Les deux projets de lois organiques relatifs à l'officialisation de la langue amazighe et la création du Conseil des langues et de la culture marocaines ont franchi le premier pas de la procédure d'adoption, avant d'être soumis à l'examen par la Chambre des Conseillers. Al'issue d'une session qui a duré jusqu'à une heure tardive du lundi 10 juin, la Chambre des Représentants a adopté, à l'unanimité, le projet de loi organique relatif à la langue amazighe. Avant de s'attaquer au projet de loi portant statut de Bank Al Maghrib, examiné en deuxième lecture, après un amendement du groupe du PAM, à la deuxième Chambre, au sujet de l'inscription du Tifinagh dans les pièces et billets de banque. Cette typographie aura finalement eu le mérite d'être reconnue dans la loi organique sur la langue amazighe qui, en plus, dispose de son inscription dans la monnaie du pays, dans son article 22. Largement couvert par les médias au vu du retard qu'a pris l'adoption de ces lois aux traits identitaires, cette session n'a pas manqué de chamailleries entre groupes politiques, tantôt en accusant le gouvernement de "rétraction" et tantôt de "manque de cohésion au sein de la majorité". Dans son allocution, Omar Abbassi, vice-président du groupe istiqlalien à la Chambre des Représentants, a exprimé sa "fierté de l'intérêt du Roi à préserver l'identité nationale et impulser le chantier de réconciliation, notamment dans le discours de 2001 à Ajdir". Cette loi, poursuit le Secrétaire général de la Chabiba istiqlalienne, permettra de "promouvoir les droits culturels et linguistiques" des Marocains et ouvrira la voie à la consécration du caractère officiel de la langue amazighe, comme énoncé par l'article 5 de la Constitution. En revanche, Abbassi a pointé du doigt l'atonie qui a marqué le travail du gouvernement pour mettre en oeuvre, et dans les délais, les dispositifs de réforme voulus par la Constitution. "La polémique qui a marqué l'examen de ces deux lois organiques relève du délitement de la coalition gouvernementale. Ses dissensions ne lui ont pas permis de déboucher sur un consensus », a-t-il martelé, en pointant du doigt le retard sur l'adoption de la loi-cadre sur l'enseignement, enterrée depuis deux mois dans les tiroirs de l'hémicycle. Rappelons que le groupe du parti de la balance s'était retiré de la sous-commission en charge de l'examen de ce texte par "manque de cohérence dans les positions des composantes de la majorité". Quant au projet de loi sur le statut de BAM, il a été adopté à la majorité des voix, tandis que l'amendement de l'article 22 défendu par le groupe du PAM a été rejeté. Samir Zerradi