Consolidation de la modernisation et de la mutation progressive et profonde du tissu productif national, et accélération du rythme des grandes réformes structurelles pour une croissance économique équilibrée et durable permettant la réduction des inégalités sociales, spatiales et de genre. Tel est, en tout cas, selon la DEPF (Direction des Etudes et de la Prévision Financière), le défi auquel le Maroc est confronté dans le sillage de l'opérationnalisation de la régionalisation avancée. Le lancement par le Maroc d'une multitude de stratégies sectorielles structurantes, au cours de cette dernière décennie, constitue l'épine dorsale du renouveau de son modèle de développement, souligne la DEPF dans sa nouvelle étude intitulée: « Les infrastructures socioéconomiques au service d'un développement régional, équitable et inclusif ». Ces stratégies sont appelées, dans un contexte mondial et régional en perpétuelle mutation, à enclencher une véritable dynamique économique, à instaurer des changements structurants dans le système productif national et à impulser une réelle dynamique territoriale en s'inscrivant dans une vision globale du Maroc consistant à mieux gérer l'existant, à identifier le potentiel et l'exploiter et à explorer de nouveaux relais de croissance. D'un point de vue territorial, cela permet d'établir la distinction entre trois niveaux de développement régional : des régions dynamiques nécessitant des efforts pour consolider leur élan ; des régions à niveau moyen de développement, mais disposant d'un fort potentiel à exploiter ; et des régions peu développées mais qui peuvent tirer profit de leur proximité de grandes régions particulièrement saturées. Cette distinction se fait en fonction des dotations factorielles des régions, de leurs spécialisations sectorielles et de leur niveau d'équipement en infrastructures. Particulièrement, les infrastructures économiques constituent, de ce fait, un déterminant incontournable de l'attractivité des investissements nationaux et étrangers et ont, par conséquent, une forte influence sur la contribution des régions à la création de richesse et à l'emploi décent. A titre illustratif, poursuit la DEPF, l'établissement des plateformes intégrées autour des bassins miniers a créé une véritable dynamique industrielle dans les régions de Chaouia- Ouardigha et Doukkala-Abda, avec une croissance soutenue de leurs valeurs ajoutées industrielles qui se sont nettement accrues au détriment de celle du Grand Casablanca. Ces régions profitent ainsi de leur proximité géographique de Casablanca, qui se trouve actuellement en stade de saturation en raison, notamment, de l'épuisement de sa réserve foncière, pour devenir de véritables pôles industriels avec un tissu productif diversifié axé, notamment, sur les industries lourdes. De même, des opportunités ont été créées, notamment, dans des régions côtières stratégiques pour développer des industries orientées particulièrement vers l'export et permettant d'accélérer le processus d'insertion du Maroc dans les chaines de valeur mondiales. A titre d'exemple, la création des zones franches intégrées dans les régions de Tanger-Tétouan et de Gharb-Chrarda-Ben Hsen a substantiellement amélioré leur attractivité, en particulier, pour l'industrie automobile. En témoigne, l'installation du grand constructeur Renault à Tanger (près de 230.000 véhicules en 2015) et celui de Peugeot-Citroën qui ambitionne de produire 90.000 véhicules dans un premier temps avant d'atteindre 200.000 véhicules, à terme, et un taux d'intégration locale de 80%. L'intégration régionale par le secteur des services revêt, elle-aussi, une importance capitale dans la dynamique économique du Maroc, concrétisée à travers, notamment, des infrastructures dédiées aux activités tertiaires, mises en œuvre ou programmées, à savoir des zones dédiées à l'offshoring, des stations balnéaires, des zones logistiques implantées dans les différentes régions... Ces infrastructures, toujours selon la DEPF, constituent un facteur essentiel de l'intégration des différentes régions dans la dynamique économique globale que connaît le Maroc durant ces dernières années, notamment, celles du sud et pour lesquelles SM le Roi a précisé dans son discours Royal, à l'occasion du 40ème anniversaire de la Marche Verte, que « Le Maroc s'engage aujourd'hui à faire du Sahara marocain un centre d'échanges et un axe de communication avec les pays africains subsahariens et à mettre en place les infrastructures nécessaires à cet effet ». Du point de vue social, la DEPF estime que le développement régional est appelé à répondre à une logique consistant à favoriser l'accès des régions aux droits fondamentaux qui passe, inéluctablement, par leur dotation en infrastructures sociales, particulièrement dans les territoires qui souffrent d'un cumul de déficit en la matière (zones de montagne et rurales...). Enfin, la DEPF tient à signaler qu'au-delà du rôle incontestable des stratégies sectorielles mises en œuvre au profit de l'équipement des régions en infrastructures économiques et sociales dans le développement territorial, l'amélioration de la gouvernance locale et la prise en compte des besoins spécifiques des territoires en infrastructures ne pourrait qu'améliorer la pertinence et l'efficacité des investissements consentis ou programmés. Dans ce sens, la nouvelle gouvernance régionale en cours de déploiement devrait favoriser la nécessaire mise en cohérence entre les besoins spécifiques en infrastructures socio-économiques au niveau territorial et la vision nationale de développement du pays, indique la DEPF.