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Le théâtre et l'indépendance du Maroc/ Autour du Manifeste du 11 janvier 1944
Publié dans L'opinion le 25 - 01 - 2017

"Le théâtre est le reflet de la vie.", lit-on laconiquement dans Introduction des "Lectures intégrales, Théâtre /3" – Paris, Ed. LGF, 1986, p.6. Certes, cela nous conduit à aborder l'avènement du théâtre et l'indépendance du Maroc autour du Manifeste du 11 janvier 1944, revendiquant l'indépendance du pays colonisé (1912-1956), en langues arabe et française, dans le corpus dramaturgique retenu (1923-1991). En témoigne cette réflexion éclairante de feu S.M. Hassan II, dans "Le défi": "C'est ainsi que fut fondé, le 10 décembre 1943, le Hizb al-Istiqlal, Parti de l'Indépendance, et que, quelques jours plus tard, le manifeste du mouvement fut soumis à mon mère qui l'examina et en approuva les termes. [...] Le roi demanda que ce Manifeste fût communiqué en même temps, le 11 janvier 1944, aux autorités françaises, américaines et britanniques. L'ambassadeur de l'URSS à Alger en reçut, lui aussi un exemplaire.» – Paris, Ed. Albin Michel, 1976, p.35. C'est aussi le cas du rôle vital du théâtre et l'indépendance du Maroc autour du Manifeste du 11 janvier 1944 des réformes préalables pour l'indépendance en langues arabe et française, de 1922 à nos jours. Aussi verrons-nous:
I) La genèse du théâtre et l'indépendance du Maroc autour du Manifeste du 11 janvier 1944 des réformes préalables pour l'indépendance en langues arabe et française.
II) Le théâtre et l'indépendance du Maroc autour du Manifeste du 11 janvier 1944 des réformes préalables pour l'indépendance en langues arabe et française.
III) Le théâtre et l'indépendance du Maroc autour du Manifeste du 11 janvier 1944 l'indépendance par les réformes et la démocratie en langues arabe et française.
I- La genèse du théâtre et l'indépendance du Maroc autour du Manifeste du 11 janvier 1944 des réformes préalables pour l'indépendance en langues arabe et française :
Pour ce qui est de la genèse du théâtre et l'indépendance du Maroc autour du Manifeste du 11 janvier 1944 des réformes préalables pour l'indépendance en langues arabe et française, il est historiquement loisible de constater que l'adoption du théâtre comme instrument socio-éducatif des masses par les nationalistes marocains pourrait s'inscrire dans la campagne théâtrale de feu leader Allal El Fassi contre le théâtre de propagande coloniale, relatée par Mohamed El Alami à cet égard: "Cette troupe [coloniale de Lamnioui fomenteur d'un complot raté contre Allal El Fassi], et financée par le capitaine Rodinot, agent de la Résidence, à Fès [au Sud du Maroc, sous Protectorat français], se rendit à Tétouan [au nord du Maroc, sous Protectorat espagnol], pour présenter une de ses pièces théâtrales, mais Allal écrivit aux nationalistes de Tétouan leur demandant de boycotter les représentations. Et effectivement la troupe de Lamnioui, qui fut présentée à la population pour ce qu'elle était, c'est-à-dire un simple noyau de propagande colonialiste, subit un échec total dans sa tournée." – "Allal El Fassi, Priarche du nationalisme marocain", Casablanca, Ed. Dar El kitab, 1975, p.56.
II- Le théâtre et l'indépendance du Maroc autour du Manifeste du 11 janvier 1944 des réformes préalables pour l'indépendance :
Nul n'a mieux su exprimer l'impact du théâtre sur la vie publique que Beaumarchais (1732-1799), cité par Michel Etcheverry en ces termes: "Le théâtre est un géant qui blesse à mort tout ce qu'il frappe. On doit réserver ses grands coups pour les abus et pour les maux publics [v. ici le colonialisme]." – "Beaumarchais", "Lectures intégrales", Op.cit., pp.12-13. En effet, selon Abdelkader Smihi, Allal El Fassi avait accueilli favorablement la fondation, en 1926, de la troupe théâtrale des élèves du lycée Moulay Idriss, à Fès: "Un groupe des anciens élèves de l'école Moulay Idriss de Fès, composé de MM: Larbi Douiri, Mohamed Belarbi El Fassi, Larbi Kassara, entreprit de fonder une première troupe théâtrale à Fès, et ce à leur retour du Caire, en 1923 (...). Du fait, une première association dramatique se constitua sous la présidence de Mohamed Zghari. La première pièce que la troupe représenta fut celle de "Salâh Ed-Dîn Al Ayûbî" [Saladin] de Njib Haddad, au théâtre «Grabando» de Boujloud." – "Nach'atu al masrahi wa ar-riâdati fî al maghribi" (La naissance du théâtre et du sport au Maroc), Rabat, Ed. Maktabatu al Maârif, 1986, pp.274-275.
Au Nord du Maroc colonisé par l'Espagne, le leader Abdelkhalek Torrès rapporte, en 1946 : «Venait de paraître La revue «Al Anwâr» [Les lumières] : et eut un accueil favorable dans tous les milieux, une revue qui, par sa subtilité et la beauté de sa facture, est étrangère à notre pays, car il s'agit d'une revue théâtrale dans un pays sans théâtre." – "Hâjatunâ ilâ masrahin" (Notre besoin d'un théâtre), "Min Thurât at-Torrîs", Ed. Arissala, 1970, p.75. En vérité, "le théâtre et l'indépendance du Maroc autour du Manifeste du 11 janvier 1944 des réformes pour l'indépendance en langues arabe et française" fait suite chronologiquement à deux plans de réformes présentés successivement : à Madrid, le 1er mai 1931, par les nationalistes marocains de la zone Nord et le 1er décembre 1934 à Paris, par les nationalistes marocains de la zone Sud.
"Toutefois, écrit M. El Alami, les nationalistes réclamaient des réformes dans le domaine de la politique générale et des libertés publiques. Le C.A.M. [le Comité d'Action Marocaine – 1934, au Sud] demandait notamment l'abolition de la politique des «grands caïds», la création de municipalités élues, de chambres économiques régionales élues et d'un conseil national élu, dont les décisions seraient subordonnées à l'approbation du Sultan, seul détenteur de la souveraineté. Le C.A.M. ne rejetait pas le principe du Protectorat. Tout au plus, son ambition était-elle de le transformer en une sorte de mandat, formule que la Société des Nations [la S.D.N.] avait mise à la mode, après la guerre de 1914-1918." – Op.cit., p.63. Ce fut l'étape inféconde des réformes préalables, pour l'accès à l'indépendance, (1912-1944). Elle sert de source au théâtre et l'indépendance du Maroc autour du Manifeste du 11 janvier 1944, en langues arabe et française, des réformes à la fois: socio-éducatives, éthico-politiques et ethnoculturelles. D'où :
1- Le théâtre et l'indépendance du Maroc autour du Manifeste du 11 janvier 1944 des réformes préalables socio-éducatives pour l'indépendance en langues arabe et française:
D'emblée, notons que la plupart des pièces en langues arabe et française, citées du corpus (1922-1992), sont par leurs dates de parution ou de représentation tantôt antérieures tantôt postérieures au Manifeste du 11janvier 1944 et à l'indépendance du Maroc, en 1956 et s'étendent par leurs thèmes jusqu'à nos jours (2017). D'où par exemple la pièce : "Intisâr al haqqi bi al bâtil " (La victoire du juste par l'injuste - 1933), d'Abdelkhalek Torrès (1933-1970). Ecrite en langue arabe par A. Torrès en 1933, la pièce "Intisâr al haqi bi al bâtili " (La victoire de la raison par la superstition), ne fut jouée qu'en 1936 par le comité dramatique d'"Al Maâhad al Horr" (l'Institut libre – 1932) – R. Heddadou, "Masrahu Abd El khaleq Torrîs" (Le Théâtre d'Abdelkhalek Torrès), Tétouan, Ed. Dar Chwiakh, 1988, p. 91. Il y traite de la société marocaine en quête de son identité nationale, défaite par le colonialisme, en proie aux coutumes archaïques, à l'ignorance, aux maladies, à la misère et aux fausses croyances. En témoigne cet extrait de la pièce :
-"Le père: Je n'accorde aucune valeur à ton voyage en Espagne [Métropole du Protectorat], comme si tu avais épuisé toutes les sciences de ton pays natal [Tétouan]. Maîtrise d'abord ce que détiennent les scientifiques de ta patrie, ensuite si tu es encore avide – sans faille – de sciences, voilà Fès [notre capitale intellectuelle] devant toi. Quant à aller apprendre la civilisation, l'adultère et le clinquant, c'est une chose à laquelle je ne saurais consentir ni me permettre.
"Le fils: ...Mais si je désire partir pour Madrid, c'est que ma vocation pour la science moderne est si forte et qu'un homme ne saurait exceller en une chose que si sa vocation y est plus forte qu'en toute autre. Et puis, nous avons chez nous suffisamment de spécialistes de la méthode marocaine traditionnelle, alors que la nation a besoin de qui la guiderait dans son obscurité actuelle et lui désigner la voie du salut. Il est indigne de nous de rester dans toutes nos affaires dépendants d'autrui. »" – Acte 1, sc.1, Op.cit., pp.135-137.
"Certes, spécifie le feu leader A. El Fassi, nous avons continué [en 1925] à œuvrer pour la création de plusieurs écoles [libres] réformistes dans différents centres [urbains et ruraux] qui furent le noyau autour duquel se regroupaient des catégories actives locales [de militants]. Mais, elles furent le plus souvent fermées par l'autorité [coloniale, au Sud, au Nord du Maroc et à Tanger]." – "Al harakâtu al istiqlâliatu fî al Maghribi al arabî" (Les mouvements d'indépendance au Maghreb arabe), Tanger, Ed. A. Guessous, 1948, p.139. "Et en octobre 1928, écrit Jean Wolf, il [Haj Abedeslam Bennouna] envoie une première mission (il y en aura d'autres!) d'étudiants marocains suivre des cours [des études] à l'école secondaire palestinienne «Najah» [en Palestine] qui jouit d'une flatteuse réputation aussi bien dans le Maghreb qu'au Moyen-Orient." – "L'épopée d'Abd El khaleq Torres", Casablanca, Ed. Eddif-Balland, 1994, p.154-155.
2- Le théâtre et l'indépendance autour du Manifeste du 11 janvier 1944 des réformes préalables éthico-politiques pour l'indépendance en langues arabe et française:
Les réformes préalables éthico-politiques ont effectivement motivé en amont le théâtre et l'indépendance du Maroc autour du Manifeste du 11 janvier 1944, pour l'indépendance en langues arabe et française, mettant en cause l'image avilie de la société marocaine diffusée par la colonisation. "La société colonisée, indique Frantz Fanon, n'est pas seulement décrite [par le colon] comme une société sans valeurs. Il ne suffit pas au colon d'affirmer que les valeurs ont déserté, ou mieux n'ont jamais habité le monde colonisé. L'indigène est déclaré imperméable à l'éthique, absence de valeurs, mais aussi négation des valeurs." – "Les damnés de la terre", Paris, Ed. Maspéro, 1968, p.10. Ce dont rend compte la pièce : -"Yâ Abd El Krim!" (Ô, Abdelkrim! - 1958) de Mohamed El Haddad (né au début du XXe siècle):
C'est à quoi renvoie cette déclaration de M. El Haddad, dramaturge de langue arabe, au public théâtral de la ville de Tétouan, le lendemain de la représentation de sa pièce "Al Walid Ibnu Abdi al Malik", en octobre 1928, empreinte de la volonté du théâtre et l'indépendance autour du Manifeste du 11 janvier 1944 pour les réformes préalables éthico-politiques pour l'indépendance de la société marocaine du joug colonial : "Messieurs, [dames] le même jour qu'aujourd'hui de l'an dernier 1347 [de l'H./1928] débuta notre première expérience dans le théâtre. Nous invitâmes la jeunesse [marocaine] d'y assister, étant donné ce qu'il dispense comme leçons civiques [réformes éthico-politiques]. Nous reçûmes alors l'encouragement du public, comme nous le reçûmes de vous aujourd'hui." – "Nach'atu al masrah...", Op.cit., p.95. La pièce glorifie Mohamed Abdelkrim Al Khattabi (1882-1963), feu leader de la guerre du Rif (1919-1926) et les causes éthico-politiques de sa reddition face à la coalition militaire franco- espagnole. On y lit :
- "Le soldat: Salut Ô héros!
"Abdelkrim: Salut à toi, brave homme! Qu'as-tu apporté comme nouvelles?
"Le soldat: Nos forces ont affronté les forces françaises, mais nos forces durent lâcher pied et furent contraintes de beaucoup reculer. Elles furent traquées par les forces françaises. Les forces espagnoles voulurent en profiter et ils auraient coupé la route devant nous, sans la fermeté dont firent preuve nos hommes. Ce qui obligea les Espagnoles à revenir vers leurs positions.
"Abdelkrim (A part): La cause est perdue (Au soldat) retourne immédiatement auprès de tes compagnons, et donne leur l'ordre de tenir bon, de patienter et de combattre les ennemis." – Acte 5, sc.1, Op.cit., p.268.
Or, tel que le dévoile F. Fanon, au sujet de l'éthico-politique du colonisé : "Pour le colonisé, être moraliste [éthico-politique] c'est, très concrètement, faire taire la morgue du colon [v. du traître à la patrie], briser sa violence étalée, en un mot l'expulser carrément du panorama." – Op.cit., pp.12-13. A. Belhachmi dépeint dans cette pièce de langue française le drame d'une famille révoltée contre un père irascible Omar, juge, félon au service du règne du roi fantoche Mohammed Ben Arafa, lors de l'exil du roi légitime Mohamed V, par la résidence générale du Protectorat français, à Rabat, (1953- 1955). Ainsi est-t-il du crime de haute trahison, parmi les valeurs éthico-politiques fréquemment dénoncés dans le théâtre et l'indépendance autour du Manifeste du 11 janvier 1944 des réformes préalables pour l'indépendance. Civisme, patriotisme et citoyenneté engagée au service des réformes éthico-politiques pour l'indépendance, exaltés à travers la guerre du Rif (1919-1926), et l'exil de feu S.M. Mohamed V (1953-1956). Telles sont les valeurs prônées également dans la pièce en langue française : "L'oreille en écharpe" (1956) d'Ahmed Belhachmi (né en 1927-), dont notamment cet extrait :
-"LA FILLE.- Je sais que la nomination de papa t'a beaucoup affectée.
LA MÈRE: Se laisser nommer juge dans ces conditions! C'est ignoble!
LA FILLE.- Que veux-tu... il était sans travail...
LA MÈRE.- Sans travail, il aurait dû rester.
LA FILLE.- Et nous?
LA MÈRE.- Que dis-tu, «et nous»? Valons-nous donc mieux que ce peuple entier qui croupit dans ces cachots étroits [les nationalistes]. Valons-nous donc mieux que ces hommes qui ont préféré vivre réellement captifs dans un désert [le leader Allal El Fassi, etc.] plutôt qu'apparemment libres dans un palais? Valons-nous mieux surtout que cet homme qui a fait don de sa personne, de sa famille, de son trône; valons-nous mieux que cet homme dont la hauteur de caractère et la noblesse d'âme rallient – quand ils y pensent – jusqu'à ses opposants [feu S.M. Mohamed V]?..." – Acte 3, sc.1, Op.cit., pp.114-115.
«L'unité nationale, écrit F. Fanon, est d'abord l'unité du groupe, la disparition des vieilles querelles et la liquidation définitive des réticences. Dans le même temps, la purification [éthico-politique] englobera les quelques autochtones qui, par leurs activités, par leur complicité avec l'occupant ont déshonoré le pays. Par contre les traîtres et les vendus seront jugés et châtiés. Le peuple dans cette marche continue qu'il a entreprise légifère, se découvre et se veut souverain." – Op.cit., p.82.
C'est le cas aussi de la défaite du traître rebelle Djilali ben Driss Zerhouni (alias Bou Hamara: 1862-1909), antihéros de la pièce d'Abdelkbir Khatibi : "Le prophète voilé" (1979) Ce félon dont J. Wolf évoque : "C'était un Berbère arabisé, nommé Djilali ben Driss Zerhouni el Youssefi, âgé d'une quarantaine d'années, originaire du village des Ouled-Youssef, dans le Zerhoun. [...] Après avoir voyagé en Algérie et en Tunisie, [...] rentra au Maroc; et, pour vivre, il dut s'établir aspirant-marabout [faux prophète] sous le vocable de Bou Hamara [...].Vis-à-vis de la foule, il se déclara être Moulay M'hammed ben el Hassan, frère aîné du jeune sultan [My Abdelaziz] et se posa lui-même en prétendant au trône. [...] (Ce) n'est qu'en 1908 que Moulay Hafid, successeur de Moulay Abd el Aziz, réussira à le capturer, le fera promener à travers les rues de Fès dans une cage de fer [...]. Ce qui est sûr, c'est qu'il le fit exécuter." – "L'épopée d'Abd El khaleq Torres", Op.cit., p.90. C'est le protagoniste de la pièce "Le prophète voilé (1979) d'Abdelkebir Khatibi (1938-2009), figurant dans cet extrait :
-"[Le Khalife (le Sultan légitime) reçoit les nouvelles de la progression de la rébellion du faux Prophète (Bou Hamara) et donne ses instructions militaires au Vizir.]
-"LE VIZIR (voix désabusée)
Catastrophe, Seigneur! Notre armée de Khorasan [d'Oujda] est complètement défaite. Guerre expéditive, Seigneur! (...)."
" LE KHALIFE (marchant lentement)
Eh bien! Armée défaite, armée renouvelée, Vizir. C'est la règle du jeu. Doublez les effectifs, il faut écraser cette révolte. Vite et bien (silence, le Khalife, un peu triste) Tu dis que le charlatan a construit le plus beau château de Khorasan [de Selouane], quel affront! Oser se mesurer à ma splendeur! (se tournant vers le Vizir) Je le veux vivant, des pieds à la tête. Vivant, tu m'écoutes, je veux voir son visage. Mais avant, je lui aurai préparé la plus grande humiliation. (Réfléchissant, le Vizir veut parler, le Khalife arrête son intention par un geste.) Voyons, on le fera circuler en ville [de Fès] dans une cage, une grande cage, n'est-ce pas? (Brusquement.) Comment est-il?" – Paris, Ed. L'Harmattan, 1979, Op.cit., tableau V, pp.49-50.
Cependant, à ces réformes préalables éthico-politiques pour l'indépendance succédera l'indépendance pour les réformes et la démocratie, dans le théâtre et l'indépendance autour du Manifeste du 11 janvier 1944, tant ethnoculturelles, qu'éthico-politiques, demeurées lettres mortes inscrites, dans le Traité du Protectorat (1912), et systématiquement dénoncées, par le Manifeste l'indépendance du 11 juin 1944 réclamant l'indépendance du Maroc. D'où :
3 – Le théâtre et l'indépendance du Maroc autour du Manifeste du 11 janvier 1944 des réformes préalables ethnoculturelles pour l'indépendance :
Quant au théâtre et l'indépendance autour du Manifeste du 11 janvier 1944 des réformes préalables ethnoculturelles pour l'indépendance, le dahir berbère 1930 instauré par le Protectorat franco-espagnol au Maroc constitua le ressort symbolique et matériel du mouvement national unitaire marocain. "En 1930, la démocratie française [du Protectorat], écrit feu S.M. Hassan II, prétendit inventer au Maroc un nouvel Etat : la Berbérie. On s'appuya sur des connaissances ethniques et linguistiques douteuses, mais surtout sur des féodaux et des chefs traditionnels sans scrupules, des ulémas aux idées rétrogrades et des cheikhs de confréries religieuses dont le prétendu mysticisme masquait une roublardise trop connue (...). Dans les écoles, les enfants apprirent non seulement que leurs ancêtres «étaient les Gaulois», mais que leurs parents et eux-mêmes s'étaient trompé de religion [l'Islam]." – "Le défi", Op.cit., pp.20-21. Ce dont traite cette pièce du théâtre et l'indépendance du Maroc autour du Manifeste du 11 janvier 1944, intitulée : "Al Qalbu al kabîru" (Le grand cœur- 1973) de Mohamed Dahrouch (1943-2013), et à travers l'extrait suivant :
+ "[Le jeune homme 8 Abdelkrim délibère politiquement avec les jeunes gens 1 et 7 sur l'identité et la différence ethnoculturelles entre colonisateur et colonisé et la cause de l'occupation étrangère du pays.]
"Le jeune homme 7: Les nationalistes sont en prison.
Le jeune homme 1: La politique, non [prohibée par l'occupant]!
Le jeune homme 7: La torture et la persécution des hommes d'honneur.
Le jeune homme 1: Je t'ai dit: la politique, non!
Le jeune homme 7: (En colère) Est-ce que le patriotisme, c'est de la politique?
Le jeune homme 8: A votre avis, le patriotisme, c'est de la politique. Et la défense de la patrie, c'est de la politique!
Le jeune homme 7: Moi, j'aime mon pays, comme eux [les colons] aiment le leur. Ils ont leur pays et j'ai le mien. Ils ont leurs traditions et j'ai les miennes. Pourquoi sont-ils venus nous coloniser? Pourquoi?" – Op.cit., Acte 1, sc. 6, pp.36-37.
F. Fanon écrit au sujet de la contradiction de l'intellectuel colonisé face à la culture du colon, et son aliénation : "Cette foi proclamée en l'existence d'une culture nationale est en fait un retour ardent, désespéré vers n'importe quoi. Pour assurer son salut, pour échapper à la suprématie de la culture blanche [coloniale], le colonisé sent la nécessité de revenir vers des racines ignorées, de se perdre, advienne que pourra, dans ce peuple barbare. Parce qu'il se sent devenir aliéné..." – Op.cit., p.150. A cet égard S.M. Hassan II note dans "Le défi": "Les enfants ont un sens inné de la justice et lorsque je récitais à M. Deville Le loup et l'agneau de La Fontaine, cette fable pour nous [les Marocains] n'en n'était pas une. [...] C'est seulement en 1957 que j'ai lu ces réflexions du maréchal Lyautey à Wladimir d'Ormesson. Elles sont datées de Rabat, janvier 1919: «La plèbe et la muflerie française [inculte] s'en donne à cœur joie.»" – Op.cit., p.27.
Suite vendredi prochain


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