L'approche marocaine proactive en matière de lutte antiterroriste et sa démarche multidimensionnelle en la matière ont été mises en avant, dernièrement à Bruxelles, lors d'une conférence au Parlement européen. Présentant les grandes lignes de la stratégie marocaine en matière de lutte antiterroriste et le rôle du Royaume dans le cadre de la coopération internationale dans ce domaine, devant un parterre d'eurodéputés, de diplomates et de responsables européens et maghrébins, M. Karim Kassi Lahlou, gouverneur, directeur des Affaires générales au ministère de l'Intérieur a souligné que le Maroc ayant pris la mesure de la gravité de la menace terroriste et partant du fait que le volet répressif à lui seul ne saurait suffire pour contrecarrer ce fléau, contribue aujourd'hui aux efforts de la communauté internationale en mettant sur pied une stratégie fondée sur une approche multidimensionnelle, qui englobe également le volet juridique, celui de la formation, de l'encadrement religieux et le volet socio-économique. Après avoir rappelé que le Maroc a été la cible de plusieurs attentats terroristes, notamment en 1994, 2003 et 2011, M. Kassi Lahlou a souligné que plusieurs réformes ont été initiées pour contrecarrer ce phénomène, notamment le renforcement du cadre juridique en conformité avec le droit international et dans le respect des droits de l'homme, la réforme du code pénal, la loi contre le blanchiment d'argent, l'incrimination de l'apologie du terrorisme. D'autres actions sont venues renforcer le volet juridique et sécuritaire, a-t-il poursuivi, soulignant à ce titre la création du Bureau central d'investigations judiciaires ( BCIJ ). M. Kassi Lahlou a également évoqué le renforcement de la sécurité spirituelle à travers la restructuration du champ religieux en vue de prémunir la société marocaine contre les velléités des extrémistes et l'expérience marocaine dans la formation des imams et morchidates, la mise en place des Conseils régionaux des oulémas et le rôle que joue le conseil Européen des Ouléma Marocains dans l'encadrement spirituel et le rayonnement des valeurs et préceptes de l'Islam du juste milieu sur la base du rite malékite. Il a également rappelé la création de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains qui traduit la détermination du Royaume à être un vecteur d'un islam ouvert et tolérant, notant que le Maroc a partagé son expérience avec plusieurs partenaires européens et africains en matière de formation des imams. Le Maroc œuvre également à déconstruire le discours extrémiste et à inculquer un Islam tolérant et ouvert, à travers notamment la révisions des manuels scolaires et à éradiquer la précarité et l'exclusion grâce à une approche économique et sociale qui vise à créer de l'emploi aux jeunes et les opportunités d'insertion sociale, citant à titre d'exemple, l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH) lancée par SM le Roi Mohammed VI en 2005. Le Maroc, a-t-il ajouté, en tant que force de stabilisation dans la région, considère que la sécurité de l'Europe ne peut être dissociée de celle de la rive sud de la Méditerranée dans laquelle il joue un rôle clé désormais reconnu de tous. De même, a-t-il poursuivi, le Royaume considère que la sécurité dans le bassin méditerranéen doit être approchée en tenant impérativement compte de ce qui se passe dans l'espace sahélo-saharien, objet aujourd'hui de convulsions et d'entreprises malveillantes visant l'affaiblissement des entités étatiques et, à terme, la déstabilisation de toute la région. M. Kassi Lahlou a réaffirmé, dans ce cadre, que le Maroc demeure engagé à travailler et à collaborer avec le Maghreb et l'Union européenne en développant une synergie d'actions basée sur l'engagement sincère et la confiance mutuelle. Gilles de Kerchove, coordinateur de l'Union européenne pour la lutte contre le terrorisme, qui a pris part à cette conférence, s'est, quant à lui, félicité de l'expérience du Maroc en matière de lutte antiterroriste et de l'engagement du Royaume auprès de ses partenaires européens pour venir à bout de ce fléau. À l'issue de cette conférence, à laquelle a pris part également l'ambassadeur du Maroc auprès de l'Union européenne, Ahmed Reda Chami, le responsable européen a souligné que l'Union européenne souhaite développer davantage sa coopération avec le Maroc, un partenaire clé en la matière. «La grande expérience dont bénéficie le Royaume en matière de lutte antiterroriste et son statut de partenaire privilégié de l'Union européenne militent en faveur de ce renforcement», a affirmé M. de Kerchove. Il a ajouté que «l'UE veut renforcer ces liens avec le Maroc dans un cadre qui complète et qui consolide la coopération bilatérale déjà établie entre le Royaume et plusieurs pays européens comme la France, la Belgique ou l'Espagne», se disant disposé à rencontrer les responsables marocains pour examiner les voies et moyens de renforcer ce partenariat.