L'artiste plasticien Abderrahmane Rahoule expose du 12 décembre courant au 05 janvier prochain, ses récentes œuvres à la Galerie Almazar à Marrakech. Le public et les amateurs d'art auront ainsi l'occasion de découvrir une trentaine de tableaux de peinture de différents formats, une quinzaine de sculptures et un travail sur céramique qui n'en est pas moins intéressant. « Cette exposition, dit l›artiste, fait partie d›un long parcours jalonné d›expériences et qui a duré une quinzaine d›années, je la donne donc pour clore une étape, laquelle a donné à mon avis tous ses fruits sur le plan de l›esthétique et aussi, mais passablement, sur le plan technique ». « La recherche que j›ai entamé rompt en quelque sorte avec cet imaginaire trop explicite qui fait référence à la vieille médina et consiste dans des compositions suffisamment matiéristes », a-t-il ajouté. Plasticien et sculpteur au long parcours, Rahoule s'est distingué, côté peinture, par une iconographie semi-abstraite, avec le thème de l'architecture traditionnel comme source principale ; côté sculpture, avec un moulage tout en courbes et contre-courbes rappelant des silhouettes humaines. Sur son travail, le critique Mostafa Chebbak a écrit à juste titre : « Rahoule opère par fragmentation et juxtaposition, construction et étagement. Le référent « cubiste », comme on l'a souvent souligné, est certes patent, mais sans excès de « géométrisme ».Cônes, rectangles, sphères sont harmonieusement articulés. Si les formes sont réduites à leur expression minimale, la couleur, elle- toujours vive et chaude-nimbe la toile d'un expressionisme qui capte et égaye le regard. Rien de narratif pourtant dans cette peinture .Elle ne cherche ni à conserver, ni à illustrer. Elle n'obéit à aucune rhétorique doctrinaire non plus. Ainsi a-t-elle pu, avec un rare bonheur, esquiver les apories du pittoresque. Il ya bien sûr, des tranches du vécu dans cette peinture qui réfère, de part en part, à Derb Soltane, l'inoubliable quartier d'enfance où le peintre a grandi, joué, aimé. Mais, il ya aussi une part de rêve, quelque chose d'inactuel, d'intempestif au sens nietzschéen, qui cherche à reconstruire, par le geste pictural, un lieu utopique où se réaliserait enfin la fusion harmonieuse entre l'atropos et le topo (l'habitant et le bâti). N'étaient cependant les rares confessions, distillées goutte à goutte par l'artiste lui même, jamais personne n'aurait pensé à Derb Soltane tellement cette peinture joue subtilement sur une fine et savante oscillation entre le visible et le lisible, le figuratif et l'abstrait .Elle est entièrement centrée sur la volonté de dégager des rapports purement plastiques. Derb Soltane devient dés lors une construction paradigmatique du lieu médinal, puisque tout dans ce lieu (maisons, sites, mosquées, artères...) est ramené à un schéma géométrique, avec toutefois ce souci d'articuler l'ensemble en densité de rythmes et d'échanges qui laisse transparaître la mesure humaine des lieux habités... Né en 1944 à Casablanca, Abderrahmane Rahoule a commencé sa formation artistique en 1962. En 1967 il suit un stage de céramique à Delft, en Hollande et de faïence en Tchécoslovaquie. Il revient à Casablanca pour être assistant dans l'atelier de céramique de l'École des beaux-arts. Il repart un an plus tard à Paris pour compléter sa formation et s'inscrit à l'École des arts et métiers. Professeur à l'École des beaux-arts de Casablanca, il en assure la direction depuis 2003. Il vit et travaille à Casablanca. Il est membre fondateur du syndicat des artistes plasticiens. Il est également membre de bureau de la Coalition nationale des arts plastiques et de l'Association internationale des arts plastiques de l'UNESCO au même titre que le fondateur de la galerie d'art Akwas, située à Azemmour.