Avec « l'inflation » qui sévit d'année en année au niveau des moyennes du bac, un « gonflement » extraordinaire débouche vers des 18 et des 19, toutes sections confondues du baccalauréat, on se demande si on a engendré des Einstein, des Ibn Sina, Khawarizmi ou des Ibn Rochd. Et le comble, c'est que les élèves qui obtiennent ces notes, faute d'avoir réussi leurs concours, se retrouvent inscrits dans des cursus pareils à ceux qui obtiennent un 10 comme moyenne au bac. Que penser alors de ces moyennes ? De la crédibilité du bac ? De nos jeunes coincés dans un système scolaire pris au dépourvu, qui a pensé réagir à cette décadence et relever les statistiques des résultats du bac mais qui, en fin de compte, n'a fait que s'engouffrer davantage. Car, en fin de compte, les écoles haut de gamme telles que l'ENCG, l'ENA, l'ENSA, Centre CPGE Moulay Youssef ou autres, au Maroc, ainsi que les filières les plus intéressantes des Facultés ont suivi les tendances en hausse des moyennes et choisi d'augmenter aussi les seuils de présélection aux concours, sinon de changer leur calcul de présélection. Ce qui fait que, tout d'abord, des moyennes de moins de 14 et 15 sont pareils à des 10, et l'on se retrouve avec des bacheliers qui ont des moyennes de 18 et 17, censés être des candidats brillants ou des génies, et c'est la chute libre. Les seuils de présélection pour le passage des concours des grandes écoles marocaines cette année 2015 sont : Pour l'ENA (architecture) : 15,75 ; Médecine :15,60 ; Médecine dentaire : 16,65 ; Pharmacie :17,35. Pour ce qui est de l'ENSA, pour les titulaires du Bac Sciences mathématique A et B : 13.00, Bac Sciences physique chimie / Sciences de la vie et de la terre : 15.90, Bac Sciences et Technologie : 16.50. De même pour l'ENCG : Bac Sciences économiques/Sciences de la gestion comptable : 13.80, Bac Sciences mathématique : 14.00, Bac Sciences physique chimie / sciences de la vie et de la terre : 15.90, ainsi que l'ENSAM : Bac Sciences mathématique A et B et Techno : 14.50, Bac Sciences physique chimie / sciences de la vie et de la terre : 16.80. Et il parait que cette année, pour certaines filières des classes préparatoires, les seuils ont diminué alors qu'ils sont à la hausse pour les filières médicale et pharmaceutique. Où va-t-on caser tout ce beau monde ? Sachant que les lauréats des missions françaises et espagnoles ne sont pas logés à la même enseigne, on leur demande des moyennes plus basses. D'année en année, on pense avoir agi pour le bien des élèves et l'on ne fait que s'engouffrer davantage. Comme dit le dicton, le mariage d'une nuit a besoin de la préparation de toute une année (zwaj lila tadbirou 3am). Or, ce qui parait évident, c'est qu'en matière d'enseignement scolaire, on a besoin d'au moins une décennie pour revaloriser le système éducatif. Le hic, c'est que l'on manque de médecins, d'ingénieurs, de dentistes... et que les Marocains, qui en ont les possibilités, envoient leurs enfants étudier à l'étranger pour leur assurer un avenir meilleur. Eh oui, on ne pense jamais aux classes moyenne et inférieure, qui restent dépendantes du bon vouloir des acteurs politiques et des aléas de l'actualité (fuites, tricheries...).