François Hollande a une nouvelle fois âprement défendu son bilan, samedi lors d'un déplacement en Isère, éreintant la tournure de la campagne présidentielle, et mettant en garde contre l'abstention et le vote Front national sans jamais citer le parti de Marine Le Pen. «Par expérience, je peux vous le confier, les décisions qui sont prises par un président de la République vont bien au-delà d'un quinquennat, elles engagent pour longtemps», a lancé le chef de l'Etat qui doit quitter l'Elysée dans sept semaines. Après avoir remis leur carte d'électeurs à une centaine de jeunes, François Hollande s'est livré devant quelques 900 personnes réunies dans le gymnase de Crolles, petite commune de gauche de la banlieue grenobloise, à une défense et illustration de son bilan, avec une ironie mordante frisant l'amertume. «La France est plus forte qu'il y a cinq ans» mais «peu le disent», alors «je vais leur faire du bien, je vais le dire à leur place», a-t-il lancé visant les candidats de son propre camp peu enclins à endosser le bilan du quinquennat. «Oui, la France est dans un meilleur état que cette France que j'ai trouvée en 2012. Il y a encore trop de chômage, trop d'inégalités, trop de précarité» mais «ça ne suffit pas à sous-estimer l'action, ça justifie de l'amplifier», a-t-il poursuivi sous les acclamations d'un public acquis. Il s'en est ensuite pris tous azimuts à l'ambiance délétère de la campagne marquée notamment par l'affaire Fillon, évoquant «des débats qui peuvent être altérés par le bruit et par la brume». «La démocratie est en danger quand des impulsions éclipsent la raison, quand l'invective masque les perspectives, quand le tweet remplace le texte. La démocratie est menacée quand l'exemplarité vient à manquer», a-t-il martelé. «La démocratie est fragilisée quand les faits eux-mêmes viennent à être contestés, tronqués, ignorés par les manipulations, les mensonges, les falsifications». Se gardant bien de se prononcer en faveur d'un candidat, il s'est posé en président protecteur, garant de l'unité nationale «jusqu'à la dernière minute du dernier jour de (son) mandat». Les partisans de la sortie de l'euro, en ont aussi pris pour leur grade. «La sortie de l'euro, de l'Union européenne, ce serait une sortie de route une sortie de l'histoire (...) C'est le village d'Astérix sans la potion magique», a-t-il dit sans évoquer directement la candidate du Font nationale Marine Le Pen. Tout comme les adeptes d'une VIe République: «La France est forte de ses institutions, je mets en garde celles et ceux qui voudraient en changer», a-t-il averti à l'intention de candidat de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon. Un large choix de onze prétendants François Hollande a lancé aussi un vibrant appel à aller voter. «Si vous êtes en colère venez voter, j'ai compris qu'il y avait 11 candidats ça donne le choix», a-t-il plaisanté avant de rappeler plus sérieusement le souvenir du 21 avril 2002 quand Jean-Marie Le Pen avait accédé au second tour, éliminant le candidat socialiste Lionel Jospin. «Le principal c'est d'aller voter et de ne pas attendre le lendemain du vote pour protester», a-t-il dit. Rappelons que le Conseil constitutionnel a publié samedi 18 mars 2017 la liste des candidats admis à se présenter à l‘élection présidentielle, les 23 avril et 7 mai, en France. Onze prétendants – un de plus que lors du précédent scrutin, en 2012- à la succession de François Hollande brigueront les suffrages de près de 47 millions d‘électeurs. Favorite du premier tour, selon les sondages, la présidente du Front national, Marine Le Pen, prône un patriotisme économique, une sortie de l'Union européenne et, a fortiori, de la zone euro, et un contrôle strict de l'immigration et des frontières. Favori pour l'accompagner au second tour, Emmanuel Macron. Il se dit "et de gauche et de droite" et racle dans les deux camps. C'est un libéral, tant sur le plan économique que sur les sujets de société. Le candidat Les Républicains, François Fillon, englué dans des affaires politico-financières, défend un programme de rigueur, au coeur duquel figure une baisse drastique des dépenses publiques, avec en particulier la suppression de 500 000 postes de fonctionnaires, et l'abrogation des 35h. Le candidat du parti socialiste, Benoît Hamon, a fait alliance avec les écologistes dans un projet mettant en valeur l‘écologie et l‘éducation. Son programme est proche de celui de Jean-Luc Mélenchon, qui prétend représenter une France dite "insoumise" et veut une refonte des institutions, afin de mettre en place une VIème République. Outre ces cinq candidats, promis, selon les sondages, à dépasser les 10%, se présenteront Nathalie Arthaud, François Asselineau, Jacques Cheminade, Nicolas Dupont-Aignan, Jean Lassalle et Philippe Poutou.