Par Ali Hassani* A l'occasion de la célébration de Aid Al-Adha dans la région de Drâa-Tafilalet notamment par les tribus amazighes, certaines coutumes apparaissent et les scènes festives se distinguent selon la diversité culturelle et géographique, néanmoins, ces traditions ont en commun ce grand intérêt qu'accordent les populations locales à l'achat des épices en vue de préparer ce qui est communément appelé en langue amazighe «Tikourdassine». Il s'agit en fait d'un mets préparé jadis par les mamans et les grand-mères qui excellent dans la préparation de ce plat fait à base de tripes du mouton, de chèvre ou même de camelin, a indiqué l'écrivain et chercheur en patrimoine populaire local, Zaid Jrou. Le chercheur fait observer que la préparation de ce plat qui subit un processus de séchage, est intimement liée à la célébration de Aid Al-Adha, une fête où les familles ont tendance à consommer des quantités importantes de viandes rouges pour la simple raison que nombre de ménages n'achetaient pas par exemple la viande qu'à cette occasion pour divers motifs. Après l'abattage des moutons à l'occasion de Aid El-Kébir, la tradition veut que les familles réservent une partie importante de la viande jusqu'au jour de Arafat de la prochaine fête, a-t-il rappelé. Dans la perspective de pérenniser une tradition locale, les mamans aidées en cela par d'autres membres de la famille se consacrent entièrement après l'abattage de l'animal à la préparation des tripes du mouton en se servant pour cette opération de serrage des boyaux, le tout assaisonné par différents épices et le sel pour prendre en fin de compte la forme d'un long cordon qu'on place souvent sur les toits des maisons durant une semaine environ, le but étant de faire sécher la viande. Une fois la durée de l'opération prend fin, le mets est placé par les familles dans une jarre traditionnelle et aujourd'hui Tikourdassine sont bien conservées dans des congélateurs ou selon d'autres formes selon les ménages, le but étant de s'en servir en cas de besoin lors d'une visite impromptue d'un hôte de la famille. Aussi, par respect aux traditions, ce sont les grand-mères qui veillent au grain puisqu'elles ont la charge exclusive d'ouvrir la jarre le moment opportun surtout que les populations de la région de Drâa-Tafilalet ont l'habitude de réserver ce mets pour la célébration de Achoura, une fête où le couscous fait à base de Tikourdassine est servi pour le plaisir des membres de la famille.