Compte tenu de la longue gestation et du temps interminable de la prise de décision dans un ministère qui ne peut se permettre ces retards préjudiciables au bon fonctionnement du secteur, certaines académies sombrent dans une paralysie déconcertante, l'attentisme moribond qui a tendance à perdurer remet en cause toute initiative de réforme et hypothèque la mise en œuvre de ce qui est convenu d'appeler les «mesures prioritaires». On attend les nominations des nouveaux directeurs des académies, on attend le résultat des mutations des anciens directeurs reconduits dans leurs fonctions en changeant de lieu de travail. On attend les nominations des nouveaux délégués. On attend les restructurations des services dans presque toutes les AREF (Académies Régionales de l'Education et de la Formation). Bref, on attend des changements pratiquement à tous les niveaux de gestion du département. Dans une administration aussi hiérarchisée comme celle des AREF, les implications de ces choix déterminent immédiatement les autres niveaux du management et, aux travers des nominations, c'est toute l'organisation qui pourrait changer. Cet attentisme et le retard pris par le ministère dans l'annonce des résultats des mutations et nominations a ouvert la voie à toutes les spéculations. D'ailleurs, le débat sur le mode de recrutement n'a jamais été aussi significatif, dès lors que celui-ci semble être motivé par d'autres considérations qui dépassent les compétences pures, selon des observateurs avisés. Le retard nourrit la suspicion et paralyse l'action contaminant ainsi toute l'organisation. Comment veut-on qu'un responsable provincial ou régional s'implique activement dans son travail alors qu'il attend une décision déterminante dans sa carrière ? On sait que certains directeurs d'académies seront démis de leurs fonctions. On sait qu'un mouvement quasi général est attendu au niveau des délégués. On est certain que des centaines de cadres des académies désagrégées par le nouveau découpage régional du Royaume subiront un redéploiement. Pourtant, rien n'est entrepris pour anticiper, préparer le changement. Des responsables qui scrutent chaque matin toute information pouvant donner un indice sur leur destinée. Des fonctionnaires désabusés par un attentisme moribond. Des spéculations sur les nouvelles nominations, voilà le quotidien de ces structures appelées à décliner et à mettre en œuvre les mesures prioritaires. Jamais la conjoncture éducative n'a été aussi morose qu'elle ne l'est aujourd'hui avec le cumul des problèmes non résolus : crise des CRMEF et grève des enseignants stagiaires, attentisme, problématique des statuts des langues d'enseignement, protestation des centrales syndicales, surcharge des classes, mauvaise gouvernance. Tout le monde navigue à vue faute de vision et surtout de décisions. Il est temps que M. Belmokhtar rende publics les résultats des nominations et affectations pour mettre fin à l'attentisme et permettre au secteur de retrouver une certaine sérénité pour parer aux défis qui l'attendent et contrecarrer toutes les spéculations qui commencent à porter préjudice à la légitimité même des modes de nomination.