«C'est grâce à la technologie biomédicale de pointe et aux équipes multidisciplinaires de neurosciences réunies dans ce Centre que de tels progrès ont été réalisés dans la prise en charge des maladies du système nerveux au Maroc», souligne la même source, notant que le Centre National de Réhabilitation et des Neurosciences a été construit et équipé à l'Hôpital des Spécialités par la Fondation Hassan II pour la prévention et lutte contre les maladies du système nerveux, entre 2002 et 2007. Une équipe de neurochirurgie et de neurophysiologie du CHU Ibn Sina de Rabat, vient d'introduire au Maroc, pour la première fois, la technique d'hémisphérotomie pour traiter certaines épilepsies complexes résistantes au traitement médical, indique mardi un communiqué du Centre National de Réhabilitation et des Neurosciences à l'hôpital des Spécialités relevant du même CHU. Grâce à une collaboration que les équipes marocaines ont tissée avec une équipe Indienne de (All India Institute for Medical sciences à New Delhi), deux patients, âgés de 19 et 20 ans, ont été, dans un premier temps, explorés puis sélectionnés par l'équipe de neurophysiologie, dirigée par Pr. Réda Ouazzani. Les deux patients ont été opérés les 25 et 26 octobre 2016 par l'équipe de neurochirurgie du Centre des Neurosciences, dirigée par Pr. Abdeslam El Khamlichi, avec l'assistance du Pr. Sarat Chandra, Directeur du Centre d'excellence pour la chirurgie de l'épilepsie à All India Institute for Medical Sciences, et Président de la Société Asiatique de la chirurgie de l'épilepsie. Ces interventions se sont très bien passées, et les deux patients ont pu rejoindre leur chambre d'hôpital, après un séjour de trois jours en réanimation. Aucun n'a plus fait de crises d'épilepsie depuis l'intervention, précise le communiqué. Cette création s'est faite suite aux Hautes Directives de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, qui voulait faire de ce centre une pièce angulaire pour la prévention de l'handicap au Maroc, ajoute-on. L'hémisphérotomie est une intervention neurochirurgicale qui consiste à supprimer les connexions entre les deux hémisphères cérébraux pour venir à bout de l'épilepsie, le cerveau étant constitué de deux parties, appelées chacune hémisphère cérébral (droit et gauche). Tout en ayant une différence dans leurs spécificités fonctionnelles, les deux hémisphères fonctionnent ensemble en harmonie pour assurer à l'organisme les fonctions motrices, sensitivo-sensorielles, affectives, langage, mémoire, équilibre etc. Cette harmonie de fonctionnement est permise grâce à des connexions multiples entre les milliards de cellules (neurones) qui composent chaque hémisphère. Il y a des maladies qui surviennent, souvent dans l'enfance (origine malformative, vasculaire, inflammatoire...) qui altèrent le volume, la structure ou l'organisation spatiale d'un hémisphère cérébral. Ces maladies se manifestent assez tôt (5-10 ans) et se traduisent par des signes neurologiques divers. Parmi ces signes, les crises d'épilepsie qui résistent aux médicaments et se répètent plusieurs fois par jour (jusqu'à 100 parfois), transformant ainsi la vie de l'enfant et de sa famille en un véritable calvaire, et aboutissant rapidement à une décompensations avec des troubles de mémoire, de comportement et un retard psychomoteur. Ces crises d'épilepsie prennent leur naissance dans l'hémisphère malade à travers des foyers multiples et se propagent ensuite à l'hémisphère sain. Depuis une vingtaine d'années (fin des années 1990) les neurochirurgiens et neurophysiologistes ont constaté que la suppression des communications ou des connexions entre l'hémisphère malade (origine des crises) et l'hémisphère sain, entrainent un arrêt ou une diminution importante du nombre de crises. C'est la naissance d'une technique neurochirurgicale dite hemisphérotomie fonctionnelle comme méthode de traitement de ces formes sévères de l'épilepsie. L'hémisphérotomie fonctionnelle a commencé à être pratiquée en Amérique du Nord et en Europe entre 1992 et 1998, mais reste réservée à certains centres de référence spécialisés dans la chirurgie de l'épilepsie.