Le sénateur américain du Connecticut, élu peu avant le massacre de Sandy Hook, a lancé une obstruction parlementaire. Après la fusillade d'Orlando, qui a fait quarante-neuf morts dimanche 12 juin, le sénateur démocrate Chris Murphy a lancé une obstruction parlementaire devant le sénat américain pour demander une action du Congrès en matière de contrôle des armes à feu. Murphy et certains de ses collègues démocrates ont commencé à parler de la nécessité des réformes vers 11 heures du matin le 15 juin et ils n'ont cessé de parler que... quatorze heures et cinquante minutes après, lorsque le Sénat a ajourné la séance, à plus de 2 heures du matin. Le Sénat devait voter sur une proposition de budget mais, tant que le sénateur Murphy reste debout dans la salle, lui et ses collègues ont le droit de continuer l'obstruction. Une députée du Connecticut a fait envoyer un colis à Murphy pour l'aider à tenir: avec du soda, des chipset des coussinets pour pieds. Murphy avait ainsi annoncé ses intentions sur Twitter: «Je suis prêt à rester debout devant les sénateurs et à parler de la prévention de la violence par armes à feu autant de temps que je peux. J'en ai #assez.» Rien au niveau fédéral Il a rapidement reçu des encouragements venant d'Hillary Clinton, la candidate démocrate à la présidentielle: «Certains combats sont trop importants pour qu'on reste silencieux. Empêcher la violence par armes à feu en est un. Reste fort @ChrisMurphyCT». Le sénateur Chris Murphy avait commencé son mandat peu après la tuerie dans l'école élémentaire de Sandy Hook, à Newtown, où vingt enfants et six adultes avaient été tués en 2012. Depuis, s'il a réussi à faire passer des lois au niveau de son État pour encadrer plus rigoureusement les ventes d'armes à feu, rien n'a changé au niveau fédéral: «J'en ai assez. Cela fait quatre ans et rien n'a été fait.» Une dizaine d'autres sénateurs démocrates ont parlé, notamment Cory Booker, du New Jersey, Richard Blumenthal, également du Connecticut. Un sénateur républicain, Pat Toomey, de Pennsylvanie, a aussi participé à l'obstruction. Vérification des antécédents Son action est un «filibuster» un peu inhabituel: ces obstructions sont en général utilisées pour bloquer une loi, comme l'avait fait la lorsqu'elle avait parlé pendant onze heures pour empêcher le passage d'une loi anti-avortement. Or, dans le cas de Murphy, il s'agit, à l'inverse, d'une obstruction pour forcer les sénateurs à passer des lois, notamment une qui rendrait systématique la vérification des antécédents des acheteurs d'armes. Actuellement, si quelqu'un achète une arme dans une foire, une vente privée ou sur internet, aucune vérification n'est requise. Une dizaine d'Etats ont des lois allant dans ce sens, mais rien au niveau fédéral. Les Démocrates veulent aussi une loi pour empêcher les personnes suspectées de terrorisme par le FBI de pouvoir acheter des armes. Le tueur d'Orlando, Omar Mateen, avait fait l'objet d'enquêtes du FBI mais n'avait eu aucun mal à se procurer un semi-automatique en Floride. Alors que l'obstruction continuait, des Républicains et Démocrates ont commencé des négociations sur le sujet mais, le soir du mercredi 15 juin, elles n'avaient encore mené à rien, souligne Politico. En partie à la suite de critiques venant d'Hillary Clinton, Donald Trump a annoncé mercredi 15 qu'il allait rencontrer des représentants de la NRA, le lobby des armes, pour demander une interdiction des ventes aux personnes sur la liste des suspects terroristes du FBI. La NRA a publié un communiqué indiquant que leur organisation soutenait une telle interdiction. Pourtant en décembre 2015, une telle interdiction n'avait pas eu assez de votes pour passer au Sénat.