Comme pour célébrer en pompe le centenaire de la création du premier musée au Maroc, 2016 restera une année associée à une multitude d'expositions qui ont confirmé la vocation internationale d'une dynamique artistique de plus en plus foisonnante. En effet, la Fondation nationale des musées (FNM) participe pour la deuxième année consécutive à la "Semaine culturelle du Maroc à Abu Dhabi" (jusqu'au 24 décembre) avec une exposition qui, faisant la part belle aux parures et à l'art équestre, donne à voir plus de 220 objets mettant en exergue la diversité du patrimoine marocain. Le parcours muséographique de cette exposition se décline en deux parties : une première dédiée à la parure et au costume féminin et une seconde à l'art équestre et ses attributs. Les 220 pièces proviennent du Musée la Kasbah des cultures méditerranéennes Tanger, de Dar Si Saïd Marrakech, de Dar Jamaï Meknès, du Musée des Oudayas et du Musée Archéologique de Rabat. Les objets proviennent de différents centres de production, dont les villes de Tétouan, Fès, Meknès et Essaouira, ainsi que des régions de l'Anti-Atlas, du Haut Atlas et plus particulièrement du Sahara. Des pièces maitresses (coiffe de mariée, diadème ou encore pectoraux en or) viennent illustrer les différentes techniques d'exécution telles l'incise, l'ajouré, la filigrane... L'exposition se termine avec un focus sur l'importance du cheval dans l'héritage iconographique marocain, avec différentes représentations de cette figure dont les plus anciennes remontent à l'Antiquité. Cette présence à l'international rend l'écho de l'exposition "Maroc-Russie, une histoire antique partagée" au Musée Pouchkine à Moscou, inaugurée le 16 mars dernier par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, à l'occasion de la visite officielle du Souverain à la Fédération de Russie. Au vu de son succès retentissant auprès du public russe, cette exposition qui drainait quotidiennement près de 5.000 visiteurs a été prolongée de dix jours (jusqu'au 4 mai) pour permettre aux visiteurs de découvrir, à travers des sculptures romaines dont certaines n'ont jamais quitté le territoire national, l'histoire que le Maroc partage avec le monde. Ce fut également l'occasion de mettre en valeur le patrimoine historique du Maroc et de rappeler la permanence de son unité et le rayonnement de sa civilisation, à travers l'exposition de pièces majeures des collections du Musée archéologique de Rabat, dont des objets en bronze issus des principaux sites romains antiques du Maroc. A cette occasion, la FNM avait signé des conventions de partenariat avec le Musée de l'Ermitage et le Musée du Kremlin, deux grandes institutions muséales russes de renommée internationale, portant sur le partage des expertises et des échanges dans le domaine muséal. De l'autre côté de l'Atlantique, le célèbre buste en bronze de Juba II (datant de l'an 25 av. J.-C.), un des chefs d'œuvres du patrimoine archéologique marocain, a été exposé, du 18 avril au 17 juillet, au prestigieux Metropolitan Museum de New York dans le cadre d'une exposition exceptionnelle. Ce musée, considéré comme le plus grand du monde, a mis en valeur ce sublime bronze lors de l'exposition Pergamon et les royaumes hellénistiques de l'Ancien Monde. Juba II est revenu sain et sauf à Rabat, après avoir passé presque 5 mois à New-York où il a fait sensation, le New York Times le qualifiant d' "oeuvre la plus émouvante". En interne, l'on retiendra l'inauguration par SAR la Princesse Lalla Salma, le 18 avril, de la rétrospective d'Alberto Giacometti (1901/1966) au Musée Mohammed VI d'art moderne et contemporain (MMVI) à Rabat, une exposition d'envergure internationale, la première du genre en Afrique, pour un des plus grands maîtres de l'art du XXème siècle. Les Marocains ont eu droit, du 20 avril au 4 septembre, d'apprécier quelques 46 sculptures, 19 peintures, 30 dessins, ainsi que des objets d'art décoratif et une riche documentation photographique révélant les multiples aspects de l'œuvre de Giacometti, et de découvrir un itinéraire chronologique et thématique présentant les divers aspects de cet artiste et les principaux thèmes de sa réflexion créative. La rétrospective met notamment l'accent sur l'influence capitale pour Giacometti de sa rencontre avec les arts d'Afrique et les antiquités égyptiennes vues au palais du Trocadéro, au Musée du Louvre et sur les revues d'art de l'époque. L'exposition a présenté, aux côtés des chefs d'œuvres bien connus comme la "Boule suspendue", "La Cage" et "L'homme qui marche", des œuvres uniques et des plâtres originaux, dont plusieurs plâtres peints. Une galerie de portraits peints et de dessins inédits complète l'ensemble. Faut-il rappeler que cette rétrospective est venue immédiatement après une exposition de César Baldaccini (1921/1988) qui, du 9 décembre 2015 au 14 mars dernier, a permis aux Marocains d'apprécier une quarantaine d'œuvres de l'artiste bien avant leur exposition au Centre Georges Pompidou ? Cette exposition monographique, significativement intitulée "César, une passion méditerranéenne", a été l'occasion de redécouvrir les multiples facettes d'un artiste hors pair qui a une grande histoire avec le Maroc, César ayant "travaillé sur le Maroc, aimé le Maroc, s'est nourri du Maroc", selon Mehdi Qotbi, président de la FNM. Décidément résolu à voir toujours plus haut, toujours plus grand, le MMVI s'apprête à accueillir, après César et Giacometti, une rétrospective des œuvres majeures du génie du cubisme Pablo Picasso, à partir d'avril prochain, sous le signe "Face à Picasso". En attendant, le MMVI braque déjà les projecteurs sur les "Femmes: Artistes marocaines de la modernité 1960-2016", le temps d'une exposition qui, du 26 novembre au 8 mars prochain (tout un symbole !), devrait réunir 26 artistes et 120 œuvres autour d'un dialogue sur la créativité au féminin.