Sacrée pour la cinquième fois d'affilée en mai, la Juventus vise à partir de samedi un historique sixième titre consécutif et rien ne semble pouvoir contrarier le club turinois, dont l'effectif, pas même affaibli par le départ de Paul Pogba, paraît désormais taillé pour l'Europe. La saison dernière, la Vieille Dame avait digéré sans peine les départs conjugués de Pirlo, Tevez et Vidal pour aller décrocher un 32e scudetto, agrémenté d'une nouvelle Coupe d'Italie. Alors la perte de Pogba, certes spectaculaire, n'inquiète pas particulièrement les tifosi piémontais. «Adieu Pogba, et tant pis pour toi», affichait ainsi en Une le quotidien sportif turinois Tuttosport une fois confirmé le départ à Manchester United de l'éphémère N.10 juventino. Le titre dit bien l'amour déçu des Turinois mais il rappelle aussi que celui qui veut «devenir une légende» et «gagner le Ballon d'Or» est parti jouer l'Europa League quand la Juve, elle, grandit au point de viser la Ligue des Champions. Performant sportivement, solide économiquement, enhardi par sa finale de C1 en 2015, le club turinois croit à son modèle, qui emprunte un peu aussi au Bayern Munich et au Paris SG. Higuain renfort de poids Du club bavarois, la Juve a pris l'habitude de se renforcer en affaiblissant ses rivaux. Comme le Bayern est allé chercher Hummels à Dortmund, la Juventus a fait cet été son marché chez ses dauphins de la saison dernière. A l'AS Rome, elle a recruté Pjanic, qui pourrait être le «trequartista» que l'entraîneur Massimiliano Allegri recherche depuis longtemps. Surtout, le club bianconero a profité de son excellente santé économique pour arracher à Naples et contre 90 millions d'euros Higuain, auteur la saison dernière d'un exercice record avec 36 buts, du jamais vu en Serie A. En plus de ses deux renforts de poids, la Juventus a aussi attiré le grand espoir croate Pjaca ainsi que Dani Alves (Barcelone) et Benatia (Bayern), qui vont encore améliorer une défense qui a impressionné l'Europe cet été sous le maillot italien. «Nous avons la meilleure défense et le meilleur buteur de la saison dernière ? C'est formidable mais il y a un problème: nous avons zéro point, comme les autres équipes», a relativisé Allegri, moyennement convaincant. Car l'effectif turinois apparaît si fort et sa culture de la victoire si solidement ancrée que sa domination sur la Serie A ne fait guère de doute, à l'image du PSG en France. Et comme le club parisien, la Juventus a désormais des rêves d'Europe. «La Juventus a toujours eu l'obligation de viser le plus haut possible et nous devons tous avoir l'ambition d'atteindre les objectifs les plus élevés. Et de fait, il n'y a même pas un an et demi, la Juventus a joué une finale de Ligue des Champions», a déclaré Allegri. Un casier à vider Avant d'espérer en rejouer une à Cardiff au mois de mai, la Juventus devra tout de même régler ses affaires italiennes, face à des rivaux qui seront probablement les mêmes que ces dernières saisons. Malgré le départ de Pjanic, la Roma, au sein de laquelle Totti va disputer une 25e et (sans doute) dernière saison, sera sans doute l'adversaire principal des équipiers de Buffon. Luciano Spalletti espère que son avant-centre Dzeko va retrouver son instinct après une première saison ratée et le retour en forme de Strootman après 18 mois de blessures est un vrai plus. Pour Naples, la tâche risque d'être très compliquée avec le départ de Higuain et la fatigue de la Ligue des Champions, même si le Polonais Milik, qui remplacera l'Argentin, a montré de belles choses à l'Euro. Tous deux cédés à des investisseurs chinois, l'Inter et l'AC Milan partent de loin (5e et 7e en mai) mais espèrent retrouver les sommets grâce à de nouveaux entraîneurs, Frank de Boer pour l'Inter et Vincenzo Montella pour les rossoneri. La concurrence aura en tous cas beaucoup de travail si elle veut titiller la Juve. Qui elle, met un terme en cette fin d'été à l'ère Pogba. «Tu aurais quand même pu vider ton casier !», a ainsi écrit Patrice Evra sur Instagram, en légende d'une photo du vestiaire turinois. «Tu ne crois quand même pas que je vais te ramener tes affaires à Manchester !»