L'Allemagne, championne du monde, n'a pas trouvé la clé face à une robuste Pologne, jeudi au Stade de France, lors du choc du groupe C de l'Euro-2016 (0-0), avec un match intense et disputé, mais assez pauvre en actions nettes. Avec ce résultat, les deux équipes totalisent quatre points, l'Allemagne ayant une meilleure différence de but, mais aucune des deux n'est qualifiée. Mais la grande perdante du groupe s'appelle l'Ukraine, qui passe à la trappe. Lors de la dernière journée, les champions du monde devront se méfier des Nord-Irlandais, qui ont battu les Ukrainiens un peu plus tôt (2-0) et qui ont donc trois points, alors que les Polonais rencontreront une Ukraine d'ores et déjà éliminée. On s'attendait à un match très âpre entre deux équipes qui se connaissent bien pour s'être rencontrées dans la poule qualificative dont elles ont fini aux deux premières places. On savait aussi que la Pologne, emmenée par un Robert Lewandowski qui a fait un très gros match, tout comme le milieu de Séville, Grzegorz Krychowiak, ne ferait aucun complexe face à la Mannschaft, qu'elle a battue pour la première fois de son histoire il y a un an et demi (2-0). Et elle a effectivement copieusement bousculé une équipe allemande qui peine à retrouver le niveau de son sacre mondial brésilien. Signe que le sélectionneur allemand Joachim Löw craignait vraiment cette équipe polonaise, il avait choisi de titulariser son stoppeur habituel Mats Hummels, gêné à un mollet depuis plusieurs semaines qui n'avait que trois entraînements dans les jambes. Le défenseur, récemment recruté par le Bayern, a d'ailleurs très bien tenu sa place, effectuant notamment une très belle intervention dans les pieds d'Arkadiusz Milik qui partait au but (57e). La charnière centrale aura été la grosse satisfaction allemande, ne laissant que très peu d'opportunités aux attaquants polonais, Lewandowski et Milik. Ce dernier peut toutefois regretter d'avoir raté les deux occasions les plus nettes de son équipe. La première, au tout début de la deuxième période, avec un centre fuyant de Kamil Grosicki, qu'il effleurait du nez. Insuffisant pour mettre le ballon au fond (46e). Il se mettait encore en évidence sur un centre en retrait du Rennais, mais, seul au point de pénalty, il ratait inexplicablement le ballon (69e). L'attaque allemande inquiète Côté allemand, l'attaque continue en revanche à inquiéter, à l'image de ces 7 tirs, tous hors-cadre de la première mi-temps, du jamais vu pour la Mannschaft dans un Euro depuis l'édition 1988, et un match contre l'Italie. On pourra toujours argumenter que la défense polonaise est l'une des plus imperméable de l'Euro, comme le montre le fait qu'elle ait attendu la 47e minute et une frappe sur le gardien d'un Mario Götze autrement transparent, pour concéder son premier tir cadré de la compétition. Mais hormis une reprise taclée et non-cadrée de Toni Kroos, après que Thomas Müller se soit arraché sur la gauche pour récupérer le ballon et centrer à ras de terre (16e), et une reprise sans contrôle de Mesut Özil (70e), bien détournée au-dessus par Lukasz Fabianski, la production offensive allemande a été plutôt faible. Le manque de vitesse et de précision de ceux considérés il y a peu encore comme des magiciens du contrôle et de la passe devient vite rédhibitoire face à une défense regroupée, lorsqu'on joue avec un «faux neuf». L'Allemagne peut s'estimer heureuse de passer sans encombre ce premier gros test face à une équipe blanche et rouge - toute en rouge jeudi soir - qui pourrait bien être, avec un brin de réussite et de réalisme en plus de la part de ses redoutables attaquants, l'équipe surprise du tournoi.