Le Maroc célèbre, ce lundi, le 66e anniversaire de la présentation du Manifeste de l'indépendance, qui constitue une des épopées de la lutte pour la libération du pays du joug colonial français. Le 11 janvier 1944 reste en effet une date capitale dans l'histoire contemporaine du Royaume, en ce sens que la présentation du Manifeste a été une réaction au traité du protectorat du 30 mars 1912. Les Marocains, au nord comme au sud, ne se sont jamais résignés à se plier à l'autorité coloniale. En témoignent les multiples affrontements qui se sont produits, notamment à El Hri, dans la région de Khénifra en 1914, Anoual, dans le Rif en 1921, et Boukaf, dans la région de Tinghir, en 1933. En avril 1934 est né le Comité d'action marocaine, première organisation nationaliste qui présentait un plan de réforme au gouvernement français, à feu Mohammed V et au résident général de l'époque, le Maréchal Lyautey (auquel succèdera en 1936 le général Noguès). De 1934 à 1944, ce comité s'est transformé en mouvement nationaliste, dont l'objectif était de faire valoir ce plan de réforme. Le 11 janvier 1944 a constitué un tournant stratégique dans l'avenir du pays à travers la présentation du Manifeste de l'indépendance, qui allait sonner le glas du protectorat et donner le coup d'envoi à un long processus, qui mènera vers la restauration de l'indépendance. Une résistance sur tous les fronts Les signataires du Manifeste revendiquaient, purement et simplement, l'indépendance du pays. Sitôt rendu public, le document provoqua à la fois la surprise et la colère des autorités coloniales, ainsi qu'une prise de conscience populaire, qui s'est traduite par le ralliement au mouvement national de toutes les couches sociales et de toutes les organisations politiques et syndicales du pays. Le Manifeste a eu pour autre résultat de provoquer sur l'ensemble du territoire de grandes manifestations populaires, et des vagues d'arrestations et d'emvprisonnements orchestrées par les colonisateurs français. Depuis, les régions du pays connaîtront un large mouvement de résistance politique, mais aussi armée : jusqu'à la veille de l'indépendance du Maroc en 1956, des groupuscules allaient semer la terreur dans les rangs des occupants français et de leurs affidés marocains. La mémoire nationaliste a d'ailleurs gardé une page de l'histoire en leur gloire : Al Yad Assaouda (La main noire), Al Hilal Al Assouad (Croissant noir) et l'emblématique Al Mounadama assirriya (L'Organisation secrète).