Dans le cadre des événements de l'Agenda de l'Action, la quatrième journée de la COP22 organisée à Bab Ighli à Marrakech a été dédiée à la thématique des « Villes et des établissements humains» afin de permettre la présentation de l'état des lieux de la contribution des villes à la lutte contre le changement climatique. Lors de cet évènement co-organisé par le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) et les Gouvernements locaux pour le Développement Durable (ICLEI), les dirigeants de l'évènement ont décrit les principales mesures que les gouvernements nationaux peuvent maintenant prendre en partenariat avec eux pour aider à atteindre leurs objectifs locaux qui font partie intégrante du succès des plans d'action climat nationaux. En effet, les villes, les communes et les régions permettent la réduction importante des émissions de gaz à effet de serre dès la mise en œuvre de leurs engagements climatiques. Elles agissent localement et forment des partenariats mondiaux, une caractéristique mise en lumière lors de la journée mondiale sur la résilience des villes. « L'Accord de Paris est entré en vigueur, ce qui est une excellente nouvelle : cela signifie que nous pouvons enfin nous concentrer sur la mise en œuvre rapide des engagements qu'il contient », a déclaré Gino Van Begin, Secrétaire général de l'ICLEI. «Les nations rassemblées à la COP22 doivent maintenant faire preuve de leadership en fournissant un cadre solide pour appuyer l'action et une feuille de route substantielle pour intensifier l'action climatique et combler l'écart des émissions avant qu'il ne soit trop tard. L'action climat dans et par les villes, les communes et les régions sera déterminante pour nous assurer de rester sur la voie des 2°C, avec la cible d'atteindre les 1,5°C », a-t-il ajouté. La COP22 a été baptisée la «COP de la mise en œuvre» et la Journée des villes et des établissements humains a mis en évidence le potentiel d'action local pour cette mise en œuvre, axée sur la résilience et l'efficacité des bâtiments. Dans ce cadre, il y a lieu de signaler que le Pacte mondial des maires pour le climat et l'énergie s'appuie sur les travaux du Pacte des maires et de l'Alliance des maires de l'Union Européenne et promet d'être une puissante plate-forme pour les gouvernements locaux pour faire le suivi et communiquer leurs propres engagements climatiques. Les faits saillants de cette Journée sur la résilience des villes et des établissements humains se résument en trois points essentiels, à savoir : - Une large coalition de partenaires composée de réseaux de gouvernements locaux, universités et organisations internationales, organisera une conférence scientifique internationale sur les changements climatiques et les villes en 2018. Un appel sera lancé aux villes lors de la Journée thématique pour accueillir cette conférence. - Un nouvel outil d'évaluation, qui sera présenté lors de la matinée, permettra un report qualitatif normalisé des engagements relatifs à l'adaptation à la Convention mondiale des maires. - L'Alliance pour le leadership en matière de financement climatique des villes (CCFLA) présentera les principaux résultats du rapport de présentation des initiatives des membres de l'Alliance sur les finances infra-nationales et locales. Le rapport confirme que la mise au point des projets en phase initiale (phases de préparation et en amont) est cruciale pour s'appuyer sur des stratégies et des projets climatiques appropriés. Il met en évidence les approches d'ingénierie financière qui soutiennent le développement de stratégies urbaines climatiques en des projets concrets d'investissement urbain qui comprennent des composantes relatives aux co-bénéfices et de gestion des risques. Les zones urbaines représentent environ 70% des émissions mondiales liées à l'énergie. Le secteur des bâtiments et de la construction représente à lui seul plus de 20% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Réaliser une réduction de 80% des émissions carbonées du secteur d'ici 2050 (comme le prévoit l'Agence internationale de l'énergie) sera crucial pour le succès de l'Accord de Paris. Mais le changement climatique est déjà en train de se produire et place la priorité sur l'adaptation au climat extrême par les gouvernements infranationaux. Selon la Banque Mondiale, l'adaptation au changement climatique pourrait coûter entre 80 et 100 milliards de dollars par an, dont 80% devront être investis dans les zones urbaines. Aussi, il y a lieu de relever qu'un dialogue spécial sur le financement de la résilience urbaine, organisé par l'Alliance Internationale des Gouvernements Locaux (FMDV) et la coalition multi-parties prenantes et multi-niveaux (CCFLA) a abordé la question de la sécurisation des fonds pour les projets de résilience à long terme. De nombreuses actions visant à adapter les zones urbaines au changement climatique ont également des effets positifs sur l'atténuation, et vice-versa, ce qui constitue une double victoire pour l'action climatique des villes. Citons par exemple la rénovation de bâtiments anciens et la construction de nouveaux bâtiments à faible consommation d'énergie et à haute performance énergétique. L'Alliance mondiale pour les bâtiments et les constructions a lancé une feuille de route pour les bâtiments, axée sur les bâtiments à faible consommation d'énergie dans les zones chaudes et tropicales et sur l'amélioration de l'accès au financement, en particulier pour les pays en développement. Selon l'Alliance mondiale pour les bâtiments et la construction, « nous devons prendre en compte le secteur des bâtiments et de la construction car il a le plus grand potentiel d'atténuation des émissions de gaz à effet de serre, un potentiel au moindre coût. Cela nécessite une vision intégrée, en tenant compte non seulement des émissions directes et indirectes des bâtiments, mais aussi des matériaux dont ils sont construits, afin de garantir que l'Accord de Paris aura un impact durable sur nos villes et sur le monde ». Les zones urbaines sont également au centre de nombreux cadres mondiaux, non seulement de celui de l'Accord de Paris, mais aussi des objectifs de développement durable et du Nouveau programme urbain. L'action locale intersectorielle et à multi-niveaux est la clé d'un effet multiplicateur, qui peut changer le visage des environnements urbains tout en apportant une contribution essentielle à la réalisation d'objectifs climatiques ambitieux. L'ambition cumulée des contributions déterminées au niveau national ne permet pas au monde de respecter l'objectif de maintenir les températures mondiales bien en deçà de 2 degrés Celsius. Les gouvernements nationaux doivent donc appuyer les gouvernements infranationaux au sein de partenariats étroits, en fournissant des cadres d'action pour la lutte contre le changement climatique local et un financement conforme aux défis auxquels ils sont confrontés. Les gouvernements locaux sont souvent plus à même d'établir une intégration verticale efficace de toutes les mesures afin d'intensifier l'action climatique tant dans les pays développés que dans les pays en développement. L'accomplissement de la promesse faite par les pays développés d'atteindre 100 milliards de dollars par an de financement d'ici 2020 pour soutenir les actions dans les pays les plus pauvres et les plus vulnérables est également un facteur critique à la réalisation des objectifs de Paris. L'urbanisation la plus rapide se situe aujourd'hui dans les pays en développement. Ces pays ont besoin d'un soutien opportun et adéquat pour éviter les infrastructures à haute teneur en carbone et pour mettre en place des solutions résilientes et bas carbone dès que possible. À propos du Programme de l'action mondiale pour le climat Un programme détaillé visant à stimuler la coopération entre les gouvernements, les villes, les entreprises, les investisseurs et les citoyens a été élaboré afin de réduire rapidement les émissions de gaz à effet de serre et d'aider les pays vulnérables à s'adapter aux impacts climatiques et à se construire un avenir durable fondé sur les énergies propres. Le Programme de l'Action mondiale pour le climat est un soutien essentiel et un catalyseur à la mise en œuvre rapide et effective de l'Accord de Paris sur les changements climatiques. Pour Hakima El Haité et Laurence Tubiana : « Un an après la COP21, la forte dynamique de l'action climat continue de se renforcer. Alors que nous nous réunissons à Marrakech, le temps est venu de commencer à faire le point sur ce qui a été accompli au cours de l'année passée. Pour être en harmonie avec les objectifs à long terme, tous les acteurs devront collaborer, pas seulement pour atteindre les objectifs nationaux des NDC, mais pour les dépasser et combler le fossé des émissions. Cette urgence devrait nous guider tous vers une accélération des efforts immédiats et la mise en œuvre de mesures ambitieuses. Nous devons identifier les options politiques concrètes et les outils que nous devrons mobiliser à court terme. Les données scientifiques sont claires : la voie qui mène à l'atteinte des objectifs à long terme doit nous amener à une culmination des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2020. C'est un défi, et nous en sommes encore loin. Selon les tendances actuelles, nous serons en 2030 entre 11 et 14 gigatonnes au-dessus des valeurs compatibles avec l'Accord de Paris. Le but de ces journées thématiques à la COP22 est de renforcer tous les efforts et de les faire passer au niveau supérieur pour pouvoir rester dans le champ de nos objectifs, à savoir rester bien en-dessous de la limite des 2°C et si possible des 1.5°C, accroître les capacités en adaptation et résilience, et réorienter les flux financiers. Il est de notre responsabilité de faire le lien entre le monde réel et le processus de la COP. Les dirigeants politiques du monde entier devraient écouter et s'inspirer des solutions que nous avons à portée de main».