L'Institut Marocain pour le Développement Local (IMADEL) a organisé le samedi 4 juin 2016 à Marrakech, un séminaire de revue d'étape du projet « Agissons ensemble pour lutter contre la violence à l'égard des femmes et des jeunes filles dans les espaces publics de la ville de Marrakech, particulièrement l'arrondissement de Guéliz ». Mené en collaboration avec l'ONU Femmes, Entité des Nations Unies pour l'Egalité des sexes et l'autonomisation des femmes depuis février 2015, ce projet vise l'implication de tous les acteurs locaux, société civile, étudiants, habitants du quartier, police, journalistes. La logique du projet est née du constat que la lutte contre la violence à l'égard des femmes et filles ne constitue pas un processus purement technique, mais représente un processus politique et culturel qui nécessite un changement d'attitude et de comportement. Ce constat renvoie à la nécessité de mener un travail de fond pour que les acteurs de ce changement s'approprient le principe de l'égalité de genre et luttent contre la violence à l'égard des femmes et des filles dans les espaces publics, y compris le harcèlement sexuel. Dans ce cadre, IMADEL conduit depuis seize mois des actions de sensibilisation, de formation et de renforcement des capacités des acteurs locaux au sein des autorités locales, des professionnels des transports, des associations de quartier, des étudiants et de journalistes. A cette occasion, une conférence de presse a été organisée pour le lancement de la campagne de sensibilisation contre le harcèlement sexuel conçue de manière participative avec les associations de quartier. La mise en œuvre de ces actions s'inscrit dans le cadre de l'initiative « Des villes sûres, sans violence à l'égard des femmes et des filles », lancée en 2008 par ONU Femmes au niveau mondial afin de lutter contre les violences faites aux femmes et aux filles dans les lieux publics. Ce programme a notamment été développé dans des villes telles que Dublin (Irlande), Le Caire (Égypte), Quito (Équateur), New Dehli (Inde), Kigali (Rwanda), New York, Marrakech et Rabat. A Marrakech, il a été mené par ONU Femmes en collaboration avec le Conseil communal et la Wilaya et avec l'appui de la coopération espagnole (AECID). Le programme a atteint toute une panoplie d'acteurs dont l'Institut Marocain pour le Développement Local et permis la formation et la sensibilisation des élus(16) et fonctionnaires de l'arrondissement, des étudiants(200) en Droit, des agents de la police, des chauffeurs de transports publics(76), des journalistes(26), des associations de quartier(106 membres), des habitantes de quartier pour l'organisation des marches exploratoires(40)...Soit, 500 bénéficiaires du projet et qui se sont retrouvés le samedi 4 juin à Marrakech pour faire un bilan d'étape et formuler des recommandations sur les prochaines actions à accomplir pour faire de Marrakech une ville sûre, sans violence ni harcèlement sexuel à l'égard des femmes. L'originalité dans ce projet, ce sont les marches exploratoires dont le but est l'accompagnement des femmes de quartier pour le salut du quartier, une sorte d'appropriation de l'espace public. Elles sont à l'écoute des citoyennes dans leur environnement Lancée au Maroc en 2012, conjointement par l'Entité des Nations Unies pour l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes (ONU Femmes), le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF) et ONU Habitat, l'initiative « Marrakech : Ville Sûre et Amie de Toutes et Tous (VSAT) » s'inscrit dans le cadre des efforts déployés pour la protection des droits humains des femmes, et en particulier dans la lutte contre les différentes formes de violences à leur égard, y compris le harcèlement sexuel. Au cours des dernières années, le Maroc a connu un processus important de progrès des institutions détentrices d'obligations en faveur de la promotion et la défense des droits humains des femmes. Cet engagement politique institutionnel s'est manifesté à travers les réformes juridiques importantes ayant porté principalement sur le Code de Procédure Pénale, le Code Pénal, le Code de la Famille, le Code de la Nationalité et le Code Electoral. Plus récemment, en 2013, un projet de loi sur les violences faites aux femmes a également été élaboré par le gouvernement. La nouvelle Constitution, adoptée en 2011, consacre la primauté des instruments juridiques internationaux dont la Convention sur l'Elimination de toutes les formes de Discrimination à l'Egard des Femmes (CEDEF) et la Convention internationale des Droits de l'Enfant (CDE). Elle prévoit également la territorialisation des actions de développement dans un cadre de régionalisation avancée, axée sur l'intersectorialité, la proximité et la recevabilité institutionnelle des services publics. Le Plan gouvernemental pour l'égalité 2012-2016, en tant que cadre global des politiques et plans sectoriels en matière d'égalité et équité de genre, prévoit la lutte contre les discriminations et les violences à l'égard des femmes. Malgré ces avancées, des obstacles à la protection des femmes survivantes de violences persistent, d'où la pertinence de l'initiative VSAT, en tant que projet pilote visant à territorialiser la réponse programmatique par rapport aux défis de l'insécurité et de la violence à l'égard des femmes, et à associer les acteurs locaux, communautés comprises, dans l'analyse de la situation et la formulation des solutions et le suivi et l'évaluation de leur mise en œuvre. Basée sur les approches de droits humains et conçue à partir de faits, l'initiative VSAT permet aux autorités locales et aux communes, ainsi qu'à l'ensemble des défenseurs des droits des enfants, des jeunes et des femmes de mettre en œuvre des mesures visant à accroître la sécurité et à réduire la violence dans les espaces publics, y compris la violence sexuelle et le harcèlement à l'égard des femmes et des filles. Visant à faire de Marrakech une ville sûre par la réduction de la violence à l'égard des femmes, dans les espaces publics, et notamment du harcèlement sexuel, ce projet participera à l'atteinte des trois effets suivants : 1. Les acteurs locaux (détenteurs d'obligations) assurent un environnement juridique et institutionnel et des services appropriés et coordonnés pour prévenir et protéger les femmes contre les violences 2. Les femmes (titulaires de droit) sont capables de prévenir la violence à leur égard, et influencent effectivement la politique territoriale en matière de renforcement de la sécurité et de lutte contre les violences à leur égard 3. La communauté en général, hommes, garçons, femmes et filles, est mobilisée pour répondre à et prévenir la violence à l'égard des femmes Sur la base de l'étude de conception conduite au cours de la première phase de ce projet, l'ONU Femmes et IMADEL ont développé un plan d'action pour l'année 2015, qui vise à développer les réponses locales aux violences faites aux femmes et aux filles (VFF) dans les espaces publics, et plus particulièrement au harcèlement sexuel dans les transports. Les chauffeurs de taxi de la ville de Marrakech seront ainsi sensibilisés aux VFF et des pistes de prévention et de réponses à ces violences leurs seront proposées. Dans ce contexte, IMADEL lance un appel à consultation pour le recrutement d'un/e expert/e pour la réalisation d'un sondage d'opinion sur la prévalence de la violence faite aux femmes et aux filles dans les espaces publics, et notamment le harcèlement sexuel, dans l'arrondissement de Guéliz de la ville de Marrakech. Les données révélées par ce sondage permettront de renseigner la réflexion programmatique du projet « Agissons ensemble pour lutter contre la violence à l'égard des femmes et des jeunes filles dans les espaces publics de la ville de Marrakech, et plus particulièrement de l'arrondissement de Guéliz » et d'enrichir les connaissances en matière de lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles. Créé en partenariat avec la Diputation de Barcelone, IMADEL a pour mission d'influencer positivement les politiques et les programmes publics en rapport avec le développement local et de promouvoir les principes de l'action participative entre acteurs gouvernementaux et non-gouvernementaux, à travers des activités de formation, de plaidoyer et de réalisation d'études et de recherches.