Alors que Moscou et Washington ont imposé un «régime de calme» depuis 24 heures dans la ville d'Alep, les insurgés syriens ont lancé une offensive d'envergure pour s'emparer du village stratégique de Khan Touman, au sud d'Alep, après de violents combats qui ont fait des dizaines de morts, rapporte vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Les insurgés, parmi lesquels des combattants du Front al Nosra, la branche syrienne d'Al Qaïda, avaient lancé jeudi une grande offensive pour reprendre ce village tenu notamment par des miliciens chiites soutenus par l'Iran et situé près de l'autoroute reliant Alep à Damas. Plusieurs sources rebelles ont confirmé la prise de Khan Touman, qui a en revanche été démentie par une source de l'armée gouvernementale syrienne. Selon l'OSDH, les combats pour le contrôle du village ont fait au moins 73 morts, 43 dans les rangs des insurgés et 30 côté gouvernemental. «Les combats ont été extrêmement violents pendant la nuit (de jeudi à vendredi)», a déclaré Abou al Baraa al Hamaoui, un combattant du groupe rebelle Adjnad al Cham, qui participe à l'offensive. «Des secteurs du sud de Khan Touman ont été libérés», a-t-il dit à Reuters. Ces combats se déroulent alors que la Russie et les Etats-Unis ont imposé un «régime de calme» depuis 24 heures dans la ville d'Alep, à une quinzaine de kilomètres plus au nord, après deux semaines de bombardements quotidiens. Un combattant de l'Armée syrienne libre (ASL) à Alep, où le principal mouvement insurgé non islamiste est surtout présent, a déclaré à Reuters que les différents groupes réunis sous la bannière de l'ASL ne participaient pas à l'offensive à Khan Touman. Moscou bloque la déclaration de l'ONU sur Alep Sur le plan diplomatique, Le Royaume-Uni a vivement critiqué jeudi la Russie pour avoir bloqué une déclaration du Conseil de sécurité des Nations unies condamnant l'offensive militaire du régime syrien contre la ville d'Alep, soumise à d'intenses combats. La déclaration avait été présentée mercredi aux quinze membres du Conseil lors d'une réunion d'urgence consacrée à la situation à Alep, mais elle a été rejetée par l'ambassadeur russe Vitali Tchourkine estimant qu'il s'agissait d'un «coup de propagande». L'ambassadeur britannique Matthew Rycroft a dénoncé jeudi le refus russe qui «en dit long sur leur soutien et leur protection du régime (du président syrien Bachar al-) Assad». Les forces du président Assad ont lancé une attaque sur Alep le 22 avril avec pour objectif, ont-elles affirmé, de pourchasser les jihadistes. Mais les Occidentaux accusent le régime de Damas de cibler les civils, de frapper les hôpitaux et les marchés. «Il est vraiment grand temps que chaque membre du Conseil de sécurité utilise la moindre dose d'influence sur le régime Assad pour faire en sorte qu'il respecte la cessation des hostilités et toutes les autres obligations en vertu des droits humanitaires internationaux», a relevé l'ambassadeur britannique Rycroft. La déclaration envisagée visait à condamner le regain de violence à Alep et à en attribuer la responsabilité à l'offensive militaire du régime. Mounzer Mounzer, ambassadeur adjoint de la Syrie auprès des Nations unies, avait affirmé mercredi que «ce que le gouvernement syrien a fait dans la ville d'Alep est simplement de remplir ses obligations pour protéger ses citoyens du terrorisme». Une trêve de 48 heures est entrée en vigueur à 00H01 locale (22H01 GMT mercredi) dans la deuxième ville du pays. Le 27 février, une trêve globale était intervenue entre le régime et les rebelles, à l'exception des jihadistes, après des mois de combats avant d'être brisée huit semaines plus tard. La guerre en Syrie, qui a fait plus de 270.000 morts, a aussi poussé à la fuite plusieurs millions de personnes depuis son déclenchement en mars 2011, provoquant un désastre humanitaire qui a atteint les portes de l'Europe.