Officiellement, le Maroc a déjà été couronné du grand Prix du festival de Cannes à un moment où la Palme d'or n'existait pas encore, celle-ci n'étant attribuée pour la première fois qu'en 1955. Trois années plus tôt, le film "Othello" permit au Maroc de décrocher le grand prix grâce aux conditions dictées par le cinéaste Orson Welles qui exigea, avant toute participation, que son film soit présenté sous les couleurs marocaines. Ce geste symbolique envers le Maroc, où le film a été tourné, précisément à Mogador, Mazagan et Safi, geste qui déplaira aux autorités coloniales, n'est que la reconnaissance de la part du réalisateur aux efforts fournis par les artisans marocains de l'ancienne ville d'Essaouira, musulmans et juifs confondus, tisserands, tailleurs, menuisiers, plâtriers et chaudronniers à la tache, qui ont efficacement contribué à la confection du film depuis 1949. Le Prix de Cannes vient couronner non seulement la contribution marocaine mais également la ténacité d'un cinéaste de la facture d'Orson Welles décidé à produire une grande oeuvre d'art, ce qui fut fait. Il a fallu attendre une dizaine d'années avant que le Maroc revienne à Cannes cette fois-ci, non pas par le biais d'une oeuvre cinématographique, plutôt en la personne d'un écrivain de renommée notamment Ahmed Sefrioui, auteur déjà de best-sellers dont "La boite à merveilles"(1954), et phare de la littérature francophone. Sefrioui est tout naturellement désigné membre du jury et siégeait aux cotés d'illustres personnalités d'envergure internationale. Coté films, l'année 1978 s'annonçait relativement faste. Deux films marocains participaient aux sections parallèles telles que la Quinzaine des réalisateurs et celle de la Semaine de la critique. Les rares longs métrages marocains réalisés cette année vont trouver le chemin honorifique de Cannes. Il s'agit de "Brèche dans le mur" de Jilali Ferhati et "O! Les jours" (Alyam, alyam) d'Ahmed Maanouni, fraîchement réalisés peu de temps avant l'instauration du fonds d'aide à la production cinématographique nationale. Ferhati et Maanouni font partie de la génération de cinéastes marocains qui va ouvrir la voie de Cannes à la génération suivante, celle de Faouzi Bensaidi et Narjis Nejjarr, présents en 2003 à Cannes pour soutenir leurs films "Mills mois" et "Les yeux secs", participant respectivement aux sections parallèles Un certain regard et la Quinzaine des réalisateurs. C'est la consolation marocaine en attendant la compétition officielle.