Du 12 mars au 8 avril 2013, la galerie Baba Rouah accueillera l'artiste peintre et directeur de l'Ecole supérieure des Beaux-arts de Casablanca Abderrahman Rahoule, qui présentera un ensemble substantiel de ses œuvres (35 toiles de différents formats et 20 sculptures en bronze et terre cuite patinée), sous le thème « Hommage à deux grandes dames de l'art : Leïla Fraoui et Pauline de Mazières », la première fondatrice de la galerie Nadar à Casablanca en1974, la deuxième de celle de l'Atelier à Rabat. S'expliquant sur la nature de cet hommage, Rahoule dit : « Je tiens à exprimer ma reconnaissance à l'égard de deux grandes dames qui ont manifesté leur confiance aux artistes marocains et une authentique passion pour l'art contemporain marocain depuis les années soixante dix. Il s'agit de Mesdames Leila Faraoui et Pauline de Mazières grâce à qui de nombreux artistes de différentes régions du Maroc ont été révélés. Leurs deux galeries (Nadar et l'Atelier) ont motivé les rares collectionneurs de l'époque pour qu'ils s'intéressent à l'art contemporain marocain. Puis au fil des années, la fréquentation de Nadar et de l'Atelier a provoqué un engouement chez de nombreux amateurs d'art. Sans oublier que les architectes Abdeslam Faraoui et Patrice de Mazières ont été des pionniers qui s'étaient engagés dès les années soixante dix à intégrer des œuvres plastiques dans leurs projets de construction. Je dédie donc cette exposition à Mesdames Leila Faraoui et Pauline de Mazières. » Plasticien et sculpteur au long parcours, Abderrahman Rahoule s'est distingué, côté peinture, par une iconographie semi-abstraite, avec le thème de l'architecture traditionnel comme source principale ; côté sculpture, avec un moulage tout en courbes et contre-courbes rappelant des silhouettes humaines. Sur son travail, le critique Mostafa Chebbak a écrit à juste titre : « Rahoule opère par fragmentation et juxtaposition, construction et étagement. Le référent « cubiste », comme on l'a souvent souligné, est certes patent, mais sans excès de « géométrisme ».Cônes, rectangles, sphères sont harmonieusement articulés. Si les formes sont réduites à leur expression minimale, la couleur, elle- toujours vive et chaude-nimbe la toile d'un expressionisme qui capte et égaye le regard. Rien de narratif pourtant dans cette peinture .Elle ne cherche ni à conserver, ni à illustrer. Elle n'obéit à aucune rhétorique doctrinaire non plus. Ainsi a-t-elle pu, avec un rare bonheur, esquiver les apories du pittoresque. Il ya bien sûr, des tranches du vécu dans cette peinture qui réfère, de part en part, à Derb Soltane, l'inoubliable quartier d'enfance où le peintre a grandi, joué, aimé. Mais, il ya aussi une part de rêve, quelque chose d'inactuel, d'intempestif au sens nietzschéen, qui cherche à reconstruire, par le geste pictural, un lieu utopique où se réaliserait enfin la fusion harmonieuse entre l'atropos et le topo (l'habitant et le bâti). N'étaient cependant les rares confessions, distillées goutte à goutte par l'artiste lui même, jamais personne n'aurait pensé à Derb Soltane tellement cette peinture joue subtilement sur une fine et savante oscillation entre le visible et le lisible, le figuratif et l'abstrait .Elle est entièrement centrée sur la volonté de dégager des rapports purement plastiques. Derb Soltane devient dés lors une construction paradigmatique du lieu médinal, puisque tout dans ce lieu (maisons, sites, mosquées, artères...) est ramené à un schéma géométrique, avec toutefois ce souci d'articuler l'ensemble en densité de rythmes et d'échanges qui laisse transparaître la mesure humaine des lieux habités... Un tel hommage, par son originalité et vu sa dimension morale, affirme à quel point peut être décisif l'apport d'une bonne galerie d'art dans la promotion des artistes. Rahoule a bien raison d'y avoir pensé. (Pour tout contact, appeler le 0522200536 (Ecole des Beaux-arts)