Le Délégué Général de l'Administration Pénitentiaire et de la Réinsertion, Mohamed Salah Tamek, a appelé, lundi à Rabat, à œuvrer à concrétiser l'équilibre escompté entre l'impératif du respect des dispositions juridiques relatives à l'organisation et au fonctionnement des établissements pénitentiaires, notamment en ce qui concerne le traitement des détenus, et la nécessité de respecter les droits des détenus et de préserver leur dignité. Les peines privatives de liberté ne doivent pas être une raison pour priver les détenus de leurs droits fondamentaux et porter atteinte à leur dignité, a souligné M. Tamek lors de l'ouverture d'un atelier sur "l'approche basée sur les droits de l'homme en matière d'administration pénitentiaire : critères et défis" qu'organisent, sur deux jours, la Délégation générale, l'Organisation mondiale de la réforme pénale, l'Observatoire marocain des prisons et l'Ambassade du Royaume-Uni à Rabat. M. Tamek a appelé à accorder le même intérêt à l'approche adoptée à ce niveau, loin de toute improvisation et tout en prenant en compte les spécificités socio-psychologiques et pénales des détenus dont le traitement doit être fondé sur une approche scientifique et de droits de l'homme. Il incombe aux directeurs des établissements pénitentiaires de s'attacher aux principes et à la culture des droits de l'homme et de veiller à leur respect, y compris en termes de gestion des relations entre le personnel pénitentiaire et les détenus, a souligné M. Tamek, tout en invitant les acteurs concernés à éviter toute lecture erronée des lois et règlements. La délégation générale, a-t-il assuré, s'inscrit sérieusement dans le processus positif et remarquable engagé par le Maroc dans le domaine de protection des droits de l'homme et des mécanismes fondamentaux y afférents, notant à cet égard que la priorité d'adopter les droits de l'homme en tant que référence constitue un choix inéluctable dans la mise en œuvre des lois portant sur l'application de la peine d'emprisonnement. Autocritique positive de la situation des prisons Le président de l'Observatoire marocain des prisons, Abderrahim Jamai, a salué "l'autocritique positive de la situation des prisons" initiée par la délégation générale, ce qui n'est pas une tâche facile. La volonté affichée par la délégation à ce propos est désormais claire, comme en témoigne la succession des rencontres avec les partenaires et l'examen des différentes problématiques "épineuses" liées au domaine pénitentiaire, a ajouté M. Jamai, considérant que la justice et les droits de l'homme se fondent sur une base solide incarnée par la bonne application de la loi, et excluant toute division des droits et sélectivité. Le coordonnateur général de la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus, Azzedine Belmahi, a étalé les problématiques auxquelles font face certains établissements pénitentiaires, dont la question du respect des droits des détenus, l'enveloppe budgétaire "insuffisante" allouée à la délégation générale ou encore le phénomène du surpeuplement. A cet égard, il a appelé à une révision du code pénal et du code de la procédure pénale, et à oeuvrer pour faire en sorte que les prisons soient un espace favorable à une vie humaine, garantissant la jouissance des droits. Les participants à cet ateliers se penchent sur des axes portant sur "le système juridique des prisons", "les catégories visées au sein des prisons", "les pressions psychologiques dont pâtissent les détenus et le personnel pénitentiaire", "l'approche basée sur les droits de l'homme dans l'administration pénitentiaire" et "les détenus dangereux : les mécanismes de traitement".