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Enquête nationale intitulée «Jeunes, marginalités et violences au Maroc»: L'exclusion politico-sociale des jeunes mène à une amplification de la violence
L'exclusion politico-sociale des jeunes conduit à une croissance de la violence au sein de la société, selon les résultats d'une enquête nationale intitulée "Jeunes, marginalités et violences au Maroc" menée à l'initiative de l'Institut des études sociales de Rabat (Rabat Social Studies Institute- RSSI) en partenariat avec la Fondation Heinrich Böll Stiftung. Exposant les résultats de cette enquête, la présidente du RSSI, Saloua Zerhouni, a révélé qu'il existe, au Maroc, une jeunesse plurielle et diversifiée qui ne peut être appréhendée comme une catégorie socialement homogène, précisant que les jeunes interviewés "ne se sentent intégrés ni dans le processus de développement socio-économique ni dans la construction politique". "Le besoins de ces jeunes en termes d'éducation, de formation, de santé, de loisirs et surtout de reconnaissance d'une place au sein de la société ne sont pas satisfaits", a-t-elle indiqué lors d'une conférence-débat dédiée à la présentation de cette enquête. Malgré ces conditions, a-t-elle précisé, ils sont nombreux à se sentir comme des acteurs de développement et de changement, à même de créer leur propre espace pour faire de la politique différemment et à "vouloir s'engager pour changer la situation et aspirer à plus de liberté et de justice sociale". Cette étude, conduite durant deux ans auprès de 177 jeunes issus de 6 régions du Royaume par le biais de 19 focus groupes et 36 entretiens, vise à "explorer les liens potentiels et les interactions entre le phénomène de la marginalité et celui de la violence, chez les jeunes issus de différents milieux, géographique, socio-économique, culturel et politique", a affirmé la présidente du RSSI. Cette enquête quantitative aborde les représentations de la jeunesse, les sens que les jeunes donnent à la violence, leurs vécus et les registres de mobilisation empruntés pour influencer les politiques les concernant et le changement de manière générale, a-t-elle expliqué, faisant observer que les jeunes interviewés, âgés entre 17 et 32 ans, ont été choisis en fonction de leur milieu d'origine et du type de marginalité (politique, socio-économique et culturelle). "A travers cette étude, qui a permis de braquer les projecteurs sur la diversité des profils intitulés+comportements+ et sur les valeurs des jeunes qui sont mis à l'écart dans la société, nous souhaitons apporter au public un éclairage concernant les représentations et les vécus des jeunes au sein de la famille, de l'école/université ou encore dans l'espace public de manière générale", a relevé Mme Zerhouni. Pour sa part, la directrice du bureau Heinrich Böll Stiftung, Dorothea Rischewski, a mis l'accent sur l'importance de cette étude qui reflète l'hétérogénéité et la multitude des problèmes et des difficultés que la jeunesse marocaine affronte aujourd'hui, notant qu'il est indispensable de rester à l'écoute de leurs revendications afin d'assurer leur intégration dans la société. "Une intégration active dans la société permettra à cette jeunesse de mettre en avant ses capacités intellectuelles, culturelles et sociales", a-t-elle estimé. Mme Rischewski a, par ailleurs, assuré que le travail du RSSI permettra aux décideurs de prendre en considération les résultats de cette étude dans la planification des politiques publiques concernant les jeunes. "D'autant plus que la violence du côté des jeunes est toujours un phénomène inquiétant, indiquant un manque d'intégration social", a-t-elle fait remarquer. "La violence est un phénomène majeur qui se voit régulièrement dans plusieurs domaines du quotidien qui risque de déstabiliser la société", a-t-elle poursuivi, faisant observer qu'"une active intégration des souhaits et craintes des jeunes peut stabiliser et préserver le lien social entre les générations, les régions et les classes sociales qui s'avère primordiale pour un bon fonctionnement de la société". Les différents intervenants ont, à cet égard, relevé l'impératif d'impliquer les jeunes dans la dynamique économique et sociale du pays et les associer à toute stratégie de développement national, de créer des services d'orientations pour l'emploi au sein des universités et des quartiers défavorisés, d'instaurer une véritable politique de dialogue entre les jeunes et les décideurs et consulter les jeunes sur les réformes et politiques les concernant, entre autres. Cette conférence-débat, à laquelle ont pris part notamment des universitaires, des représentants de la société civile et des personnes œuvrant pour la jeunesse, a été marquée par la présentation de plusieurs exposés, tels que "la marginalité des jeunes au Maroc : facteurs explicatifs", "Jeunes, marginalités et violences : cadres conceptuels et théoriques" et "Jeunes, marginalités et violences au Maroc : réalités et actions possibles".