Les élections présidentielles sur le continent se suivent sans jamais se ressembler. Normal, rétorqueront des analystes et des politologues, puisque les contextes politiques diffèrent d'un pays à un autre surtout depuis l'avènement du multipartisme et, par ricochet, l'instauration de la démocratie en Afrique. Mais en 2015, un nouveau concept pour ne pas dire un nouveau vocable appelé « Coup K-O » est apparu en Afrique de l'Ouest. La philosophie et la doctrine de ce slogan consistent en la victoire d'un candidat dès le premier tour de l'élection présidentielle. On l'a vu en Guinée pour le second mandat du Pr Alpha Condé et aussi en Côte d'Ivoire pour Alassane Ouattara ou encore au Burkina Faso. Leur triomphe fut sans conteste. Dans la sous région, ces cas ont donné des idées à d'autres Présidents sortants ou des candidats considérés comme des « dauphins ». Mais la culture démocratique, et donc le comportant des électeurs, ne peut être une juxtaposition ni une comparaison car les mentalités évoluent. C'est ce que vient d'apprendre à ses dépens le Président sortant Mahamadou Issoufou du Niger, et candidat à sa propre succession. Après une campagne tambour battant, le chef de l'Etat n'a pas vu son rêve se réaliser comme le claironnaient aussi ses partisans et sympathisants et qui chantaient à qui veut l'entendre le « Coup K-O » Mais au lendemain du 21 février, l'évidence est là : il y aura bel et bien un second tour à la présidentielle au Niger, prévu pour le 20 mars, entre le sortant Mahamadou Issoufou et son challenger Hama Amadou, actuellement en prison. Une situation inédite car le second n'a pas pu battre campagne. Ce sont ses militants et hauts responsables du parti qui l'ont fait à sa place. Pis, durant des semaines, le président sortant Mahamadou Issoufou a martelé, tout au long de la campagne, qu'il gagnerait au premier tour. « Un coup K-O » selon l'expression consacrée. Cependant, s'il est vrai que la déception est grande dans le camp de Mahamadou Issoufou, puisque son leader devra affronter un candidat en prison, il est désormais établi que la démocratie nigérienne est bien consolidée et que désormais le bourrage des urnes n'a plus droit de cité dans ce pays. Mieux, dans une région tumultueuse, le Niger apparaît presque comme un havre de stabilité avec au nord le chaos libyen, à l'ouest, les jihadistes du nord Mali et, au sud, le Nigeria où Boko Haram sème le chaos. En un mot comme en mille mots, au-delà de la fin du « Coup K-O », c'est la démocratie qui a triomphé.