Bruxelles a accueilli, jeudi soir, avec satisfaction la décision du gouvernement marocain de renouer le contact avec les institutions européennes après quelques semaines de rupture due à une mésentente sur la gestion européenne du dossier relatif à l'accord agricole liant les deux parties, qui avait fait l'objet d'un procès inique au tribunal de l'UE. La suspension par Rabat des contacts avec l'UE avait suscité de vives réactions à Bruxelles. Députés européens, hauts responsables à la commission et au conseil avaient dès lors multiplié les déclarations sur la nécessité pour les deux parties de reprendre le cours normal des relations fondées de longue date et revigorer le partenariat multidimensionnel qui unit les deux parties. Le 4 mars, la Haute représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères Federica Mogherini s'est envolée vers Rabat pour des entretiens avec les responsables marocains qui se sont avérés par la suite porteurs de bons résultats. Jeudi 17 mars, le gouvernement marocain a annoncé la reprise des contacts avec l'Union européenne au regard des "développements positifs" suite à la visite au Maroc de Mme Mogherini qui a présenté à cette occasion 'les assurances et les garanties afin de parvenir à une solution à la crise engendrée par l'arrêt du tribunal européen''. La chef de la diplomatie européenne avait également fait part aux responsables marocains de la compréhension de l'UE quant à l'importance de la cause nationale pour l'ensemble des Marocains et sa disposition à collaborer en vue de parvenir à une solution à la question du Sahara. A Bruxelles on annonce une visite dans les tout prochains jours d'un haut responsable marocain censée remettre sur les rails l'agenda de la coopération bilatérale et réitérer la volonté de Rabat de consolider les relations maroco-européennes sur la base de la confiance, tout en veillant à la sécurité juridique des accords bilatéraux. Nouveau cadre de coopération bilatérale pour la période 2014-2017 Les deux partenaires doivent reprendre la mise en œuvre des mécanismes liés à la politique de voisinage, notamment le Plan d'action qui est un document d'orientation de coopération économique et politique s'articulant notamment autour du dialogue politique et stratégique de haut niveau, la coopération économique sectorielle et marché intérieur, les questions commerciales, douanières et agricoles, le transport, l'énergie et l'environnement, le développement social, la migration, la justice et la sécurité. Ils doivent également reprendre les négociations entamées en mars 2013 pour la conclusion d'un accord de libre échange (ALECA), qui devrait concrétiser l'intégration du Maroc dans le marché intérieur de l'UE, sans oublier la coopération en matière de mobilité et d'énergie et du climat dans la perspective de la tenue, en novembre prochain à Marrakech, de la 22ème conférence sur le climat COP 22. Au volet financier, l'UE devra entamer l'exécution des engagements souscrits au titre des mécanismes de financement des projets initiés au Maroc avec une collaboration européenne. A rappeler qu'en 2015, un accord de prêt et trois accords de dons ont été conclus pour le financement des programmes de réforme et des projets sectoriels, totalisant un montant d'engagements équivalent à 260 millions d'euros. Il convient de signaler que les engagements sous forme de prêt accordés par la BEI totalisent un montant de 75 millions d'euros, alors que les engagements sous forme de dons ont atteint un montant de 185 millions d'euros. Un nouveau cadre de coopération bilatérale (Cadre Unique d'Appui) avait été signé en 2014 pour la période 2014-2017 établissant les secteurs prioritaires et le budget indicatif (entre 728 millions et 890 millions d'euros) pour la coopération de l'UE avec le Royaume. Les trois secteurs concernés par cette enveloppe sont l'accès équitable aux services sociaux de base, soutien à la gouvernance démocratique, à l'Etat de droit et à la mobilité, l'Emploi, la croissance durable et inclusive le Soutien supplémentaire au plan d'action et à la société civile.