos rapportés dans l'article de M. EL BEJOUKI selon lesquels M. Mahjoubi AHERDANE a déclaré: (( si les droits des marocains ici sont incomplets, il faut qu'ils soient complets pour les marocains de l'étranger car c'est l'image du pays)), Mohand AL ANSAR: (( il faut que le conseil de ALJALIA soit le parlement de la communauté marocaine de l'étranger)). Alors que Abass EL FASSI ( actuel Premier Ministre) a parlé dans son intervention de la nécessité d'ouvrir la voie à la participation politique, conformément aux voeux exprimés par sa Majesté, et d'un conseil composé de 80 à 100 membres. . - Au sujet des résidents marocains à l'étranger, on peut parler de l'unanimité autour de la représentativité politique issue des urnes. Toutes les interventions individuelles et associatives connues à ce jour vont dans ce sens, il suffit de consulter les archives sur les sites et blogs de l'immigration marocaine. L'EXPERIENCE INTERNATIONALE QUI CONTREDIT LE CCDH : S'agissant de l'expérience internationale en la matière, dont fait référence le rapport du CCDH, il est utile de rappeler ici, le mode de constitution des conseils des citoyens résidents à l'étranger pour se rendre compte du mensonge flagrant du CCDH, voici quelques exemples de certains pays les plus avancés en matière de droits de l'Homme et de démocratie: - Le conseil supérieur des français de l'étranger, UNE ASSEMBLEE ELUE : 150 délégués élus au suffrage universel pour six ans, constituant un collège renouvelable pour moitié tous les trois ans. 12 sénateurs représentant les Français établis hors de France, 21 personnalités désignées par le ministre des Affaires Etrangères dont un représentant des Français établis en Andorre. Les 150 membres élus du CSFE élisent les 12 sénateurs représentant les Français établis hors de France. - Le Conseil des communautés portugaises UNE ASSEMBLEE ELUE : Le Conseil des Communautés Portugaises, comprend cent membres élus pour quatre ans au suffrage universel direct par les citoyens portugais recensés par les postes consulaires. - Les comités des Italiens de l'étranger, UNE ASSEMBLEE ELUE : Les membres des comités sont élus au suffrage universel direct pour cinq ans. Ils sont rééligibles une fois. L'élection a lieu à la représentation proportionnelle, avec répartition des restes à la plus forte moyenne. Les électeurs votent par correspondance. La composition du Conseil général des Italiens de l'étranger: Il comprend quatre-vingt-quatorze membres : soixante-cinq sont élus et vingt-neuf sont nommés par le gouvernement. Quel que soit le mode de désignation, la durée du mandat des conseillers est de cinq ans. Le CGIE est présidé par le ministre des affaires étrangères La loi constitutionnelle n° 1 du 17 janvier 2000 a modifié l'article 48 de la Constitution en créant une circonscription « Etranger » à la Chambre des Députés et au Sénat. La loi constitutionnelle n° 1 du 23 janvier 2001 a fixé le nombre de parlementaires représentant les Italiens qui résident à l'étranger : douze députés et six sénateurs. - Les conseils de résidents espagnols, UNE ASSEMBLEE ELUE : Les membres des conseils de résidents sont élus pour quatre ans au suffrage universel direct par les citoyens espagnols inscrits sur les listes électorales. Ils sont rééligibles.
De quelles expériences internationales parlent donc les auteurs du rapport du CCDH pour appuyer leur avis présenté au Roi?? de quels pays parlent- ils ?? Dans cette affaire d'escroquerie intellectuelle et de mensonges, ce qui rajoute l'insoutenable à l'incrédulité, c'est qu'elle est l'oeuvre du Conseil Consultatif des Droits de l'Homme, des gens qui, jadis, portaient des slogans haut et fort, de la nécessaire démocratisation de la société, et se conduisent aujourd'hui comme des mauvais acteurs d'un film qui pourrait avoir comme titre '' la Grande Arnaque''. Le fait que les forces vives de la communauté marocaine refusent d'avaler la pilule, est un signe de bonne santé mentale, qu'il faut saluer. Enfin, Il me semble qu'il y va des intérêts suprêmes du Pays de corriger le tir, de mettre fin à ce conseil qui d'ailleurs survit péniblement, du fait de son manque de légitimité, afin de permettre la création d'un conseil représentatif de la communauté marocaine, qui permettra l'expression des MRE et la défense de nos intérêts. Hamid SOUSSANY ---- Nice le 10 Juillet 2009