La courbe d'évolution des cancers est, à l'échelle mondiale, selon les estimations des scientifiques, en hausse continue, les nombres de personnes atteintes devrait, ainsi, doubler entre 2000 et 2020 et quasiment tripler d'ici 2030. Le fléau est planétaire, aux dimensions variées et extrêmement complexes, et sa résolution ne saurait profiter de quelconques et vaines polémiques qui opposeraient chercheurs, laboratoires et lobbies divers. De nombreux établissements de recherches publics ou indépendants sont unanimes pour énoncer que chaque individu étant différent, il peut se trouver plus exposé et par conséquent, qu'un pourcentage non négligeable de cancers sont liés, à l'hérédité, au comportement ou à l'hygiène de vie : alcoolisme, tabagisme ou habitudes alimentaires, par exemple. « Tout est toxique, rien n'est toxique ; c'est la dose qui fait le toxique » (Paracelse, médecin du XVI° siècle). Cette formule résume, probablement, le nœud gordien de la dispute qui s'installe entre les tenants d'une démarche prônant l'évolution, qui s'appuierait essentiellement sur les progrès de l'industrie chimique pour soutenir la productivité agricole, et les partisans d'un retour aux produits naturels, communément désignés sous le vocable « bio ». Ainsi, selon la dose administrée, un même produit toxique peut entraîner différents effets. On parle, alors, de toxicité aiguë ou chronique, dans le cas d'une exposition à des doses faibles, mais de manière répétitive, pendant un temps plus ou moins long, qui provoque des troubles à apparition progressive. Certains auteurs scientifiques évoquent, enfin, une toxicité spéciale pour des substances induisant, à long terme, des effets sur la reproduction ou des cancers. La santé humaine et animale pourra se trouver affectée en fonction de la dose journalière admissible (DJA), qui s'exprime en mg/kg de poids corporel. Plus la dose augmente, plus l'effet pharmacologique est significatif. A l'inverse, et au-dessous de certains seuils, il n'y aurait plus d'effet biologique mesurable. Assurément, les consommateurs peuvent être exposés aux effets nuisibles des intrants chimiques utilisés dans l'agriculture, car de petites quantités (résidus) sont susceptibles de se retrouver sur les aliments récoltés. Ces quantités sont certainement règlementées et limitées (LMR), mais nombre de chercheurs partagent l'avis exprimé ci-après : « Ce sont de faibles doses, mais à répétition et pendant de longues périodes, qui vont avoir des conséquences à long terme comme le développement de cancers ou le dérèglement des systèmes endocrinien, neurologique, reproducteur, etc. » (Onil Samuel, toxicologue à l'Institut national de santé publique du Québec) Aux conséquences de l'accumulation d'un produit potentiellement toxique pour l'organisme s'ajoute celle de « l'effet cocktail », résultant de l'addition de plusieurs substances (ex. perturbateurs endocriniens) générateurs de malformations congénitales et autres cancers, particulièrement des organes uro-génitaux, d'autres pathologies plutôt graves semblent résulter de la proximité des produits phytosanitaires chimiques. « Des femmes enceintes qui vivaient près d'endroits où on épandait des pesticides étaient plus à risque de donner naissance à des enfants autistes », explique Maryse Bouchard, professeure à l'Université de Montréal. Cet état des lieux concerne tous les habitants de la planète et, en réponse, le Maroc met en œuvre plusieurs dispositifs pour parer à ces risques. Cela va de la réorganisation de l'Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) - Plan National de Prévention et de Contrôle du Cancer (PNPCC) aux efforts déployés par la Fondation Lalla Salma pour la Prévention et le Traitement des Cancers. A ce combat pour la préservation de la santé des citoyens, un groupement associatif actif dans le domaine agricole, appelé FP4S (Formation – Prévention – Santé – Sécurité – Services – Solutions), souhaite apporter sa contribution. Une solution de sécurité sanitaire est disponible au Maroc : l'irrigation localisée souterraine. Ce système d'irrigation efficace, économique et pérenne, qui convient pour tous les types de cultures, arboricole ou maraîchères, permet de réduire, voire d'éliminer les « mauvaises » herbes (adventices), les maladies fongiques et cryptogamiques, les insectes et autres ravageurs, ce qui aura pour effet d'éliminer l'utilisation des herbicides chimiques de type glyphosate, aux effets cancérogènes, et des insecticides, tels les néocotinoïdes, réputés destructeurs des abeilles et mis en cause par des pour des altérations du cerveau humain. Outre la réduction des produits phytosanitaires, qui ont également l'inconvénient de participer à la contamination des sols et de la nappe phréatique, ce nouveau système permet d'envisager la réduction de 50 % des engrais type NPK, en raison de l'apport direct des nutriments au champ racinaire, et ainsi de limiter encore les inconvénients d'un éventuel surdosage. A la légitime question de l'incidence de la mise en œuvre de la solution de l'irrigation localisée souterraine sur la productivité, les expérimentations en cours attestent que, non seulement le procédé permet une réelle économie de l'eau et de l'énergie, mais il a encore vocation à améliorer la production en quantité et, compte tenu de ce qui précède, en qualité sanitaire.