M. Poutine n'a pas exclu des frappes russes, mais a en revanche écarté l'envoi de troupes de combat au sol pour lutter contre les jihadistes ultra-radicaux du groupe Etat islamique (EI), mettant plutôt en avant sa volonté "d'aider davantage l'armée syrienne". Preuve des tensions persistantes avec les Occidentaux, le chef du Kremlin n'a pas résisté à la tentation de tacler Barack Obama etFrançois Hollande: "J'ai le plus grand respect pour mes homologues américain et français mais ils ne sont pas des ressortissants syriens et ne doivent donc pas être impliqués dans le choix des dirigeants d'un autre pays". Cette première rencontre officielle entre MM. Obama et Poutine depuis plus de deux ans a été consacrée pour moitié à la Syrie et pour moitié à la crise dans l'Est de l'Ukraine. En écho aux propos du président russe, un responsable américain a décrit une "volonté partagée" de trouver des réponses face à la guerre en Syrie qui a provoqué une crise migratoire sans précédent. Mais constaté un réel désaccord sur l'issue d'un éventuel processus de transition politique. Selon la même source, les deux hommes ont souligné la nécessité de communiquer au niveau militaire pour éviter d'éventuels conflits entre eux dans la région. Quelques heures plus tôt, ils avaient affiché leurs désaccords au grand jour à la tribune de l'ONU, s'accusant mutuellement d'avoir contribué aux tensions dans la région. Obama veut tourner « la page Assad » Dans un discours centré sur la force de la diplomatie, exemples de l'Iran et de Cuba à l'appui, M. Obama a clairement indiqué qu'il fallait se préparer à tourner la page Assad: "Après tant de sang versé et de carnages, il ne peut y avoir un retour au statu quo d'avant la guerre". Et dans une référence claire à Moscou, il a dénoncé la logique consistant à soutenir un "tyran" qui massacre des enfants innocents" sous prétexte que l'alternative "serait pire". Pour M. Poutine, à l'inverse, le dirigeant syrien représente un gouvernement légitime avec lequel refuser de coopérer serait une "énorme erreur". Face aux jihadistes de l'EI, M. Poutine a appelé à la tribune à une "large coalition antiterroriste", semblable à "celle contre Hitler" au cours de la Seconde guerre mondiale. "Nous devons reconnaître que personne d'autre que les forces armées du président (syrien) ne combat réellement l'Etat islamique", a lancé le chef du Kremlin qui faisait son grand retour à l'Assemblée générale de l'ONU après dix ans d'absence. La Russie a proposé lundi au Conseil de sécurité une résolution soutenant une coalition politique et militaire. Celle-ci devrait inclure également l'Iran et le régime syrien, a précisé devant des journalistes l'ambassadeur russe aux Nations unies, Vitali Tchourkine. Prise de court par l'offensive diplomatique russe, la Maison Blanche affirme qu'il serait irresponsable de ne pas tenter la carte du dialogue avec Vladimir Poutine. M. Hollande, qui a annoncé dimanche la première frappe de la France contre l'EI en Syrie, a lui aussi réaffirmé lundi, sans avancer de date, que la transition en Syrie passait par le départ du président syrien. "On ne peut pas faire travailler ensemble les victimes et le bourreau", a-t-il lancé. "Assad est à l'origine du problème et il ne peut pas faire partie de la solution". Washington ainsi qu'une soixantaine de pays européens et arabes sunnites pilotent depuis un an une coalition militaire qui frappe des bastions de l'EI en Syrie et en Irak. Mais toutes ces opérations militaires n'ont pas empêché l'organisation jihadiste de consolider ses positions, ni ruiné son pouvoir d'attraction. Lors d'une rencontre en marge de l'assemblée générale, M. Poutine et le président iranien Hassan Rohani ont affiché leur bonne entente, en particulier sur le Moyen-Orient. "Les relations entre l'Iran et la Russie se sont améliorées et renforcées au cours des deux dernières années", a souligné M. Rohani, dont c'était la première intervention à l'ONU depuis la conclusion d'un accord sur le programme nucléaire de Téhéran.