Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine, que Dieu L'assiste, accompagné de SAR le Prince Moulay Rachid, et de SA le Prince Moulay Ismail, a présidé, vendredi au Palais Royal de Casablanca, la troisième causerie religieuse du mois sacré de Ramadan. Cette causerie a été animée par le professeur chercheur à Oxford Mohammad Akram Nadwi, sous le thème «les efforts de la femme dans le Hadith du Prophète», s'inspirant du verset coranique : «Quiconque, mâle ou femelle, fait une bonne oeuvre tout en étant croyant, Nous lui ferons vivre une bonne vie. Et Nous les récompenserons, certes, en fonction des meilleures de leurs actions». Le conférencier a rappelé, au début de son intervention, que le Hadith du Prophète - que la paix et le salut soient sur Lui – constitue, après le Saint Coran, la deuxième source renfermant les préceptes, l'esprit et les valeurs morales de l'Islam dans différents domaines. Bien que les plus célèbres rapporteurs (rouwate) de Hadith soient des hommes, la gent féminine a, elle aussi, fait ses preuves dans ce domaine, a relevé l'intervenant qui indique avoir rédigé un ouvrage intitulé «Al Wafaa fi asmaa annissa : tarajim nissaa al hadith annabaoui acharif» compilant, en 40 tomes, les biographies de plus de 10.000 femmes ayant rapporté des Hadiths du Prophète. Lors de cette causerie, il s'agit de donner un aperçu sur ce travail de recherche élaboré sur la base d'une étude minutieuse de nombreux ouvrages de Hadith, de biographie et d'histoire, a-t-il indiqué. S'attardant sur les qualités reconnues des femmes «rawiyate», le conférencier a noté que ces dernières ont été réputées non seulement pour leur rigueur et compétence en matière d'apprentissage et d'enseignement du Hadith, mais aussi pour leur assimilation parfaite des paroles du Prophète et leur souci de les mettre en application. Et de faire remarquer que les oulémas n'ont jamais fait de distinction entre les hommes et les femmes pour ce qui est du Hadith, de la théologie (Fiqh) et des autres branches du savoir. Au contraire, a-t-il argué, de nombreux Hadiths rapportés par une seule femme compagnions du Prophète «sahabiya» (ayant vécu à l'époque du Prophète) ont été plébiscités par la Oumma, et à la différence des hommes dont beaucoup étaient réputés monter des Hadiths de toute pièce, aucune femme parmi celles qui se sont adonnées à cette activité n'a été pointée du doigt pour sa malhonnêteté. Les femmes ont également excellé dans la mémorisation par cœur des propos du Messager de Dieu, en premier lieu les épouses même du Prophète paix et salut soient sur Lui, qui mémorisaient et enseignaient sans faille un grand nombre de Hadiths, a-t-il noté, citant à cet égard Oum Al Mouminine Aicha qui comptait à son actif 2.210 Hadiths, la fille de Sa'id Ibn Al-Muusayyib, un grand savant et un orfèvre en la matière, qui s'est appropriée toute la science de son père, et la fille de l'Imam Malik qui a appris «Al-Muwattaa» par cœur. Mieux encore, a-t-il poursuivi, certains parmi les plus éminents compagnons du Prophète et après eux, des Imams et érudits de renom, ont rapporté dans leurs ouvrages des Hadiths et différentes connaissances religieuses qu'ils ont appris des bouches de femmes. Les plus célèbres d'entre eux sont Al Imam Ibn Taymia, Al Imam al-Dahabi, Al Hafid Ibn Hajar al-Asqalani et Al Hafid Jalal al-Dine al-Suyuti qui ont tous référé à des femmes dans leurs ouvrages respectifs. Place de la gent féminine au sein de la Oumma islamique Selon le professeur Mohammad Akram Nadwi, certaines femmes ont si bien maîtrisé cette science qu'elles se sont mises à l'enseigner à leurs époux qui les citaient en référence et n'hésitaient pas à les solliciter pour la résolution d'une telle problématique ou la compréhension d'une telle subtilité du Fiqh. C'était notamment le cas de Fatima Bint al-Mundir Ibn al-Zubayr Ibn al-Awam, une des Alimate les plus en vue de son époque, et de son époux Hicham Ibn Ourwa grâce à qui une grande partie de l'héritage scientifique de cette grande savante a été immortalisée, a-t-il précisé. Et de souligner que les six ouvrages de référence en matière de Hadith, rédigés par al-Bukhari, Muslim, Abou Daoud, al-Tirmidhi, al-Nassai et Ibn Majah, renferment pas moins de 2.764 Hadiths rapportés par des femmes. Ces Hadiths, tout comme ceux rapportés par les hommes, couvrent une grande variété de sujets allant de la foi (al-Aqida) aux obligations rituelles (al-Ibadate) et règles de conduite en société (al-Mou'amalate), en passant par la commanderie des croyants (Al Imara), le Jihad et les bonnes mœurs, a précisé l'intervenant. Les femmes avaient coutume de tenir des séances d'enseignement du Hadith dans leurs maisons, dans les écoles ou encore dans l'enceinte des mosquées, a-t-il renchéri, faisant observer que personne, parmi les compagnons du Prophète ou les générations postérieures de Fouqaha et rapporteurs de Hadith n'a décrié cette pratique ou essayé de la circonscrire. Selon l'intervenant, le parcours de ces femmes est révélateur de la place qu'occupe la gent féminine au sein de la Oumma islamique, d'autant plus que l'enseignement du Hadith du Prophète, paix et salut soient sur Lui, a toujours été perçu comme une immense responsabilité et une tâche des plus délicates. Il a attiré l'attention, à ce propos, sur le fait que la contribution des femmes dans ce domaine s'est faite au grand jour, dans les enceintes des institutions religieuses les plus prestigieuses et les plus vénérées telles que les mosquées et ce, à la faveur des grandes qualités morales et scientifiques desdites femmes. En conclusion, le professeur Akram Nadwi a relevé que le Maroc ouvre la voie aux femmes pour jouer un rôle similaire à celui de leurs prédécesseures. «Il n'y a rien d'étonnant à ce que le Royaume du Maroc prenne soin du Hadith Acharif sous le règne de Votre Auguste dynastie», a-t-il dit. Parmi les manifestations de cet intérêt porté au Hadith, il a mentionné l'organisation des causeries religieuses durant le mois de Ramadan, l'engouement, qu'il a constaté de visu, des étudiantes à Dar Al Hadith Hassania pour les différentes disciplines en relation avec le Hadith, et l'institution, sur Hautes Instructions Royales, du Prix Mohammed VI d'Ahl Al Hadith, décerné chaque année. A l'issue de cette causerie religieuse, Sa Majesté le Roi a été salué par MM. Ibrahim Sulu-Gambari, gouverneur de l'Etat de Kwara au Nigeria, Mounir Tlili, ancien ministre des Affaires religieuses en Tunisie, Alan Godlas, professeur associé au Département de la religion à l'Université de Georgie aux Etats-Unis, Mohamed Ben Mustapha Falsen, chercheur en métaphysiques en France, et Al Mokhtar Ould Mballa, conseiller à la présidence de la République de Mauritanie chargé des affaires religieuses. Le Souverain a également été salué par MM. Abdul Hanan Hamed, professeur à l'Académie de Da'wa au Pakistan, Abdelhalim Lattah, adjoint du directeur du cabinet du Cheikh Al Islam de la zone Sud de Thaïlande, Saïd Hibatullah Kamilev, directeur de l'Institut de la Civilisation islamique à Moscou, Abdelmajid Daoud, professeur au Centre Nour Al Islam de l'enseignement arabo-islamique de Lagos (Nigeria) et Fanso Mohamed Jami, président de la Fondation Mohammed VI pour la Paix en Gambie.