La Chambre criminelle près la Cour d'Appel de Rabat statue sur l'affaire de viandes périmées représentant un danger pour la santé publique dans laquelle sont poursuivis, outre le directeur financier et administratif d'une société spécialisée dans l'abattage et la commercialisation de volailles ainsi que dans la production de viande hachée mécaniquement, un vétérinaire et deux techniciens relevant de l'Office national de la sécurité sanitaire et des produits alimentaires. Il apparaît, cependant, au vu de l'évolution des investigations et des ramifications de ce dossier, qu'une autre affaire est entre les mains du juge d'instruction chargé des affaires de terrorisme près la même juridiction (annexe de Salé), et où ledit directeur financier et administratif est cité dans le cadre de l'enquête préliminaire et dont le dossier a été détaché de la première affaire, en compagnie des trois prévenus sus-cités, pour être confié au juge d'instruction près la 5ème Chambre, lequel a décidé de les renvoyer devant la Chambre chargée de connaître des crimes financiers pour corruption, recel et vente de produits alimentaires représentant un danger pour la santé publique, fraude, faux et usage de faux, complicité... Le second volet de ce dossier à rebondissements a trait à l'audition par les éléments du BCIJ (Bureau central des investigations judiciaires) de dix personnes, dont le directeur financier et administratif, et parmi lesquels six vendeurs ambulants et deux commerçants, selon des sources sécuritaires. Des milliers de volailles abattues par électrocution Les services anti-terroristes avaient été informés que des dizaines de personnes opérant à Larache, Salé et Tanger étaient impliquées dans des opérations de fraude et de vente de viandes de volailles dangereuses pour la santé des citoyens, ce qui a conduit à la mise au jour, par les services compétents, de dépôts dépourvus de conditions élémentaires de salubrité et d'hygiène auprès desquels des vendeurs ambulants s'approvisionnent en viande hachée de volaille impropre à la consommation et provenant d'une société spécialisée domiciliée à Larache et qui produisait, quasi quotidiennement, entre 7 et 8 tonnes de viandes après électrocution des animaux et qui conservait la viande hachée dans des conditions d'hygiène lamentables très propices à la putréfaction. Des viandes périmées fourguées à des établissements publics Ladite société aurait fourni de la viande de volailles à un supermarché de Larache et à un restaurant de Mohammédia ainsi qu'à des établissements publics à la faveur de contrats de sous-traitance au nom des fournisseurs habituels, tels des pénitenciers à Oued Laou, Asilah, Larache, Ksar El Kébir ou des établissements scolaires à Tanger, Asilah, Larache, Ksar El Kébir, Sidi Lyamani. La viande hachée était préparée à base d'abats et d'os de volailles puis vendue à des prix modiques variant entre 12 et 13 Dhs le kilo et, ensuite, revendue entre 20 et 30 Dhs le kilo. A l'origine de ce commerce peu ragoûtant, un homme qui a reconnu avoir débuté ses activités à Salé en 2004 en préparant, chez lui et sans aucune mesure d'hygiène, de la viande hachée en mélangeant ailes, abats de volailles et en y ajoutant de la graisse de bovins et des épices afin d'en atténuer l'odeur et d'en améliorer le goût. Et afin de développer davantage ce juteux « commerce », le prévenu a acquis deux camions et une maison dont le rez-de-chaussée a été aménagé en atelier de production et de stockage, aidé en cela par 4 ouvriers. La viande ainsi produite était ensuite vendue à des semi-grossistes à Tanger et Asilah ainsi qu'à des snacks et autres vendeurs ambulants, avant de commencer à fournir une garnison militaire à partir de 2006, ainsi qu'un club sportif, des hôtels et des établissements scolaires à Sal é et région. L'enquête a permis également d'établir que les vendeurs ambulants utilisaient des colorants chimiques pour « maquiller » la dégradation de la viande du fait des conditions de stockage et de manipulation.. Des vendeurs ambulants adeptes du courant salafiste radical La même enquête a révélé que trois des semi-grossistes établis à Tanger appartiennent au courant salafiste jihadiste, dont un avait déjà été poursuivi, en 2007, dans le cadre de la lutte anti-terroriste, et qui fournissaient à leur tour des vendeurs ambulants de cette ville. L'un des prévenus, se serait même rendu en Syrie, selon la même source sécuritaire, alors qu'un autre entretenait des liens étroits avec l'un des kamikazes mort lors des attentats de Casablanca, à savoir Abd El Fattah Ryadi, que les deux étaient en rapport avec le grossiste en question, et que les trois hommes se réunissaient dans un snack proposant des sandwichs pour discuter d'opérations terroristes en présence d'un autre prévenu... Les investigations policières ont ainsi établi que des personnes ont pu se rendre dans les zones de conflit en Syrie et en Irak tandis que d'autres aspiraient à y rejoindre les organisations, terroristes dont d'anciens détenus, dans le cadre de la lutte anti-terroriste ou qui ont pu rejoindre Daèch ou s'activent à financer les candidats désireux de rejoindre cette dernière tel le nommé Abou Mohammed El Maghribi. *(Traduction intégrale de l'article publié par notre confrère d'Al Alam)