Au terme de la première journée de sa visite au Maroc Dominique Strauss-Kahn, Directeur général du Fond monétaire international (FMI), a fait une déclaration au cours de laquelle il a particulièrement insisté sur les progrès économiques enregistrés par le Maroc ces dernières années. Il a aussi rappelé que le conseil d'administration du FMI a salué ces performances, la semaine dernière au cours de son examen annuel de l'économie marocaine. Salah Eddine Mezouar, ministre de l'Economie et des finances, a reçu, mardi après-midi au siège de son département, Strauss-Kahn. Cette rencontre a été suivie d'un point de presse durant lequel le Directeur général du FMI a déclaré que «ce qui est engagé au Maroc est d'une grande importance». C'est pourquoi, ajoute-t-il, «il a été convenu de la nécessité de soutenir la dynamique de reforme engagée par le Maroc, afin de rehausser les niveaux de vie et promouvoir la création d'emplois». Et de souligner qu'à l'instar de nombreux pays émergeants, le Maroc doit faire face a l'envolée des prix mondiaux des denrées alimentaires et de l'énergie, qui ont eu un impact significatif sur la balance commerciale et le budget. Concentre les subventions sur les plus démunies La résistance du Maroc à la difficile conjoncture que traverse l'économie mondiale est bonne, a estimé Strauss-Kahn qui a relevé par ailleurs que le Maroc a été privé de résultats meilleurs du fait de cette difficile conjoncture. Il a jugé également essentiel, à moyen de terme, de réduire le poids des subventions en veillant notamment à mieux les cibler sur les plus démunis. Ce qui permettra aussi de dégager une marge de manœuvre pour accroître les dépenses d'investissement et les dépenses sociales, et aidera à réduire davantage la dette publique. Le véritable problème c'est de pouvoir concentrer les subventions sur les populations les plus démunies, dira Strauss-Kahn. Et d'ajouter, qu'il est de par le monde plusieurs expériences intéressantes pour le faire. Néanmoins il n'est pas dit qu'elles sont transposables au Maroc. Il appartient au Maroc de trouver sa propre et bonne formule. L'inflation n'est pas un problème abstrait Et comme on devait s'y attendre, Strauss-Kahn a particulièrement attiré l'attention sur le problème de l'inflation qui s'est accélérée en 2008 pour atteindre 3,7 % au mois d'avril selon la conclusion des consultations de l'article IV avec le Maroc. «L'inflation n'est pas un problème abstrait, et sa maîtrise est une des conditions pour assurer une croissance durable et soutenue», a-t-il dit en substance, tout en précisant toutefois que la politique monétaire du Maroc est restée axée sur le maintien d'une inflation faible et stable dans le cadre du régime d'ancrage du taux de change. Et d'ajouter non sans une pointe d'humour que «le FMI qui à la réputation de grand méchant loup fait le titre des journaux quand il y a crise. C'est pourquoi nous agissons en amont pour éviter justement les crises». Coopération satisfaisante Qu'est-il justement de la coopération entre le FMI et le Maroc ? En réponse à cette question, Strauss-kahn a tenu de souligner qu'elle est très satisfaisante, même si parfois il peut y avoir des divergences entre les deux parties. Concernant son appréciation sur la situation économique et financière du Maroc, il dira : «le Maroc est en position de très bon exemple pour les autres pays… néanmoins, il ne faut pas non plus exagérer cette exemplarité». Un bémol à l'enthousiasme ambiant ? Pas nécessairement ! Prudence et veille doivent rester de mise, voulait probablement dire Strauss-Kahn.
Plus d'analyses régionales Le FMI veut dorénavant faire plus d'analyses régionales dans la perspective des intégrations économiques régionales qui sont en train de se faire, ou qui, inéluctablement, se feront dans un proche futur dira Strauss-Kahn. Et de souligner que s'appuyer sur le Maroc peut s'avérer important. Pour ce, le FMI s'emploiera par ailleurs à impliquer davantage le privé pour construire le développement de manière différente, notamment en Afrique. Et rappellera enfin qu'en novembre se tiendra en Tanzanie, qui assure l'actuelle présidence de l'Union Africaine, une rencontre UA-FMI à laquelle prendra part Salaheddine Mezouar. A une question, que nous lui avons posée, concernant l'appréciation du FMI sur l'utilisation qui a été faite des recettes des privatisations, Strauss-Kahn dira que globalement l'appréciation qui en est faite par le FMI est positive. Cela tranche grandement, dirons-nous, avec l'appréciation faite par ce même FMI sur cette question, dans le rapport de sa mission au Maroc publié en janvier 2005. Jamal Hafsi al Bayane