En 2014, la coopération financière entre le Maroc et l'Union européenne (UE) s'est élevée à 373 millions d'euros. Pour la période 2014-2017, il est prévu que cette enveloppe oscille entre 728 millions et 890 millions d'euros, soit une marge de 8 à 10 milliards de dirhams. Ces deux sommes, aussi importante l'une que l'autre, ont été présentées en détail, mercredi 4 février à Casablanca, par l'ambassadeur de l'UE Rupert Joy. A quoi sont-elles destinées ? L'Accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) revient en force dans le discours de l'ambassadeur de l'UE. Selon lui, l'année 2015 serait «une année où l'UE souhaite avancer dans les négociations de l'ALECA». En effet, après deux rounds de négociations, celles-ci ont été suspendues dans l'attente que le Maroc réalise une étude d'accompagnement des négociations. En plus du volet commercial, l'UE prévoit de mettre en œuvre le partenariat pour la mobilité dont le premier projet a été annoncé en juin dernier. Il consiste en un appui technique pour les politiques marocaines en matière de mobilisation des marocains résidant à l'étranger. Ce projet s'étale sur 3 ans et bénéficie d'un don de 5 millions d'euros. Début 2015 à Bruxelles, il a été question de conclure un accord qui faciliterait la délivrance de visas aux ressortissants marocains désirant se rendre en Europe, en vue d'assurer une mobilité plus fluide entre l'UE et le Maroc. «Le Maroc est le premier pays de la région avec qui l'UE conclut un tel accord. Il faut bien faire les choses. Notre politique consiste à faciliter la mobilité légale tout en rendant plus compliquée celle irrégulière», précise la même source. Quant au délai d'application de cette facilitation d'octroi de visas, il n'est toujours pas fixé. Rupert Joy l'estime à «quelques semaines». L'un des projets phares sur lesquels se penche la coopération UE-Maroc réside dans le domaine de la pêche. Le Royaume coopère avec l'UE dans ce sens depuis les années 60. Pour les années à venir, un nouveau protocole de pêche 2014-2018 a été conclu. «Il prévoit une contrepartie financière totale de 40 millions d'euros par an avec 16 millions d'euros pour l'accès par la flotte européenne à la ressource, 14 millions d'euros pour l'appui à la politique sectorielle (perçue par le Maroc à fin 2014, ndlr) et 10 millions d'euros de redevances perçues des armateurs européens», apprend-on auprès du représentant de l'UE. Ce dernier précise que le Maroc a plus d'avantages sur ce nouveau protocole, car sur les deux précédents la contrepartie ne dépassait pas les 36,1 millions d'euros. «Cet accord permet à l'UE d'accéder aux ressources non exploitées par la flotte marocaine, dont une partie sera économiquement valorisée au Maroc», a fait savoir Rupert Joy. Il est à noter que parallèlement à cela, l'UE fournit un appui substantiel à la stratégie Halieutis pour une valorisation optimale des ressources tout en préservant la durabilité. Sur le volet énergétique, l'UE a accompagné la stratégie sectorielle marocaine en appuyant les programmes Noor I, Noor II et entend soutenir le programme Noor III avec, respectivement, 30 millions d'euros, 40 millions d'euros et 50 millions d'euros. L'UE a également appuyé la construction des trois parcs éoliens de Tanger II, Midelt et Jbel Lahdid pour une puissance totale d'environ 450 MW.
Les 8 ou 10 milliards de dirhams que l'UE entend consacrer à son programme de coopération avec le Maroc touchent également le volet social. Depuis 2000, l'UE aurait soutenu à hauteur de 40 millions d'euros pas moins de 300 organisations et réseaux de la société civile au Maroc. Elle se penche actuellement sur 30 autres projets pour un montant de 16 millions d'euros. L'UE a également élargi cette politique en intégrant l'ensemble des acteurs du changement, notamment l'institutionnel que ce soit le parlement, le CNDH, la délégation interministérielle aux droits de l'homme ou autres. Il est à noter à côté de cela qu'une enveloppe de 70 millions d'euros sera attribuée, via une signature d'accord cette année, pour la réforme de la justice. En 2014, 90 millions d'euros ont été consacrés au programme d'appui de l'éducation et 50 millions d'euros à la couverture médicale. Dans ce même sens, 2015 sera marquée par un nouvel appui à la santé. Celui-ci est estimé à une valeur de 90 millions d'euros.