20.000 enseignants-stagiaires se sont fait expliquer, à coups de matraques, jeudi dernier dans plusieurs villes du Royaume, le refus du gouvernement de prendre en considération leurs revendications, ce qui est également une manière de signifier à l'opinion publique nationale la conception que se fait l'Exécutif de la négociation. Quelles que soient la pertinence et la légitimité des contestations des enseignants- stagiaires, qui dénoncent le concours de recrutement dans le corps professoral que l'on veut imposer aux lauréats des Centres régionaux des métiers de l'éducation et de la formation (CRMEF) et la réduction des bourses qui leur sont allouées, plusieurs voix se sont élevées, à travers les réseaux sociaux, pour se poser la question sur ce qui justifie la bastonnade dont ont fait l'objet les manifestants. Les forces de l'ordre n'y sont pas allées de main morte avec les enseignants- stagiaires, comme on peut le voir sur les photos publiées avec cet article. Il y a eu un certain nombre de blessés, l'état de certains ayant même nécessité leur hospitalisation. La liberté de manifestation pacifique étant garantie par la nouvelle Constitution, rien ne justifie le recours à la répression violente pour disperser des citoyens qui battent le pavé pour réclamer ce qu'ils estiment être leur droit. Pire, les manifestants bastonnés sont, en partie du moins si ce n'est pas tous, de futurs enseignants, à qui les Marocains vont confier leurs progénitures pour les instruire et les éduquer. Moult études, séminaires, colloques, conférences ont été consacrés à la violence dans les établissements scolaires, que l'on cherche, à juste titre, à éliminer, et voilà que l'on applique exactement le même procédé, déclaré répréhensible, contre ceux à qui on demande de ne pas y avoir recours ! Les enseignants-stagiaires estiment qu'ayant déjà réussi leur concours d'accès aux CRMEF, ils n'ont pas à en passer un autre pour se faire recruter par le département de l'Education nationale. Ce à quoi répond ledit département par sa volonté de rehausser le niveau des enseignants, ce qui revient, entre parenthèses, à avouer que le concours d'accès aux CRMEF n'est pas probant. Mais est-ce une raison de frapper lesdits manifestants ? Le recours à la répression violente contre des manifestants pacifiques dévoile une incapacité à négocier de manière civilisée et/ou l'incapacité à développer un argumentaire logique convaincant. Pourtant, mardi dernier, à la Chambre des Représentants, autant les députés de la majorité que ceux de l'opposition ont été d'accord pour inviter le gouvernement à trouver une solution négociée avec les enseignants-stagiaires en grève. Les représentants du peuple se sont donc prononcés pour un mode de traitement spécifié du problème posé, que l'Exécutif a choisi sciemment d'ignorer. Bel exemple de démocratie. Le Maroc a changé, une nouvelle Constitution a été adoptée, le processus de démocratisation et le renforcement de l'Etat de droit bénéficie du soutien de l'ensemble de la population. Le droit d'exprimer des avis divergents et la liberté de manifester, légalement reconnus, sont considérés comme des acquis par les Marocains, qui entendent bien les défendre contre toute volonté obscurantiste de recul à ce sujet. On n'attend plus que des ONG droit-de-l'hommiste étrangères, dont certaines particulièrement hostiles au Royaume et à ses intérêts, exploitent ce genre de bévues pour s'acharner sur le pays, en le faisant passer pour un régime répressif devant l'opinion publique internationale. Les méthodes brutales d'un autre âge dans le traitement des affaires publiques, que les Marocains ne veulent plus voir ressusciter, sont, désormais, unanimement rejetées. Ce ne sont pas des crocodiles ou autres esprits malfaisants qui ont bastonné les enseignants-stagiaires qui manifestaient pacifiquement, c'est bel et bien le gouvernement, qui a voulu évacuer à la raclette des citoyens qu'il estime à « deux sous ».