Le marché halal marocain a un potentiel économique énorme mais demeure sous-exploité. Les entreprises, surtout celles orientées à l'export, trouvent toujours des difficultés pour accéder au marché halal mondial et de s'y maintenir. Tel est, en tout, le constat dressé par les différents intervenants à la 5ème édition du Forum Halal Maroc (FOHAM), tenu ce jeudi, 14 mars, à Casablanca sous le thème : « L'écosystème Halal pour améliorer la compétitivité des entreprises marocaines sur le marché Halal mondial ». Organisé par l'Institut marocain de normalisation (IMANOR), ce Forum avait pour objectif de sensibiliser les opérateurs marocains sur les enjeux et les opportunités du marché Halal mondial, et sur l'importance des normes et de la certification Halal pour l'accès à ce marché. Lors de cette rencontre, les participants ont aussi affirmé que le label halal Maroc, orienté essentiellement vers l'export, est en quête permanente de confirmation et de reconnaissance pour un développement à l'international. Ils ont ainsi estimé nécessaire de sensibiliser les opérateurs marocains sur les enjeux et les opportunités du marché halal mondial et sur l'importance des normes de la certification halal pour l'accès à ce marché. « Le Label Halal Maroc, qui en est à sa 7ème année d'existence, voyage un peu partout et nous renvoie l'image d'un marché halal mondial qui évolue en volume et en exigence, et nous révèle en même temps la difficulté pour nos entreprises d'y accéder et de s'y maintenir, notamment celles qui dépendent d'approvisionnement de l'étranger en matières premières, additifs, auxiliaires, et articles de conditionnement», a affirmé, à l'ouverture de ce Forum, AbderrahimTaibi, directeur d'IMANOR. Il a appelé, pour cela, à la mise en place d'un cadre légal qui organisera la référence halal, en s'appuyant notamment sur des mécanismes de reconnaissance de certificateurs étrangers, tels qu'ils fonctionnent au niveau international. Ce qui donnera, selon lui, plus de crédibilité aux règles d'accès de produits portant des indications halal au marché marocain, profitant aux consommateurs et aux entreprises qui évolueront dans un environnement concurrentiel sain. Seulement 100 entreprises certifiées Halal De son côté, Sahra Maafiri, DG du Commerce au ministère de l'Industrie, de l'Investissement, du Commerce et de l'Economie numérique, a rappelé que la population de consommateurs halal, à l'échelle mondiale, est en forte croissance. Estimé à 2 billions de dollars, dont 1,2 billion revienne aux halal alimentaire, ce marché croît annuellement de 4%. Mme Maafiri prévoit même à ce que ce marché atteindra un volume de 3,8 billions à l'horizon 2022. C'est un marché, faut-il ajouté, qui reste dominé par les pays non musulmans, implantés en Europe, aux Etats-Unis, au Canada et au Brésil (75% des producteurs). Elle a, par la suite, fait remarquer que le marché halal marocain, malgré les énormes opportunités qu'il offre, ne compte qu'une centaine d'entreprises qui sont certifiées «Halal», dont 5 en cosmétique. «Ce chiffre reste largement au-dessous du potentiel que représente ce domaine», a-t-elle ajouté, annonçant que son département lancera une étude sur le développement du secteur halal et bio, dans le cadre d'une convention de partenariat avec l'ASMEX pour le développement et la promotion des exportations. Cette étude vise à dresser une cartographie globale du secteur halal au Maroc et proposera des mesures concrètes pour le développement du secteur, qui seront prises en considération dans le cadre de la stratégie nationale du commerce, en cours d'élaboration. Après moins de 5 années de son lancement, ce label Halal Maroc a été délivré, en effet, à une centaine d'entreprises seulement au Maroc. Parmi les entreprises labellisées par l'IMANOR, environ 90 opèrent dans l'agroalimentaire et une dizaine dans le secteur des cosmétiques. Ce Forum a été également marqué par l'intervention du président de l'ASMEX, Hassan Sentissi, qui a appelé à travailler sur l'extension de la labellisation à d'autres formes très demandées dans les grands marchés d'exportation et dont le Maroc a plus d'atouts. Il a appelé, à cet égard, à réfléchir à trois labels, dont le premier est Saveurs du Maroc, qui atteste de l'authenticité des produits marocains et pourrait intéresser à la fois les Marocains du monde et les touristes qui préfèrent l'art culinaire marocain. Le deuxième label concerne tout ce qui est ‘'Bio'' et qui est devenu comme une mode de consommation aujourd'hui. Le troisième label « Nature » permet de valoriser une grande partie des produits marocains émanant principalement des coopératives et des TPE (Très Petites Entreprises). Ce Forum a été aussi marquée par les allocutions du représentant du Conseil supérieur des Oulémas (CSO), le président de l'Institut de normalisation et de métrologie pour les pays islamiques (MIIC), le président de l'Office national de la sécurité sanitaire des produits alimentaire et d'autres personnalités opérant dans le secteur du Halal. Cette rencontre a également marquée par la remise de certificats et trophées, au titre de l'année 2018, à des entreprises et laboratoires pour avoir opté et encouragé le label Halal. Une marque, faut-il le noter, qui a été mis en place par l'IMANOR pour favoriser l'accès de produits marocains aux marchés exigeant une labellisation Halal et permettre au Maroc de se positionner sur le marché Halal mondial. « Dans l'objectif de tirer profit des perspectives de développement offertes par le marché du Halal aux entreprises marocaines du secteur alimentaire, et afin de rassurer les consommateurs sur le respect par les produits qui leurs sont proposés des règles régissant l'alimentation Halal, l'Institut Marocain de Normalisation (IMANOR) s'est engagé dans la mise en place d'un Label National Halal conformément aux dispositions légales régissant le système national de certification. Le label Halai Maroc vise à présenter les garanties nécessaires permettant aux entreprises marocaines de gagner la confiance des millions de consommateurs de plus en plus soucieux de la traçabilité du caractère Halai des produits qu'ils consomment au quotidien », souligne IMANOR dans une note d'information. Qu'est ce que le label Halal ? D'après IMANOR, le « Label Halal» est sa marque distinctive attestant la conformité à la norme marocaine NM 08.0.800 spécifiant les exigences pour les aliments Halal. Cette norme a été développée avec le concours du Conseil Supérieur des Oulémas sur la base du Référentiel de l'Organisation de la Coopération Islamique (OCI), et de normes déjà existantes dans d'autres pays islamiques. Le Label Halal, poursuit la même source, été conçu dans le cadre d'un Comité consultatif réunissant l'ensemble des parties prenantes, tout en veillant au respect stricte des orientations de I'OCI relatives aux cahiers des charges de la certification Halal, ainsi qu'à la procédure d'octroi et de Surveillance de cette certification. Cette démarche a conféré au label Halal une assise nationale et lui promet également la reconnaissance internationale permettant aux entreprises jouissant de son droit d'usage de faire valoir le caractère Halal de leurs produits partout dans le monde. Comment accéder au label Halal ? Toujours selon IMANOR, le processus d'admission au label Halal se déroule suivant les étapes suivantes: – Audit de l'unité de production par une équipe constituée d'un auditeur IMANOR qualifié en sécurité alimentaire et d'un expert des affaires islamiques reconnu par le Conseil Supérieur des Ouléma ; – En fonction de la nature de l'aliment et en cas de besoin, l'équipe d'audit pourrait prélever des échantillons à remettre pour analyse à un laboratoire qualifié par l'IMANOR; – La décision favorable, basée sur le rapport d'évaluation, accorde au demandeur le droit d'utiliser le label Halai sur ses produits labellisés. Le maintien de ce droit d'usage est basé sur deux surveillances les première et deuxième années qui suivent la labellisation, et sur un renouvellement après trois ans. Le détail de ces dispositions ainsi que d'autres mesures complémentaires, font l'objet des Règles Générales du Label Halal. Au niveau mondial, le marché croît annuellement de 4%. Il devra atteindre un volume de 3,8 billions en 2022. C'est un marché qui reste dominé par les pays non musulmans, implantés en Europe, aux Etats-Unis, au Canada et au Brésil (75% des producteurs). Le marché des produits certifiés halal s'est surtout développé en Asie du Sud-Est. Il pourrait atteindre plusieurs centaines de milliards d'euros chaque année. A souligner, à cet égard, qu'une étude de Thomson Reuters évaluait les marchés agroalimentaire, pharmaceutique et cosmétique à 245 milliards de dollars en 2015. Actuellement, ce marché cible 1,7 milliard de musulmans qui représentent 22% de la population mondiale. Pour capter ce potentiel, les opérateurs Marocains appellent à la création d'une filière du halal dans le but de prendre 3% du marché mondial, soit 60 milliards de dollars d'exportations pour le Royaume. Intervenant à l'occasion de la 4ème édition de ce Forum, tenue le 22 mars 2018 à Casablanca, Hassan Sentissi El Idrissi, président de l'Association Marocaine des Exportateurs (ASMEX), avait souligné, à ce propos, que « Le Royaume, grâce à ses produits agricoles et de la mer transformés, ses produits naturels et de terroir, peut facilement se positionner sur cet important marché du halal.» Selon lui, le « business halal » croît de 15 % chaque année dans le monde. D'ailleurs, avait-il ajouté, l'ASMEX a créé en 2015 un Club Halal Export, composé à hauteur de 30% par des entreprises agroalimentaires, qui s'est donné justement pour mission d'accompagner et de sensibiliser les exportateurs à la certification halal. « Le club organise des rencontres avec les acteurs mondiaux du halal pour montrer aux entreprises l'importance de ce label », avait-il affirmé. Il convient de rappeler, en ce sens, que des pistes ont été déjà proposées pour booster ce label, lors d'une conférence de presse organisée, en septembre 2018, par la Chambre de Commerce Britannique à Casablanca. Il s'agit de développer la marque Halal Maroc pour les produits dont le Maroc dispose d'avantages comparatifs d'exportation, et d'adapter les produits labélisés Halal du Maroc aux exigences réglementaires des marchés extérieurs (Asie, Moyen-Orient, UE…). Il s'agit aussi de renforcer le positionnement des produits en fonction des besoins des marchés ciblés à travers une forte présence au niveau des évènements et salons internationaux ainsi que la prospection des marchés porteurs, et de créer des plateformes des produits marocains Halal dans certains pays à fort potentiel d'exportation. Enfin, les opérateurs Marocains ont proposé aussi la sensibilisation des opérateurs nationaux des filières de production concernées sur l'intérêt de ce créneau, et le renforcement des appuis et accompagnement par l'Etat des efforts des professionnels pour le développement de ce secteur (subventions, conventions de partenariat, etc.), et la mise en place de plateformes logistiques pour promouvoir l'export. A. CHANNAJE