Dans le domaine de l'information, les technologies numériques ont considérablement élargi les sources, réduit les coûts et créé des biens. Ce faisant, elles ont facilité la recherche, la comparaison et le partage des informations et contribué à renforcer les liens et la collaboration entre les agents économiques en influant sur la façon dont les entreprises fonctionnent, les individus cherchent des opportunités et les citoyens communiquent avec l'administration. Cette évolution ne se limite pas aux opérations économiques, mais elle agit aussi sur la participation des femmes à la vie active, la capacité des personnes handicapées à communiquer et la façon d'occuper le temps de loisir. En surmontant les obstacles à la circulation de l'information, en donnant plus de poids à certains facteurs et en transformant les produits, les technologies numériques peuvent rendre le développement plus inclusif, efficace et innovant. Le spotlight 1 du rapport complet examine plus généralement les liens entre ces trois mécanismes dans les publications économiques. Avant l'avènement de l'internet, certaines transactions étaient si coûteuses qu'elles n'avaient pas de marché. Deux types de transactions appartiennent à cette catégorie : i) lorsque deux parties à une transaction potentiellement rentable ne se connaissaient pas du tout et devaient consacrer des sommes exorbitantes à la recherche et l'information ; ii) lorsqu'une partie possédait beaucoup plus d'informations que l'autre. Dans les publications économiques, on parle d'asymétrie de l'information entre acheteurs et vendeurs et, faute de confiance et de transparence, beaucoup de transactions ne sont pas réalisées. En diminuant les coûts d'acquisition de l'information et en rendant un plus grand nombre d'informations disponibles en toute transparence, les technologies numériques ouvrent la voie à de nouvelles transactions. Prenons l'exemple d'un agriculteur pauvre qui n'a pas accès au crédit parce que les prêteurs n'ont aucun moyen d'évaluer sa solvabilité, ou d'une petite entreprise qui n'a pas les moyens de contacter un acheteur potentiel dans un autre pays et qui ignore si elle peut faire confiance à un nouveau partenaire commercial, ou d'un travailleur indépendant disposé à réaliser de petits travaux rémunérés, ou du propriétaire d'un logement qui souhaite louer une chambre vacante à des touristes, ou encore de populations isolées ou marginalisées qui ne bénéficient pas de services publics. Dans tous ces cas, à cause d'un déficit fondamental d'information, il est difficile de conclure une affaire ou de trouver la solution voulue. Les relevés de téléphones mobiles, le commerce électronique entre entreprises, l'économie axée sur le partage, les mécanismes de réputation en ligne et les systèmes d'identification numérique sont autant de moyens de surmonter ces obstacles à la circulation de l'information. S'ils présentent l'avantage de rendre le marché plus efficace, il semble que leur principal intérêt soit l'impact qui en résulte : développer l'activité commerciale, créer des emplois, accroître l'accès aux services publics et favoriser ainsi l'inclusion. C'est sans doute sur les transactions qui existaient avant son avènement, mais qu'il a rendues plus rapides, meilleur marché ou plus commodes, que l'internet a eu les retombées les plus importantes, de deux façons. Premièrement, la baisse spectaculaire du prix des technologies numériques a amené les entreprises et les administrations à remplacer les facteurs existants — travail et investissements hors TIC — par des investissements dans les TIC et à automatiser une partie de leurs activités. Les compagnies aériennes utilisent des systèmes de réservation en ligne pour remplir leurs avions. Les supermarchés remplacent les caissières par des caisses automatiques. Les industriels font appel à des systèmes de gestion des stocks et de la chaîne logistique en temps réel. Et les administrations investissent dans des systèmes de gestion de l'information et proposent des services en ligne pour effectuer un large éventail de tâches, allant de la délivrance de permis de conduire aux déclarations d'impôts. Deuxièmement, les technologies numériques donnent plus de poids aux facteurs qui ne sont pas remplacés et les rendent plus productifs. Elles aident les cadres à mieux superviser les ouvriers, les politiciens à contrôler les prestataires de services, et les travailleurs à mettre la technologie à profit pour devenir plus productifs, ce qui accroît le rendement du capital humain. En simplifiant les tâches et en augmentant la productivité des facteurs existants, l'internet peut considérablement améliorer la rentabilité des entreprises, des travailleurs et des administrations. Dans une situation poussée à l'extrême, on parvient à l'efficacité maximale lorsque les transactions sont réalisées automatiquement, sans intervention humaine, et que les coûts de transaction sont quasiment nuls. C'est le domaine de la « nouvelle économie », celui de plateformes de recherche ou de commerce électronique, de systèmes de paiement numérique, de livres électroniques, de musique en ligne et de médias sociaux. Les coûts fixes de la mise en place de ces plateformes sont sans doute élevés, mais le coût marginal de la réalisation d'une autre transaction ou de l'ajout d'un utilisateur est très faible. Ainsi, les rendements d'échelle augmentent, ce qui encourage de nouveaux modèles commerciaux et procure un avantage notable aux entreprises en ligne qui rivalisent avec des concurrents conventionnels. Le coût marginal nul attire de nouveaux vendeurs et de nouveaux acheteurs sur les plateformes de ces entreprises, et crée un effet de réseau vertueux grâce auquel l'avantage pour l'acheteur augmente à mesure qu'un plus grand nombre de vendeurs se joint au réseau, et vice-versa. Plus les vendeurs utilisent un site d'enchères, plus ce site attire d'enchérisseurs. De même, plus un moteur de recherche est sollicité, plus il apprend et devient efficace.