La crise catalane change de terrain géographique et se déplace à Madrid. Les dirigeants indépendantistes, une vingtaine de membres du gouvernement régional catalan destitué par le pouvoir central, devaient, en effet, être entendus hier jeudi 2 novembre par les juges dans la capitale espagnole, avec le risque d'être inculpés pour détournement de fonds publics, sédition et rébellion tel que le demande le procureur général de l'État. Le chef des sécessionnistes, Carles Puigdemont, a quant à lui fui l'Espagne pour Bruxelles. A noter que selon la législation espagnole, les délits de sédition et de rébellion sont passibles d'une peine de 15 et 30 ans de prison. Les convoqués par la justice sont accusé par le procureur général de l'État espagnol d'avoir encouragé "un mouvement d'insurrection active" au sein de la population catalane pour parvenir à la sécession. Rappelons que la justice espagnole avait interdit l'organisation d'un référendum d'autodétermination en Catalogne que le gouvernement régional a, malgré la décision de la justice, organisé le 1er octobre dernier défiant ainsi les institutions nationales. Le résultat de ce vote, favorable à l'indépendance mais boycotté par les partis anti-indépendantistes, n'a pas été reconnu par Madrid ce qui n'a pas empêché un tout peu plus de la moitié des députés catalans (70 sur 135) de proclamer, le 27 octobre, l'indépendance de la "République catalane". Le gouvernement espagnol a alors pris le contrôle de la région quelques heures plus tard, destituant le gouvernement catalan et dissolvant le Parlement régional pour convoquer de nouvelles élections le 21 décembre prochain. Le vice-président du gouvernement catalan, Oriol Junqueras, devait être un des premiers à déposer hier jeudi devant une juge d'instruction de l'Audience nationale, juridiction chargée des dossiers sensibles. Si elle suit les réquisitions du Parquet, elle peut non seulement les inculper mais ordonner leur détention préventive. La présidente du Parlement Carme Forcadell et les quatre membres du bureau de cette assemblée devaient aussi être entendus mais par un juge rattaché à la Cour suprême en raison de leur privilège parlementaire. Le dirigeant séparatiste catalan, Carles Puigdemont, a lui refusé de comparaître. Réfugié à Bruxelles avec quatre de ses "ministres" destitués, il a dénoncé "un procès politique". Dans un communiqué, il a présenté comme une tactique concertée la division de son gouvernement. Certains iront devant l'audience nationale "dénoncer la volonté de la justice espagnole de poursuivre des idées politiques", les autres "resteront à Bruxelles pur dénoncer devant la communauté internationale ce procès politique", a-t-il écrit. Un des membres du bureau du Parlement qui sera entendu jeudi, Joan Josep Nuet, a pourtant jugé mercredi "irresponsable" l'attitude de M. Puigdemont. "Tous ceux qui sont cités à comparaître pourraient finir en détention préventive" parce qu'il a démontré que le risque de fuite existe, a-t-il déclaré à Catalunya Radio. La même juge d'instruction avait justement invoqué le risque de fuite en plaçant en détention préventive le 16 octobre dernier deux dirigeants d'associations civiles indépendantistes inculpés pour sédition, parce qu'ils avaient incité à manifester contre la Garde civile lors de perquisitions à Barcelone. Devant le refus de Carles Puigdemont et de ses quatre ministres de comparaître, le parquet devrait demander leur arrestation, et le juge espagnol délivrer un mandat d'arrêt européen.