Les MRE sont «des investisseurs en puissance». Ils sont 56,4% à avoir le réflexe d'investir dans leur pays d'accueil ou d'origine. Mieux encore, «c'est essentiellement le Maroc qui en profite». Il est préféré par plus des deux tiers des investisseurs. Le constat est dressé par une étude que vient de publier le Hcp (Haut Commissariat au Plan) sur l'insertion socio-économique des MRE. Selon cette étude «la proportion des investisseurs qui choisissent le Maroc est appelée à croître». En effet, en termes d'intentions d'investissement, ce sont les trois quarts des MRE qui envisagent leur pays d'origine comme destination pour leurs capitaux. Sans surprise, c'est l'immobilier qui attire la majorité des ressortissants marocains. Ils sont 86,9% à y investir. La pierre est largement préférée au commerce (5,2% des investissements), à l'agriculture (4,1%), et nettement plus appréciée que le tourisme et l'industrie qui ne captent à eux deux que 2% des investissements. Cette répartition est toutefois appelée à changer. Interrogés sur leurs investissements futurs, seul le tiers des MRE préfère encore l'immobilier. Ce secteur se classe ex æquo avec le commerce, dénotant également un regain d'engouement pour l'agriculture (8,7%) le tourisme (5,6%) et l'industrie (5,4%). Le département de Lahlimi rapporte également de mauvaises nouvelles. Il isole un indicateur lourd de sens. «Le taux des enfants tentés par le retour au pays est nettement inférieur par rapport à celui des parents qui expriment la même volonté». «Si rien n'est immédiatement fait, cet écart aura un impact économique» et ce sont les pays d'accueil qui auront de plus en plus les faveurs des MRE. Les signes avant coureurs sont là. Alors que les MRE ayant migré dans les années 1960 et 1970 investissent deux fois plus au Maroc que dans le pays d'accueil, ce ratio s'établit à 1,5 fois pour la vague des années 1980 et à 1,4 fois pour celle des années 1990. Les ressortissants ayant migré vers les années 2000, investissent presque à part égale au Maroc et dans le pays d'accueil. Plus encore ils sont 90% à se déclarer prêts à «renoncer à l'investissement au Maroc, en l'absence d'incitations comparables à celles offertes dans les pays d'accueil». Mais alors, comment les intéresser? Il s'agit d'influer sur les facteurs qui favorisent «l'attachement des MRE à leur pays d'origine et à leur intégration dans la vie sociale, syndicale et politique des pays d'accueil», recommandent les auteurs de l'étude. En tout cas, ils sont 42,4% à évoquer en priorité la bonne gouvernance. L'accès au crédit vient au second rang (18,5%). Suivent les encouragements fiscaux (12,6%), la transparence et la lutte contre la corruption (8,9%), l'accueil, l'orientation et le renseignement (6,0%), l'infrastructure (5,5%) et enfin l'aide technique et technologique (1,5%) A noter que les intentions de retour sont plus vives parmi les MRE, chefs de ménage (57,2%), que parmi leurs conjoints (52,8%), ou leurs enfants de sexe masculin (34,7%) ou féminin (35,6%). Ces intentions sont par ailleurs représentatives de la concentration de MRE selon les pays d'accueil. Ainsi, 40,7% des MRE tentés par le retour résident aujourd'hui en France. 24,2% sont établis en Espagne et 16,0% en Italie. A y voir de plus près la migration de retour tente essentiellement les MRE des groupes socioprofessionnels du bas de l'échelle sociale, peu scolarisés, à la fin de leur vie active ou sur le point de partir à la retraite. Nés au Maroc, ils y disposent d'avoirs immobiliers ou commerciaux. Autre profil dominant, celui des MRE dont le conjoint ou les enfants vivent au Maroc, tout comme ceux qui ont procédé au regroupement familial et dont les descendants n'arrivent pas à s'insérer efficacement par l'éducation et la formation. En fait, «tout se passe comme si la pérennisation de la migration est tributaire des cursus requis pour la compétitivité et l'intégration économique et sociale dans les pays d'accueil», relèvent les auteurs de l'étude. Il en résulte que ceux qui sont au début de leur vie migratoire, particulièrement à la fin des études universitaires, systématiquement frappés par le chômage chronique et la xénophobie au pays d'accueil, sont aussi ceux qui sont les plus tentés par la migration de retour. L'autre fuite, les transferts sous cape A fin décembre 2007, les transferts MRE ont atteint 57 milliards de DH, soit près de 10% du PIB. Cette valeur est probablement plus élevée dans les faits vu qu'une grande partie des flux ne transite pas par les canaux officiels, estiment les experts. Une étude de l'Observatoire des MRE de la Fondation Hassan II évalue à près de 20 milliards de DH, le montant des transferts effectués par les MRE lors de séjours au Maroc. Les transferts d'argent des populations émigrées n'ont pas fini d'attiser les convoitises. «Les travailleurs migrants ont envoyé vers les pays en développement, dont ils sont originaires, plus de 300 milliards de dollars à fin 2006», soit près de 2.300 milliards de DH, selon la Banque interaméricaine de développement. Source: L'Economiste