Accablantes ! Le sont les conclusions d'une étude sur le tabagisme, récemment réalisée avec la coordination par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), et publiée mardi dernier dans la revue Tobacco Control. Considéré comme l'une des plus graves menaces pour la santé publique mondiale, le tabagisme tue près de 6 millions de personnes chaque année dont plus de 5 millions d'entre elles sont des consommateurs ou d'anciens consommateurs, et plus de 600.000 des non-fumeurs involontairement exposés à la fumée. Une personne environ meurt toutes les 6 secondes du fait de ce fléau, ce qui représente un décès d'adulte sur 10. La moitié des consommateurs actuels mourront d'une maladie liée au tabac. Près de 80% du milliard de fumeurs que compte la planète vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire, là où la charge de morbidité et de mortalité liée au tabac est la plus lourde. Les données collectées par les chercheurs dans le cadre de cette étude, concernent 152 pays, soit 97% de l'ensemble des fumeurs de la planète. Elles indiquent que le tabagisme représente un fardeau économique important dans l'ensemble du monde et plus particulièrement en Europe et en Amérique du Nord où le fléau et ses impacts sont beaucoup plus prononcés. Chiffres à l'appui : les dépenses directes de santé liées au tabagisme se sont élevées au total à 422 milliards dans le monde, soit 5,7% de l'ensemble des dépenses de santé, un pourcentage qui atteint 6,5% dans les pays à forts revenus. Rapporté au PIB des différents pays, le tabagisme s'est avéré particulièrement coûteux en Europe de l'Est (3,6% du PIB) ainsi qu'aux Etats-Unis et au Canada (3%). Le reste de l'Europe se situe à 2% contre 1,8% pour le reste du monde. Concernant le coût humain du tabagisme, l'étude indique qu'en 2012, le tabagisme a été à l'origine d'un peu plus de 2 millions de décès chez des adultes âgés de 30 à 69 ans dans le monde, soit environ 12% de l'ensemble des décès survenus dans cette tranche d'âge. Selon les chercheurs, les pourcentages les plus élevés ont été observés en Europe (26%) et en Amérique (15%), et ce, compte non tenu des décès liés au tabagisme passif, responsable d'environ 6 millions de morts, ou ceux liés au tabac non fumé (tabac à priser, à chiquer... etc) très utilisé en Asie du Sud-Est notamment. D'autres retombées négatives sur la santé sont à appréhender également en termes de vulnérabilité personnelle psychologique des jeunes, étant entendu que le tabagisme des adolescents est souvent associé à des troubles de la personnalité avec des manifestations dépressives. Elles sont à appréhender au sein des foyers familiaux, du milieu scolaire ainsi que des lieux de travail en termes de création d'un environnement nocif pour la santé, ce qui veut dire que le coût du tabagisme et ses retombées sur la santé risquent d'être exorbitants. Sur ce trend dangereux, l'OMS projette que d'ici 2030, le tabac pourrait tuer 8 millions de personnes par an, étant entendu qu'il est l'un des facteurs contribuant le plus à l'épidémie de maladies non transmissibles, responsables de 63% des décès, parmi lesquelles on trouve les cardiopathies, les accidents vasculaires cérébraux, les cancers... Tout l'intérêt qu'il y a donc pour les pays de la communauté mondiale de coordonner leur action au moyen d'une stratégie partagée, échanger les données, les informations et les politiques mises en place, et essayer de capitaliser et de partager les expériences en matière de sensibilisation pour un meilleur combat contre le fléau du tabagisme. Notre pays, qui a fait des avancées considérables dans le cadre notamment d'une stratégie en profondeur menée depuis plusieurs années par l'Association Lalla Salma de Lutte contre le Cancer (ALSC), se positionne, aujourd'hui, au rang de pays à expérience réussie, susceptible d'être rééditée sous d'autres cieux, là où les retombées du fléau du tabagisme sont beaucoup plus prononcées. L'étude coordonnée par l'OMS vient donc à point nommé pour rappeler l'urgence qu'il y a à plus d'efficacité dans les actions, plus de réactivité et plus d'anticipation de la part de l'ensemble des acteurs et des intervenants à l'effet de venir à bout de ce fléau, en limiter les retombées négatives aussi bien sur le plan de la santé humaine qu'au plan économique et social.