La session d'octobre du Conseil national du Parti de l'Istiqlal a été l'occasion pour le parti de rappeler ses constantes, de décliner sa vision du nouveau modèle de développement et de s'arrêter sur la gestion gouvernementale de la chose publique. Une gestion pour le moins catastrophique et fortement préoccupante, avec l'amer constat que la situation économique et sociale empire au fil des jours et des étapes. L'Istiqlal avait déjà tiré la sonnette d'alarme en avril 2018 lorsqu'il s'était rangé, à juste raison, dans l'opposition, dénonçant dans la foulée un ensemble de dysfonctionnements qui empêchent le pays d'aller de l'avant en matière de gouvernance et de responsabilité politique. Les mêmes tares persistent et d'autres sont venues se greffer dessus aggravant le sentiment chez le citoyen d'être délaissé et livré à l'inconnu. Si, il y a quelques mois, le Parti de l'Istiqlal fustigeait, entre autres, l'infiltration des tendances libérales déséquilibrées dans les structures de l'économie nationale, la dilapidation du temps et des opportunités de réforme, la lenteur du rythme de l'action gouvernementale pour honorer les engagements et satisfaire les revendications légitimes des citoyens, le constat aujourd'hui est que nous sommes face à un gouvernement carrément autiste et en total déphasage avec la réalité du pays et les intérêts des citoyens. Sa marque de fabrique est désormais l'improvisation (à l'image du triste épisode de changement de fuseau horaire), la non mise en oeuvre des engagements pris, tel la non élaboration comme il se devait d'une nouvelle approche du modèle de développement appelé par le Souverain de ses voeux, outre l'inertie et le laxisme. Sur le plan social, l'Exécutif patauge tout simplement : le malaise social s'aggrave, la grogne monte, les revendications demeurent lettre morte et le semblant de dialogue social fait dans le surplace. En face, un discours officiel creux et plutôt démagogue à l'image de celui vendant le projet de loi de finances 2019 comme étant un "projet social par excellence" juste parce que le budget de certains secteurs sociaux a été revu à la hausse -ce qui est dans la nature des choses- alors qu'au volet de la fiscalité, le pouvoir d'achat sera mis à rude épreuve, particulièrement celui de la classe moyenne, souffre douleur d'un gouvernement manifestement en manque chronique d'imagination et d'innovation. Au mois de mai dernier, l'Istiqlal avait pourtant essayé de donner un coup de main à l'Exécutif, partant de son engagement à plaider de manière constructive pour l'intérêt national en vue de répondre aux attentes légitimes des citoyens. Son mémorandum appelant à revoir les priorités et contenant des mesures urgentes pour faire face à la cherté de la vie, améliorer le pouvoir d'achat et soutenir l'emploi des jeunes, a tout simplement été classé sans réponse par un Exécutif non réceptif et qui préfère toujours regarder ailleurs. L'inexistence d'une vision globale et intégrée et l'absence de réactivité du gouvernement face aux alertes sociales répétitives et aux attentes des citoyens, en sus de son attentisme incompréhensif, sont autant d'ingrédients qui n'augurent rien de bon dans un contexte économique et social qui n'a jamais été aussi fragile. C'est ce qui détermine le Parti de l'Istiqlal, comme cela est ressorti des travaux de son Conseil national, à la mobilisation engagée pour que les mutations indispensables se fassent au service du développement et de la stabilité du pays. Jamal HAJJAM