Jean François Girault, ambassadeur de France à Rabat : « Il est certain que le risque zéro n'existe pas, mais le Maroc se distingue par la sécurité et se doit de faire savoir cet important atout auprès des voyageurs ». Eric Gérard : « Que de beaux souvenirs qui resteront à jamais incrustés dans mon ADN car ils constituent un faisceau de valeurs humaines et immatérielles rares à trouver ailleurs ». Octobre 2013, un certain commis d'Etat français répondant au nom d'Eric Gérard, guère connu des Marrakchis, met l'ancre à Marrakech en sa qualité de Consul Général de France à Marrakech et Ouarzazate en remplacement de sa consœur la diplomate Chantal Chauvin au terme de 4 années de service. Juste après, « L'Opinion » était allé à sa rencontre pour un entretien à bâtons rompus aux fins de se faire une idée sur son impression et ses éventuelles appréhensions. A l'orée de son départ, après près de 4 ans de services révolus (1 année de plus sur les 3 années de service de rigueur), nous sommes retournés le revoir lors d'une cérémonie privée de remise de Médaille d'Officier Légion d'honneur que la République Française lui a décernée en reconnaissance de son parcours professionnel, disons plutôt en reconnaissance de sens élevé de diplomatie accompli doublé d'une dynamique de travail de proximité inouïe. Nous soumettons à nos lecteurs l'interview qu'il a bien voulue nous accorder. Bien que son agenda soi surchargé et qu'il soit encore sous l'emprise de l'émotion d'un aussi bel événement, il nous a accueilli pour faire état de ce qu'il a qualifié d'expérience à la fois enthousiaste et enrichissante. Ce qui en dit long sur la complicité qu'il a partagée avec Marrakech et ses amis. L'Opinion : Que signifie pour vous cette décoration ? Eric Gérard : C'est la seconde dans ma carrière après celle de Chevalier de la Légion d'Honneur obtenue en 2004 alors que j'exerçais des fonctions de nature étrangère à la diplomatie. C'est beaucoup plus un facteur de motivation pour persévérer dans une dynamique de motivation qu'une simple expression de reconnaissance pour les louables services rendus. L'Opinion : Mrs Jean - François Girault et Xavier Dieucourt, respectivement ambassadeur de France à Rabat et Inspecteur Général des Affaires Etrangères, qui tous deux ont tenu à être de la fête pour l'admiration qu'ils vous portent n'ont pas tari d'éloges sur vos qualités intrinsèques d'homme de terrain avec une propension pour plus de communication, d'échanges, l'écoute et la soif et se familiariser avec ses environnements moral, matériel et géographique. Vous situez-vous dans ce portrait ? Eric Gérard : Vous savez, le métier de diplomate n'est pas une sinécure comme certains pourraient le croire. C'est un métier éprouvant qui requiert une constante mobilisation et une vigilance de tous les instants. Etre sur le qui-vive avec une ouverture sur l'autre pour mieux le comprendre sans jamais heurter sa sensibilité, chercher à comprendre les nuances et les subtilités qui font la différence pour s'intégrer sans difficultés, se montrer curieux, indulgent et accepter les différences, transcendant les croyances et les clivages ethniques. Bref, savoir aimer l'autre et apprécier sa culture, abstraction faite des tendances politiques, tacher d'avoir des amis, de véritables sur lesquels on peut compter ? Voilà en partie en quoi consistait ma tâche et je faisais de mon mieux pour bien m'en acquitter. Je ne vous cacherai pas que j'en suis satisfait d'autant que j'ai eu la chance de travailler avec une équipe admirable. L'Opinion : Vous parlez d'équipe, de qui s'agit-il au juste ? Eric Gérard : Nous sommes 21 personnes au total dont 9 titulaires et 12 personnes des différents services administratifs. En plus de celui des visas tenu de main de maître par M. Man, vous avez le service de l'Administration des Français, celui de l'Etat Civil, celui des Affaires Sociales et celui de la Comptabilité et des Archives. Nous travaillons dans un climat de totale confiance où prévalent la cohérence, la bonne ambiance et l'amour de servir son pays, voilà tout. L'Opinion : Vous êtes là depuis presque 4 ans, avez-vous remarqué des changements au niveau de la gouvernance de Marrakech pour ne parler que de cette ville ? Eric Gérard : Je n'appellerai pas ça des changements, je dirai plutôt une véritable métamorphose qualitative aussi bien en amont qu'en aval. Rien que depuis l'événement de la COP 22, Marrakech a complètement changé d'aspect physique pour s'inscrire au top 10 des plus belles villes du monde. Le méga projet de Marrakech, « Cité du Renouveau » que SM le Roi Mohammed VI avait initié et lancé est à frapper d'une pierre blanche parce qu'il est en train de tirer la ville vers le haut, générant parallèlement la richesse et la bonne qualité de vie, sans oublier un atout de poids qui distingue votre pays, à savoir la sécurité comme l'a si bien souligné M. l'Ambassadeur de France à Rabat, M. Jean François lors de son allocution . L'Opinion : Votre consulat englobe, outre Marrakech, Safi, Youssoufia, Essaouira, Kelaa des Sraghna, Benguerir, la province du Haouz, Tahanaout, Ouarzazate, Zagora et Tinghir, avez-vous pris le temps de parcourir tout cet immense territoire ? Eric Gérard : Bien entendu, d'ailleurs vous ne pourriez imaginer le plaisir que la découverte de ces magnifiques paysages me procure. Tenez, il n'y a pas un mois, j'étais à Tinghir en compagnie d'une association civile locale pour apporter aide et assistance aux élèves d'une école rurale, c'était fabuleux. L'Opinion : Quel serait le nombre des Français établis sur le territoire relevant de votre compétence ? Eric Gérard : Difficile à savoir, toutefois ils doivent être entre 10 et 12.000 sachant que le nombre des Français inscrits sur notre registre est de 8100, en légère augmentation par rapport aux années 2015 et 2016. L'Opinion : Venons-en au service des visas qui intéresse les Marocains. Quel rôle joue la société TLS A teleperfomrance Company pour cette opération et quelle est la moyenne des documents agréés par vos services par jour ? Eric Gérard : TLS s'occupe de l'aspect administratif, celui de l'exécution des visas nous revient. Le recours au service de TLS est tout simplement de permettre d'aller plus vite, de favoriser de meilleures conditions et de nous permettre d'exécuter un nombre plus important de dossiers. Le résultat est satisfaisant dans la mesure où nous délivrons entre 100 et 110 visas par jour, soit une augmentation de 25%. En 2016, pas moins de 25.000 visas étaient délivrés sachant que contrairement aux rumeurs qui laissent entendre qu'il y a un durcissement au niveau du traitement des dossiers, nous sommes toujours restés conformes aux dispositions en vigueur. L'Opinion : On croit savoir que vos enfants, particulièrement la petite Vanney, se sont trop attachés à Marrakech au point qu'elles rechignent à partir en France Eric Gérard : Effectivement, nos 2 enfants Vanney et Marie qui vivent avec nous à Marrakech – Xavier qui est l'aîné est toujours à Paris- s'y sont trop habitués. Nous-mêmes, ma femme et moi sommes tombés sous le charme de Marrakech. Comment ne pas aimer cette ville de lumière, de senteurs, d'énergie et de convivialité où les gens ne semblent guère se soucier du temps, se laissant entraîner dans ses douceurs? Vous voulez que je vous dise, nous porterons à jamais les traces de Marrakech dans nos ADN, c'est une ville captivante. L'Opinion : Avez-vous une idée sur la date de votre départ et le nom de votre successeur ? Eric Gérard : Absolument pas. Ca peut être demain, ça peut être entre 4 ou 6 mois, non plus sur le nom de mon successeur. Toujours est-il que celui-ci trouvera de meilleures conditions de travail. C'est une certitude. L'Opinion : Un dernier mot sur vos rapports avec les autorités locales et les élus ? Eric Gérard : Je les qualifierai d'excellents parce qu'ils se basent sur la confiance mutuelle et le sens du devoir. L'opacité n'a jamais eu sa place dans nos rapports.