Un attentat contre une patrouille de police sur les champs Elysées s'est invité à la campagne présidentielle française et par la force des choses s'est incrusté dans la dernière prestation médiatique des candidats à la présidentielle. Une présidentielle, qui se déroule pour la première fois de l'histoire de la Vème république, sous le régime de l'état d'urgence. Un ‘état d'urgence en vigueur depuis les attentats du 13 novembre 2015 et prolongé depuis pour moult raisons (l'Euro de football, le Tour de France, l'attentat de Nice) pour rester en vigueur jusqu'en juillet 2017. Et ce n'est pas l'attentat de jeudi qui y mettra fin. L'attentat sur les Champs-Elysées, qui a coûté la vie jeudi soir à un policier, a suscité l'effroi et perturbé les dernières heures de la campagne présidentielle, à deux jours du premier tour, un «rendez-vous démocratique» «que rien ne doit entraver » ont rappelé les autorités vendredi. François Hollande a dirigé un Conseil de défense vendredi matin à l'Elysée, après avoir promis dans la soirée une «vigilance absolue» pour sécuriser la présidentielle. Plusieurs candidats ont annulé leurs déplacements prévus vendredi. Au cours de la fusillade, l'assaillant a été abattu après avoir blessé deux autres policiers, dont l'un grièvement par une balle qui a touché son bassin, ainsi qu'une touriste touchée par une balle au talon, a précisé une source policière. Selon des sources proches de l'enquête, l'assaillant est un Français de 39 ans, qui faisait l'objet d'une enquête antiterroriste. La présidentielle, très indécise, se tiendra sous le régime de l'état d'urgence, instauré dans la foulée des attentats du 13 novembre 2015. «Rien ne doit entraver (le) rendez-vous démocratique» de la présidentielle, a déclaré vendredi le Premier ministre Bernard Cazeneuve. «Dimanche constitue pour nous une journée de tous les dangers», a rappelé Céline Berthon, secrétaire générale du syndicat des commissaires de police (SCPN), affirmant sur Europe1 que «le maximum sera fait». Les derniers attentats meurtriers remontent à l'été, avec l'attaque au camion bélier à Nice qui a fait 86 morts le 14 juillet. Un policier et sa compagne avaient aussi été tués en juin en région parisienne, devenant le symbole des forces de l'ordre particulièrement visées par les jihadistes. Un nouvel attentat a été déjoué mardi selon les autorités avec l'arrestation à Marseille de deux hommes soupçonnés de préparer «une action violente» en pleine période électorale. Pour revenir à la campagne proprement dite, il est clair qua l'attentat des Champs Elysées a perturbé la prestation médiatique des onze postulants à la magistrature suprême. L'information de la fusillade qui a couté la vie à un policier était tombé après les prestations de_Jean-Luc Mélenchon, Nathalie Arthaud, Marine Le Pen, François Asselineau, Benoît Hamon et Nicolas Dupont-Aignan. Ces six candidats se sont rattrapé à la séquence des conclusions pour commenter l'événement. Les autres ont dû composer avec une information encore parcellaire. Emmanuel Macron a délaissé sa grammaire en loge, pour endosser le costume du candidat capable de rassembler et rassurer? Pour lui « la menace fera partie du quotidien des prochaines années», et que le devoir d'un président est de protéger les citoyens. François Fillon a chgoisi quant à lui de chambouler ses plans pour reprendre les propositions sur un thème qui lui a valu sa victoire lors de la primaire de la droite. Pour Fillon, lutter «contre la montée du fondamentalisme dans la religion musulmane», inclut d'empêcher les jeunes Français partis faire la guerre en Syrie de revenir en France. Et d'énumérer comme mesures une transparence absolue du financement du culte, interdiction des mouvements qui se réclament des salafistes ou des Frères musulmans, renforcement du contrôle des mosquées qui font des prêches radicaux. Parmi les candidats qui n›avaient pas eu l'occasion de s›exprimer à chaud sur le sujet, Jean-Luc Mélenchon a adressé lors des conclusions ses «pensées émues à la famille de la victime» et promet que «les criminels ne seront jamais impunis», Benoît Hamon rappelle qu›il faut être «implacable à l›égard de ceux qui veulent remettre en cause [la] démocratie». Le mot de la fin revient à Marine Le Pen. La candidate du FN veut «aller plus loin que les mots de compassion» et adresse cette ultime pique à Emmanuel Macron: «Je ne veux pas que l'on s'habitue au terrorisme islamiste.» La campagne se retrouve plongée dans une incertitude encore plus insondable.