Le commandant de la «réussi» plus importante coalition de rebelles et jihadistes en Syrie, Abou Omar Saraqeb, a été tué dans une frappe dans le nord du pays en guerre, le coup le plus dur jamais infl igé à cette alliance antirégime. L'annonce de la mort jeudi de ce jihadiste, dont on ignore la nationalité, a été faite par son groupe du Front Fateh al-Cham, ex-Front al-Nosra qui a renoncé il y a quelques mois à son rattachement al-Qaïda. On ignorait dans l'immédiat qui a mené le raid ayant tué le commandant de l'»Armée de la Conquête», une coalition qui contrôle de vastes régions du pays ravagé depuis 2011 par une guerre complexe impliquant acteurs locaux, régionaux et internationaux, en plus des jihadistes du Front Fateh al-Cham et du groupe Etat islamique (EI). Le ciel syrien est encombré par les avions du régime, ceux de la Russie, alliée du régime, et également ceux de la Turquie et de la coalition internationale antijihadistes dirigée par Washington. «Le commandant de l'Armée de la conquête Abou Omar Saraqeb est mort en martyr dans une frappe aérienne dans la province d'Alep», a annoncé sur son compte Twitter le Front Fateh al-Cham qui fait luimême partie de cette coalition, sans fournir d'autres précisions. Créée en 2015, cette coalition compte aussi dans ses rangs de puissantes factions rebelles islamistes comme Ahrar al-Cham et Faylaq al- Cham. L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une ONG qui dispose d'un vaste réseau de sources à travers le pays, a con rmé la mort d'Abou Omar Saraqeb en précisant qu'il avait été tué lors d'une réunion dans la province d'Alep, une région syrienne morcelée entre di érentes forces -rebelles, régime, groupe EI, Kurdes et tout dernièrement turques. L'ONG n'était pas en mesure de préciser qui l'a abattu. «Des avions de combat inconnus, dont on ignore s'ils appartiennent au régime, à la Russie ou à la coalition (antijihadistes), ont pris pour cible un siège où étaient réunis des commandants de l'Armée de la conquête dans la province d'Alep», a-t-elle écrit. Un autre commandant, Abou Muslem al-Chami, a été tué dans la frappe. «Il s'agit sans aucun doute du coup le plus dur jamais in igé contre le Front Fateh al-Cham et l'Armée de la conquête en Syrie», a estimé Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'OSDH. La coalition contrôle notamment la province d'Idleb (nord-ouest) et a subi cette semaine une défaite majeure après la reconquête par les troupes prorégime de quartiers du sud d'Alep qu'elle contrôlait. Abou Omar Saraqeb, connu également sous le nom d'Abou Hajjar al-Homsi ou Abou Khaled Loubnan, est l'un des membres fondateurs de «l'Armée de la Conquête». Il avait combattu en Irak au côté d'Abou Moussab al-Zarqaoui, le redouté chef d'Al-Qaïda en Irak tué dans un raid américain en 2006. Il était l'un des commandants qui avaient dirigé la bataille pour prendre le contrôle d'Idleb (nord-ouest) en 2015 et l'o ensive contre les forces du régime au sud de la ville d'Alep, principal enjeu du con it. Avec l'aide de l'aviation russe, les forces prorégime sont parvenues ces derniers jours à reconquérir les principales zones perdues dans cette zone du sud d'Alep, ce qui leur a permis de parachever l'étranglement des quartiers rebelles de cette métropole, où environ 250.000 habitants se retrouvent assiégés et manquant de tout. Kerry et Lavrov à Genève pour un accord Sur le plan diplomatique, les deux patrons des AE américaine et russe John Kerry et Sergueï Lavrov se retrouvaient vendredi à Genève pour tenter d'arracher un accord de règlement du con it meurtrier en Syrie, malgré des échecs successifs ces derniers mois. Moscou et Washington, qui soutiennent depuis plus de cinq ans des camps adverses sur le théâtre de guerre syrien, cherchent à relancer un plan de paix adopté fin 2015 par la communauté internationale et qui comprend un cessez-le-feu durable, de l'aide humanitaire conséquente et un processus de transition politique entre le régime syrien et l'opposition modérée. Après deux jours de tergiversations, le secrétaire d'Etat américain est arrivé vendredi matin à Genève, où se trouve Lavrov. Dans l'avion, les conseillers qui l'accompagnent ont affirmé que Kerry n'aurait pas fait le voyage s'il ne pensait pas qu'il y avait une chance réelle de progresser. Les deux chefs de la diplomatie n'avaient que la journée u vendredi pour aboutir à une entente, tous deux devaient rentrer chez eux vendredi soir. Kerry a encore appelé son homologue russe jeudi et ils ont notamment évoqué une éventuelle «coopération russo-américaine dans le but de détruire les groupes terroristes actifs en Syrie, de contribuer à résoudre les problèmes humanitaires et de promouvoir un règlement politique du conflit syrien», avait indiqué Moscou de son côté. Après cinq ans et demi de chaos en Syrie qui a provoqué la mort de plus de 290.000 personnes, M. Kerry est accusé par ses détracteurs de courir après M. Lavrov pour tenter d'arracher à tout prix un accord en Syrie, à quatre mois de la fin de la présidence de Barack Obama. On ne compte plus les entretiens entre les deux hommes, les derniers au sommet du G20 en Chine les 4 et 5 septembre et à Genève le 26 août. Les deux puissances, aux relations glaciales depuis 2012, discutent aussi d'une coopération militaire en Syrie pour faire respecter le cessezle- feu et lutter ensemble contre les groupes jihadistes. Mais ces multiples tractations russo-américaines n'ont jusqu'ici rien donné de concret, le président russe Vladimir Poutine ayant toutefois vanté un «certain rapprochement des positions» après un entretien informel avec M. Obama au G20 lundi. Ce dernier s'est prudemment félicité d'une entrevue «productive» avec le chef du Kremlin.