Voisins à l'histoire chargée, l'Allemagne et la Pologne se retrouvent pour le sommet du groupe C de l'Euro-2016, jeudi à 21h00 (19h00 GMT) au Stade de France, une troisième confrontation en quelques mois après un duel serré lors des éliminatoires. Vainqueurs respectifs de l'Ukraine (2-0) et de l'Irlande du Nord (1-0), la Mannschaft et les Polonais ont la qualification pour les huitièmes de finale en ligne de mire. Le gagnant du match, s'il y en a un, pourrait même s'adjuger la première place du groupe, si l'Ukraine et l'Irlande se neutralisent dans l'autre match qui se déroule trois heures plus tôt à Lyon. Jusqu'ici, l'histoire ne plaide pas en faveur des «bialo czerwony» (blanc et rouge), qui en 20 confrontations, ont perdu 13 fois, fait 6 nuls et gagné qu'une seule fois, pour 34 buts encaissés contre 12 marqués seulement. Dans ces défaites figure notamment le match homérique de la Coupe du Monde 1974 à Francfort, qui devait départager Allemands et Polonais pour la place de finaliste. A égalité de points avant le dernier match de la poule du deuxième tour -- il n'y avait pas de phase à élimination directe alors --, les champions d'Europe allemands emmenés par Franz Beckenbauer avaient remporté une véritable bataille navale sous le déluge et sur une pelouse gorgée d'eau, grâce à un but de l'inévitable Gerd Müller (1-0). Malgré ce passé sportif largement défavorable, les hommes d'Adam Nawalka ne se présenteront pas en victimes expiatoires sur la pelouse de Saint-Denis. D'une part parce que leur seule victoire face à l'Allemagne est toute récente. Elle remonte à octobre 2014, lors des éliminatoires, contre une Allemagne couronnée championne du monde au Brésil trois mois plus tôt. A Varsovie, la Pologne s'était imposée 2-0 avant de s'incliner 3-1 à Francfort au match retour. Elle avait ensuite fini 2e de la poule D et s'était qualifiée directement pour sa troisième phase finale de l'Euro, quatre ans après avoir organisé l'évènement conjointement avec l'Ukraine. Autre signe que l'histoire n'a pas vocation à se répéter indéfiniment, le succès contre l'Irlande dimanche dernier était le premier dans une phase finale d'Euro pour les coéquipiers de Robert Lewandowski. Chasser les fantômes L'attaquant vedette sera d'ailleurs l'arme numéro un des Polonais face à des joueurs qu'il connaît par coeur pour les avoir côtoyés à Dortmund (Hummels, Götze) ou au Bayern (Neuer, Boateng, Müller, Schweinsteiger, Kroos, à nouveau Götze et le jeune Kimmich). «Ils me connaissent très bien, on se connaît très bien. Mais peu importe qui joue, pour chaque poste ils ont des super joueurs avec une super technique», a déclaré le buteur du Bayern au sujet de ce duel avec ses coéquipiers passés et présents. L'Allemagne a retenu la leçon de sa défaite historique à Varsovie et ne prendra certainement pas ce match à la légère. Jerome Boateng et Lukas Podolski, qui connaît très bien la sélection adverse puisqu'il est né en Pologne et qu'il y a encore de très nombreuses attaches familiales et amicales, ont tous les deux souligné en conférence de presse le potentiel offensif de cette équipe jeune et talentueuse, à l'image d'Arkadiusz Milik, le milieu de terrain offensif de l'Ajax Amsterdam, buteur à Varsovie contre l'Allemagne. Après une entrée en matière plutôt positive, à défaut d'être convaincante, contre l'Ukraine, l'Allemagne va devoir poursuivre sa montée en puissance. Les retours de son patron Bastian Schweinsteiger et de Mats Hummels très bientôt en défense devraient l'aider à solidifier sa défense et rendre son attaque percutante, conditions impératives pour retrouver le niveau de son sacre mondial il y a deux ans. Ce sera aussi l'occasion pour la Mannschaft de chasser quelques fantômes, qui aura certainement dans un coin de sa tête la terrible soirée du 13 novembre, au cours de laquelle elle avait dû passer la nuit dans les vestiaires du Stade de France en raison de la vague d'attentats qui avaient touché Paris et ses abords, jusqu'à quelques mètres à peine de l'enceinte sportive.