Combien consomme ce bâtiment? Le bâtiment vert et l'efficacité énergétique sont-ils un luxe réservé aux nantis et aux favorisés ? Une transition énergétique dans le bâtiment est-elle réalisable dans notre pays? Comment appliquer des normes d'isolation thermique, y compris pour le logement économique et social malgré l'inertie, les pesanteurs et la corruption qui gangrènent le secteur? Telles sont quelques interrogations qu'on pouvait avoir à l'issue de la première édition du colloque organisé jeudi 20 octobre dernier à Rabat par l'institut de Recherches en énergie solaire et énergies nouvelles (IRESEN) en collaboration avec l'agence de développement des Énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique et GTZ, l'agence de Coopération allemande au Maroc, sous l'égide du ministère de l'énergie, des mines, de l'eau et de l'environnement. Labélisé COP22, ce colloque avait pour objectif de permettre aux acteurs nationaux que sont les universités, les instituts de recherche, les Bureaux d'études, les entreprises de construction et les architectes de "construire" des partenariats pour le développement de solutions innovantes afin d'accompagner la stratégie énergétique nationale et favoriser le développement de villes vertes et écologiques. Créé en 2011, IRESEN est un centre de recherche dédié au solaire et qui permet de financer des recherches de partenaires tierces. En 2014, IRESEN a mis sur pied le Green Building Park, une plateforme de recherche pour les bâtiments de demain, qui sera officiellement opérationnel fin 2016. A travers plusieurs panels portant sur le cadrage institutionnel, réglementaire et stratégique, les solutions innovantes et adaptées pour la construction durable, les mécanismes et moyens de financement, ainsi que sur la formation et le développement d'expertises, ce colloque à été l'occasion de présenter les activités de recherche proposées par le Green Building Park, ainsi que les solutions innovantes d'efficacité énergétique et de construction durable existants sur le marché, de mettre sur place un réseau pour réussir le déploiement du Bâtiment vert au Maroc, mettre en place une masse critique pour atteindre l'excellence et pouvoir accompagner la stratégie nationale en matière d'efficacité énergétique. Pour cela, créer des synergies et des partenariats pour la mise en place du Green Building Park est essentiel et passe nécessairement par des collaborations qui mettront en exergue les potentialités des partenaires industriels et universitaires. Une feuille de route pour toutes nos transitions énergétiques Les efforts de notre pays en matière d'efficacité énergétique sont encore très timides et très décevants qu'il s'agisse du Bâtiment, des transports ou de l'éclairage public. Dans la majorité de nos bâtiments 75 pour cent de l'électricité consommée est affectée principalement pour le chauffage alors que le potentiel en économie est de 40 pour cent. C'est pour cela qu'une feuille de route pour toutes nos transitions énergétiques demeure indispensable pour la soutenabilité et la durabilité du modèle socio- économique. La société marocaine est minée par l'inertie, les pesanteurs et les résistances qui s'opposent au développement durable, qui en principe est une opportunité pour moderniser cette société. Pour terminer, le concept de ville verte ne concerne pas seulement le bâtiment et l'efficacité énergétique, mais englobe tout un système, voire un modèle de cité avec une consommation optimale des ressources en eau avec stockage systématique des eaux usées en vue de leur traitement et leur réutilisation dans l'arrosage, une gestion écologique des déchets avec des décharges contrôlées et une valorisation énergétique de ces déchets pour par exemple les exploiter comme carburant ou utiliser le biogaz dans l'éclairage public, des transports en commun fonctionnant avec des carburants propres et non pas des milliers de véhicules-usines à fumée qui roulent à tombeau ouvert dans nos villes, sans oublier les espaces verts et les forêts urbaines. A cet effet, une feuille de route est indispensable pour mettre les départements concernés devant leurs responsabilités à travers des objectifs chiffrés. Nos régions et nos villes devraient également avoir des plans de développement bien déterminés et non plus être gérés à la guise des décideurs et des élus locaux. Il est évident de ce point de vue que nos villes ont encore beaucoup de chemin devant elles pour remporter le pari. On en reparlera certainement.